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Guerre contre l'Ukraine

Russie: la détention de Laurent Vinatier prolongée

Russie: la détention d'un Lausannois prolongée

La détention provisoire du Français installé à Lausanne Laurent Vinatier en Russie a été prolongée de six mois, son procès à Moscou ayant été ajourné.
03.09.2024, 14:1104.09.2024, 08:28
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La détention provisoire en Russie du Français Laurent Vinatier, installé à Lausanne et collaborateur du Centre pour le dialogue humanitaire (HD Centre) à Genève, a été prolongée de six mois, jusqu'au 21 février, a annoncé mardi une juge d'un tribunal de Moscou. Son procès, entamé mardi, a aussitôt été ajourné.

«Le tribunal estime qu'il est impossible de commencer l'examen de l'affaire pénale. L'audience est reportée au 16 septembre à 14h», a déclaré la juge Natalia Tcheprassova, après avoir fait état de la prolongation de sa détention, selon des journalistes de l'AFP sur place.

French citizen Laurent Vinatier is escorted to a courtroom in the Zamoskvoretsky District Court in Moscow, Russia, on Tuesday, Sept. 3, 2024. Vinatier was arrested in Russia on charges of unlawfully c ...
Laurent Vinatier ne sera pas jugé ce 3 septembre.Keystone

L'ajournement avait été demandé, car Laurent Vinatier aurait été informé trop tard de la date de l'audience. Ce Français de 48 ans est apparu souriant, portant une chemise bleue et des jeans de couleur foncée et discutant avec ses avocats. Il leur a lancé, en russe, à l'occasion d'une suspension de l'audience:

«Je pense à ma femme et à mes enfants»

Marié et père de quatre enfants, il est en détention provisoire et a demandé à plusieurs reprises à être assigné à résidence, promettant qu'il ne comptait pas fuir la Russie. Mais ses requêtes ont été rejetées par la justice russe.

Que lui est-il reproché?

Les autorités l'ont accusé d'avoir manqué à son obligation de s'enregistrer en tant qu'«agent de l'étranger» alors même qu'il collectait des «informations dans le domaine des activités militaires» pouvant être «utilisées contre la sécurité» de la Russie. Il risque cinq ans de prison.

Auparavant, cette accusation avait fait redouter une inculpation plus grave, par exemple d'«espionnage», un crime passible de 20 ans de privation de liberté.

Contexte tendu

Cette affaire survient à un moment où les relations entre Moscou et Paris sont très tendues: la Russie est accusée d'une série d'actes de déstabilisation et de désinformation sur le territoire français, tandis que la France se voit reprocher son soutien croissant à l'Ukraine.

Laurent Vinatier avait reconnu ne pas s'être enregistré sous le label d'«agent de l'étranger», utilisé en Russie contre les voix critiques et qui impose de lourdes obligations administratives, sous peine de sanctions pénales. Début juin, juste après son arrestation, il avait expliqué pendant une audience qu'il ignorait que la loi russe l'obligeait à effectuer cette démarche.

Les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé début juillet, dans un communiqué, que l'accusé avait établi de «nombreux contacts» avec des politologues, des économistes et des experts militaires russes, ainsi qu'avec des fonctionnaires. Le FSB déclarait:

«Au cours d'échanges avec ces personnes, (il) a notamment recueilli des informations militaires et militaro-techniques qui peuvent être utilisées par des services de renseignement étrangers à l'encontre de la sécurité de la Russie.»

C'est quoi son job?

Ce chercheur spécialiste de l'espace post-soviétique travaillait en Russie pour le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG basée à Genève, qui fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels.

Selon des sources interrogées par l'AFP, le Français travaillait depuis des années sur le conflit entre la Russie et l'Ukraine, avant même l'offensive russe de février 2022, dans le cadre de discrets efforts diplomatiques en parallèle à ceux des Etats.

Son employeur, le Centre pour le dialogue humanitaire, avait affirmé en juin faire «tout son possible pour aider» Laurent Vinatier, qui «vit en Suisse et voyage régulièrement pour son travail».

Des liens avec la Russie

«J'ai toujours voulu, dans mon travail, présenter de façon appropriée les intérêts de la Russie en matière de relations internationales», avait-il déclaré pendant une audience début juillet. «J'aime la Russie, ma femme est russe, ma vie est liée à la Russie», avait-il affirmé.

Ces dernières années, plusieurs Occidentaux, en particulier des Américains, ont été arrêtés en Russie et visés par de graves accusations, Washington dénonçant des prises d'otages pour obtenir la libération de Russes détenus à l'étranger.

Le 1er août, les Occidentaux et la Russie ont procédé au plus grand échange depuis la fin de la Guerre froide de prisonniers, parmi lesquels figuraient le journaliste américain Evan Gershkovich et l'ancien Marine Paul Whelan, libérés par Moscou. Paris avait alors appelé Moscou à libérer sans délai les autres personnes encore «arbitrairement détenues en Russie», en particulier Laurent Vinatier. (jah/ats)

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