Depuis de nombreux mois, l'Ouest soutient les soldats ukrainiens en leur fournissant du matériel de guerre et en les formant. Peu après le début de l'agression russe, de nombreux pays européens ont proposé leur soutien, ont montré le fonctionnement des chars et des obusiers, et ont également donné des conseils sur la conduite de la guerre et la tactique. Mais cela n'est pas toujours bien perçu par les soldats de Kiev qui défendent activement leur pays.
Un article du quotidien français Le Monde dresse désormais un tableau sombre de la situation. Des journalistes sont partis interroger des soldats au front sur leur formation, et les conclusions sont parfois bouleversantes.
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Une recrue a évoqué des problèmes de traduction. «Une fois, les instructeurs nous ont dit qu’il fallait veiller à notre propre sécurité avant de penser aux blessés». Mais le traducteur ukrainien a dit:
Des mouvements d'infanterie ont été enseignés lors de l'entraînement, mais sans simulation d'attaques – et encore moins de champ de mines. La profondeur des tranchées ne correspondait pas non plus aux conditions ukrainiennes. Un soldat du nom de Yeyhen, actuellement déployé sur le front à Bakhmout, raconte:
Comme beaucoup d'autres, il a utilisé Youtube pour s'informer des nouvelles armes et tactiques, a-t-il ajouté.
Un jeune chef de bataillon âgé de 28 ans, dont le nom de guerre est «Nesquik», a été en Allemagne pour s'entraîner. Il commente avec l'assurance d'un vieux guerrier:
Vassil, un autre soldat qui défend l'Ukraine, à Donetsk. Il aurait passé 35 jours en Angleterre, où il a coordonné l'entraînement de 200 soldats avec des collègues danois et britanniques:
Selon lui, les instructeurs eux-mêmes étaient parfois désemparés. Ils ont dû chercher plusieurs fois des solutions sur Youtube, notamment lors de la planification d'opérations ou lorsqu'il s'agissait d'arbitrer un conflit, rapporte l'officier.
Lorsqu'il a demandé à être formé aux drones, la réponse a été que ceux-ci ne faisaient pas partie de la formation de l'Otan. La reconnaissance par drones et leur utilisation contre des cibles russes sont devenues entre-temps un élément essentiel de la défense ukrainienne.
Même la formation sur les chars occidentaux n'aide pas toujours sur le front. Dimitri, un lieutenant de 45 ans qui se bat à Donetsk explique la situation:
Son chef, Evgueni, exige que seuls les combattants expérimentés soient envoyés en formation à l'étranger. Une recrue aurait, par exemple, appris en Allemagne une formation de chars qui a été rapidement abandonnée dans la pratique en raison de pertes importantes.
Selon l'article, il existerait même des normes différentes pour le déminage. Dmitri, qui a été formé en Pologne, aurait appris là-bas à déminer des champs de mines entiers – pour éliminer le danger pour le plus de grand nombre de personnes possible.
Interrogés par les journalistes du Monde, des officiers ont mis en doute l'efficacité de la formation en Occident. «On ne reçoit que du savoir basique. Les recrues qui reviennent ne sont pas encore prêtes à être envoyées sur le front».
Depuis l'hiver 2022, 5000 soldats ukrainiens ont déjà été formés sous commandement allemand. Cela va de l'entraînement des équipages de Leopard à la formation continue du personnel de commandement en passant par la formation aux systèmes de défense aérienne. Selon les indications de la Bundeswehr, l'accent est mis sur le combat d'infanterie. L'un des lieux de formation est le terrain d'entraînement militaire de Grafenwöhr dans le Haut-Palatinat, mais des soldats allemands sont également engagés en tant qu'instructeurs en Lituanie.
La formation aux systèmes d'armes occidentaux se fait en deux parties: au Combined Arms Training Center (CAT-C) en Pologne et en Allemagne. Cette dernière assure la formation spéciale des troupes ukrainiennes – par exemple, des équipages de chars, des soldats de remise en état ou des pionniers. Selon la Bundeswehr, les soldats ont des niveaux de formation différents: certains sont engagés pour la première fois, d'autres ont déjà acquis de l'expérience depuis l'invasion russe de 2014.
Un programme international de formation de l'armée ukrainienne, dirigé par le Roayaume-Uni et soutenu par dix autres nations, a déjà formé plus de 26 500 recrues et a pour objectif de former plus de 30 000 soldats d'ici fin 2023.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci