Des soldats russes auraient assassiné une famille ukrainienne, dont deux enfants, dans l'est de l'Ukraine. C'est ce que rapporte l'Institute for the Study of War (ISW) américain en se basant sur les informations du médiateur ukrainien pour les droits de l'homme, Dmytro Lubinets. Selon ce dernier, neuf personnes ont été retrouvées mortes, les enfants tués étaient âgés de cinq et neuf ans. La chaîne américaine CNN a annoncé que la famille avait été abattue à son domicile à Volnovakha, dans la région de Donetsk occupée par les Russes.
Selon le parquet ukrainien, des hommes armés et en uniforme militaire auraient demandé, au début du mois, à la famille d'évacuer la maison pour y loger une unité de l'armée russe. La famille a refusé.
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Le 27 octobre, des soldats russes auraient abattu la famille qui s'était réunie pour une fête d'anniversaire. Les meurtriers auraient attendu que la famille dorme et agi pendant leur sommeil, a rapporté CNN.
D'après l'ISW, les preuves médico-légales indiquent que l'attaque avait probablement été perpétrée par des militaires bien préparés et bien équipés. Les auteurs auraient utilisé des caméras thermiques ainsi que des armes automatiques avec silencieux, rapportent des blogueurs de guerre russes sur X (ex-Twitter) et Telegram.
1/ Details of the execution-style killings of an entire Ukrainian family of nine people point to Russian soldiers being the culprits. Two or three men are suspected of having carried out the massacre in the occupied town of Volnovakha, Donetsk region. ⬇️ pic.twitter.com/u0e4y1YXby
— ChrisO_wiki (@ChrisO_wiki) October 30, 2023
Les blogueurs de guerre estiment que les victimes étaient âgées de 5 à 53 ans. La maison aurait ensuite été inondée pour effacer les traces. L'affaire fait l'objet d'une enquête tant du côté ukrainien que russe.
Selon ISW, le médiateur ukrainien, Dmytro Lubinets soupçonne des unités tchétchènes d'être derrière les meurtres. La famille aurait refusé de mettre sa maison à la disposition de ces troupes. Cette affirmation est contredite par les enquêteurs russes qui ont fait savoir que deux suspects avaient été arrêtés. Il s'agirait de soldats sous contrat et venus d'Extrême-Orient.
S'il s'avère que les meurtres de civils ont été commis par des représentants d'une puissance occupante, ils constituent une violation de plusieurs normes juridiques internationales et atteignent «très probablement» le niveau d'un crime de guerre ou d'un crime contre l'humanité, selon ISW. La Russie ne cesse de nier que ses forces armées commettent de telles exactions en Ukraine, même lorsqu'il existe des preuves du contraire.
C'est une question très importante, et vous allez voir pourquoi. Après l'annonce des meurtres, les spéculations sur les motifs et le contexte de l'acte ont démarré et une nouvelle bataille de la propagande s'est lancée. Des blogueurs russes ont accusé leurs homologues ukrainiens d'avoir affirmé qu'il s'agissait de soldats des forces de Kadyrov pour semer le trouble.
Selon l'ISW, les Ukrainiens essaient avec leurs affirmations – qu'elles soient vérifiées ou non – de provoquer des tensions ethniques. En effet, le chef tchétchène – et musulman – Ramzan Kadyrov entretient sa propre armée d'élite, protégée par le Kremlin. Que ses soldats aient perpétré des atrocités dans une zone sous contrôle russe contre des chrétiens pourrait poser des problèmes.
Les blogueurs russes ont affirmé qu'aucun combattant tchétchène n'était présent dans cette région. Mais il n'est pas possible de vérifier ces informations.
Ces accusations et démentis racontent une autre histoire que la mort sordide de cette famille. Elle évoque donc les tensions interethniques en Russie. Parmi les blogueurs de guerre russes, l'inquiétude est grande de les voir s'accroître encore en Russie.
Selon l'ISW, les propagandistes russes détournent donc délibérément l'attention des atrocités commises et montrent du doigt les reporters ukrainiens. Ces derniers, selon eux, feraient, en effet, le lien entre les événements récents au Daguestan où une foule de jeunes musulmans ont tenté de lyncher des juifs dans un aéroport et cette famille tuée.
Le maître du Kremlin, Vladimir Poutine, qui règne sur un empire multiconfessionnel, a réagit. Il en a profité pour diffamer l'Occident à tous les niveaux: les événements du Daghestan ont été inspirés notamment par le territoire ukrainien, «par les services secrets occidentaux», a affirmé Poutine. Il n'a encore fourni aucune preuve. (avec t-online)
Traduit et adapté par Noëline Flippe