Kurt Pelda, reporter de guerre pour CH-Media (dont watson fait partie), se trouve dans une situation délicate. Les services secrets russes (FSB) ont lancé une procédure judiciaire à son encontre, l’accusant d’avoir franchi illégalement la frontière russe. En cause, deux articles relatant un voyage en compagnie de soldats ukrainiens jusqu’à Soudja, chef-lieu de district de l’oblast de Koursk, qui ont provoqué la colère des autorités russes. Pelda risque jusqu’à cinq ans de prison.
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Il n’est cependant pas le seul journaliste visé par les autorités russes. Depuis le 17 août, quatorze journalistes étrangers ont été inculpés pour des motifs similaires.
Les gouvernements des pays d’origine de ces journalistes ont toutefois réagi de façon contrastée. En Roumanie, le journaliste Mircea Barbu bénéficie d’un soutien public marqué de la part des autorités. Bien qu’un mandat d’arrêt international ait été lancé contre lui, le Premier ministre roumain, Marcel Ciolacu, a vivement condamné en fin de semaine dernière cette «attaque flagrante contre la liberté de la presse».
De son côté, le président du Sénat, Nicolae Ciucă, a salué le courage de Barbu, affirmant qu’il est «condamné pour avoir eu le courage de raconter la vérité sur Koursk» et qualifiant l’action russe de «tentative cynique de faire taire les voix critiques».
Le ministère roumain des Affaires étrangères s’est également exprimé à plusieurs reprises sur le réseau social X pour défendre Barbu et a exprimé sa solidarité avec tous les journalistes persécutés, y compris Kurt Pelda.
The arrest warrant issued by a Russian court for 🇷🇴 journalist @_mirceabarbu and other foreign journalists is a blatant attack on press freedom. Criminalizing independent media is an attempt to silence the truth. We stand in solidarity with all journalists facing persecution.
— Ministry of Foreign Affairs of Romania 🇷🇴 (@MAERomania) October 25, 2024
Comment le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) réagit-il face à la procédure russe visant notre journaliste Kurt Pelda? La prudence est de mise.
Le DFAE a pris acte que l’intéressé a franchi la frontière russe, ce qui justifie, selon Moscou, la procédure en cours. En d’autres termes, le DFAE semble estimer que notre journaliste doit assumer les conséquences de son reportage. Des sources à Berne ont d’ailleurs confié à Kurt Pelda que les journalistes sont, pour la Confédération, des «citoyens comme les autres». A quelles «personnes particulières» le DFAE accorderait-il davantage de soutien ? Le mystère demeure.
Le DFAE rappelle néanmoins que les journalistes jouent un rôle essentiel en garantissant l’accès à une information libre, indépendante et de qualité, en temps de paix comme en temps de guerre. Aucune démarche diplomatique n’a pour l’heure été entreprise par le DFAE dans cette affaire.
Traduit et adapté par Noëline Flippe