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Guerre contre l'Ukraine

Le réveil brutal des français face aux tensions mondiales

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Les président français Emmanuel Macron.Keystone

Le réveil brutal des Français face aux tensions mondiales

L’allocution d’Emmanuel Macron inquiète sur le financement de la défense, un possible retour du service militaire et le leadership européen face aux grandes puissances.
06.03.2025, 16:0507.03.2025, 07:47
Antoine POLLEZ, strasbourg et Viken KANTARCI, marseille/ afp
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«Angoisse» et «inquiétude» dominent chez les Français questionnés par l'AFP au lendemain de l'allocution d'Emmanuel Macron, même si certains reconnaissent un discours «nécessaire» alors que le président a appelé au «courage» face à un «monde de dangers».

«Quand j'ai entendu ça, je me suis dit: ça y est, il va y avoir des ruptures de pâtes et de papier hygiénique dans les magasins, les gens vont faire des provisions», redoute Mickaël, directeur commercial de 50 ans qui ne souhaite pas donner son nom, interrogé à Strasbourg. «Autant au niveau social qu'économique, qu'est-ce que ça va engendrer ?», s'interroge-t-il. «Il faut se serrer la ceinture? A quel niveau?». Il se demande surtout d'où proviendra l'argent nécessaire aux «investissements supplémentaires» dans la défense que le président de la République a promis de réaliser sans augmenter les impôts.

«Financer l'armement, certes, il y en a besoin. Mais on est déjà déficitaire, donc ça veut dire quo? Demain, on n'a plus de Sécurité sociale? Plus d'accompagnement chômage? Les interrogations sont là et ça m'inquiète.»

Le président «était très sombre, mais en même temps il essayait de ne pas l'être trop», analyse Marylise Ducros, retraitée marseillaise de 76 ans. « Il a fait appel au patriotisme des Français. Il a très peu parlé de (Donald) Trump, ce qui est très étonnant, mais je pense que c'était une tactique parce qu'il ne voulait pas le froisser».

Ce que craignent les jeunes

Face au discours de mobilisation du chef de l'Etat, qui a vanté «la force d'âme» de la Nation et appelé ses compatriotes à «l'engagement», Martha Lehmann, étudiante en langues de 19 ans, dit craindre le retour d'une forme de service militaire obligatoire. «Pour moi ça voudrait dire qu'on prépare la guerre, ça me fait peur», confie-t-elle:

«Peut-être qu'il faut le faire, mais c'est effrayant. Poutine, on ne sait pas jusqu'où il peut aller, on ne connaît pas ses limites»

Pour Lucas, lycéen de 18 ans qui sort tout juste d'un bac blanc, «la jeunesse n'a pas trop conscience qu'on est à un basculement». Face aux «craintes» des Ukrainiens, il juge «normal qu'on se mobilise tous». «Mais ça dépend à quelle échelle», tempère-t-il.

Leurs aînés, eux, évaluent plus sévèrement la prise de parole d'Emmanuel Macron. «Si on suit son discours, on part à la catastrophe, parce que les autres pays ne sont pas tous d'accord pour faire la guerre», estime Jacques Degant, retraité de 74 ans.

«Je ne vois pas pourquoi on mettrait le pays en guerre», prolonge Magalie Feretti, infirmière libérale de 41 ans, qui évoque même une possible «troisième guerre mondiale»:

«Je pense qu'on en a assez fait pour l'Ukraine. On n'arrête pas de nous taxer pour envoyer de l'argent à l'Ukraine, alors que les Français sont en train de dépérir.»

D'autres évitent de mélanger la politique nationale avec les affaires étrangères. «Contrairement aux énormes fautes qu'(Emmanuel Macron) a faites en politique intérieure, sur le plan international, je pense qu'il assure avec beaucoup de dignité et d'humanité pour l'Ukraine», estime René Daummoir, retraité de 72 ans.

«Ce discours est nécessaire» et il arrive «au bon moment, parce que ça fait suite à cette séquence assez incroyable à la Maison blanche il y a moins d'une semaine» et la spectaculaire passe d'armes entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, abonde Miguel Galant, avocat de 27 ans.

Ils sont nombreux néanmoins à s'interroger sur la capacité des Européens à assumer un leadership face aux autres grandes puissances. «Aujourd'hui en Europe, personne ne fait suffisamment le poids. Macron, (Ursula) von der Leyen, c'est du pipeau», tranche Johnny Geng, retraité strasbourgeois de 71 ans. «L'heure est grave, Trump nous rit au nez. On a perdu beaucoup de temps, on n'a pas pris les bonnes décisions. Moi je ne vois pas la vie en rose, c'est la vérité.» (jah)

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