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Guerre contre l'Ukraine

Les «soldats esclaves» nord-coréen de Poutine se confient

Les informations sud-coréennes ont montré des soldats nord-coréens capturés en Ukraine.
Les infos retransmettent les visages des soldats nord-coréens.Image: Getty

Les «soldats esclaves» de Poutine commencent à parler

Dans la guerre en Ukraine, 300 soldats nord-coréens sont morts et quelques-uns ont été capturés. On découvre peu à peu dans quelles conditions ils effectuent leur service militaire en Ukraine. Ils ne semblent pas être bien informés.
17.01.2025, 05:3417.01.2025, 10:55
Felix Lill, Tokyo / ch media
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Le soldat nord-coréen que les militaires ukrainiens venaient de capturer ne semblait pas avoir la moindre idée de ce qui se passait. Blessé lors d'un combat, il a ensuite été capturé avec un autre camarade blessé. Il n'aurait même pas réalisé qu'il combattait en Ukraine.

Du moins, c'est ce que dit le jeune homme aux mains bandées dans une vidéo postée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il ne voudrait plus retourner dans son pays.

Cette vidéo de soldats nord-coréens diffusée par Zelensky peut choquer

Vidéo: watson

Dans cette guerre, côté russe, il ne fait désormais plus aucun doute que le personnel nord-coréen envoyé dans la zone de guerre en 2024 comporte, du moins en partie, des soldats. Le gouvernement nord-coréen – qui fournit également depuis longtemps des armes et des accessoires à la Russie – a envoyé entre 11 000 et 12 000 personnes en Russie. Beaucoup d'entre eux ignorent manifestement tout de leur travail.

Selon les services de renseignement de la Corée du Sud – qui est formellement en état de guerre avec la Corée du Nord depuis la guerre de Corée et la signature de l'armistice de 1953 – 300 soldats nord-coréens auraient déjà perdu la vie et 2700 auraient été blessés. Ce week-end, on a appris que, pour la première fois, deux soldats auraient été capturés par l'armée ukrainienne.

Le service militaire comme expiation

Sur la base d'interrogatoires, d'objets trouvés et d'autres indices, une image se dessine peu à peu quant à l'identité des Nord-Coréens et à la manière dont ils sont arrivés sur le front d'une guerre qui se déroule à des milliers de kilomètres de chez eux. Dans le carnet d'un soldat décédé, on voit par exemple un dessin qui décrit l'abattage des drones, avec la remarque suivante:

«Si l'appât reste immobile, le drone s'arrête et se fait abattre»
Des écrits dans un carnet d'un soldat nord-coréen.

L'«appât» pour arrêter le drone sont apparemment des soldats comme lui et ses camarades.

La Corée du Nord encourage probablement aussi ses soldats à se suicider s'ils se trouvent dans une situation désespérée plutôt qu'être capturés par l'ennemi. Des notes ont par ailleurs montré que les combattants nord-coréens étaient en partie des prisonniers. Ils y parlent de «péchés» et de «trahison» de l'amour du Parti, qu'il faut désormais expier sur le front. Dans l'Etat à parti unique qu'est la Corée du Nord, cela semble être de grands délits.

La Corée du Nord aurait apparemment dit à ses soldats qu'ils participaient à un «exercice militaire». En Russie, ils auraient ensuite reçu de fausses cartes d'identité les faisant passer pour des citoyens russes.

«Exercice militaire» est à nouveau une expression courante en Corée du Nord, explique Vladimir Tikhonov, professeur d'études coréennes à l'université d'Oslo et spécialiste de la Corée du Nord. Jusque dans les années 1990, les soldats nord-coréens effectuaient régulièrement des missions de reconnaissance pour espionner la Corée du Sud. «Là aussi, on utilisait toujours le terme "exercice spécial"», poursuit Tikhonov.

Mais dans le cas de l'Ukraine, les Nord-Coréens n'ont manifestement pas compris la portée de cette expression, poursuit Tikhonov. En revanche, les services secrets sud-coréens indiquent que ce message serait en train d'arriver en Corée du Nord. On parlerait désormais en Corée du Nord de «soldats esclaves».

Cela ne poserait aucun problème au régime de Kim Jong un, tant que l'Etat en profite. Tant que l'argent afflue, que les technologies sont transférées et que les militaires acquièrent de l'expérience dans la conduite de la guerre moderne, tout va bien, selon Tikhonov. Du point de vue de Pyongyang, l'engagement dans la guerre en Ukraine est effectivement considéré comme une mission d'entraînement dans l'éventualité d'un nouveau déclenchement de la guerre avec la Corée du Sud. «Cette expérience et les nouveaux équipements en provenance de Russie renforceront plutôt la Corée du Nord».

Trump et Kim vont-ils bientôt se rencontrer?

Entre-temps, les services de renseignement sud-coréens estiment que Donald Trump, qui entamera son deuxième mandat de président américain le 20 janvier, cherchera prochainement à échanger avec le dictateur nord-coréen Kim Jong un. Lors de son premier mandat, de 2017 à 2021, Trump avait déjà rencontré Kim et tenté d'obtenir un accord sur la dénucléarisation de la Corée du Nord, mais il avait échoué.

A l'époque, la Corée du Nord était encore plus isolée sur la scène internationale qu'aujourd'hui. La volonté de Kim Jong un d'entamer de nouveaux pourparlers avec Trump devrait donc dépendre en grande partie de l'évolution de son «exercice militaire» en Ukraine.

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci.

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