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A seulement 23 ans, elle a été «les yeux de Gaza»

Dans son livre «The Eyes of Gaza», Plestia Alaqad, journaliste et jeune femme de 23 ans décrit son séjour dans la bande de Gaza.
Dans son livre intitulé «The Eyes of Gaza», Plestia Alaqad, journaliste et jeune femme de 23 ans, décrit son quotidien dans la bande de Gaza.Image: Imago, KEYSTONE Ap / JEHAD ALSHRAFI / dr

Elle est «les yeux de Gaza» et elle raconte sa nouvelle «mission»

Plestia Alaqad était une journaliste en herbe lorsque la guerre a commencé dans la bande de Gaza. Depuis, sa vie a complètement basculé. Elle raconte ses rencontres et comment elle garde l'espoir.
25.05.2025, 18:5525.05.2025, 18:55
Natasha Hähni / ch media
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Devenir journaliste était un rêve qu'elle avait depuis son enfance. «Mais maintenant, cela ressemble plus à une mission», dit Plestia Alaqad. Elle ne peut pas vraiment profiter du travail dont elle a tant rêvé.

«Je n'ai pas pris de plaisir à documenter la souffrance de mes compatriotes»

Pendant 45 jours, la jeune palestinienne a témoigné, sur place, de la guerre dans son pays. En se remémorant cette période, elle explique:

«C'était important. Grâce à mon travail, j'ai une plate-forme pour raconter moi-même mon histoire et celle de mon peuple»
epa12115732 Ruined buildings in the Gaza Strip, as seen near the border with the Gaza Strip, southern Israel, 19 May 2025. The Israeli Defense Force has announced the launch of broad operations on Gaz ...
Une image de Gaza, proche de la frontière israélienne: on y voit la destruction à perte de vue.Image: EPA, keystone

Si l'on cherche «Gaza» sur Internet ou dans les médias, on ne voit actuellement qu'une chose: la destruction à perte de vue. Des bombes tombent chaque jour sur la bande côtière. La guerre a commencé avec l'attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, et la dernière trêve remonte désormais à deux mois. «Nous voyons tous comment les Palestiniens sont tués. Mais pas la façon dont ils ont vécu», relate Plestia Alaqad. Cela contribue à la déshumanisation de son peuple. En soupirant, elle déclare:

«Nous humaniser est devenu mon travail principal»

Après tout, les Palestiniens sont des êtres humains comme les autres.

«Ils méritent de vivre librement et de ne pas être tués ni de mourir de faim»

Une attention internationale

Avant le 7 octobre, Plestia Alaqad était une journaliste en herbe. Près de 4000 personnes la suivaient sur Instagram. Elle y postait régulièrement des photos d'elle, de petits chiens ou de la plage de la bande de Gaza où elle a grandi. Lorsque la guerre a commencé, elle s'est mise à partager son quotidien avec ses abonnés. Elle y montrait des appartements abandonnés, la recherche quotidienne de nourriture et d'eau, et enfin la fuite de sa propre maison.

Ses aperçus de la vie dans la bande de Gaza ont fait le tour du monde. Très vite, Plestia Alaqad a attiré l'attention de médias internationaux, comme le New York Times américain. Aujourd'hui, plus de quatre millions de personnes la suivent sur Instagram. Sa mission est désormais d'attirer l'attention sur son peuple et sa souffrance.

«J'ai réalisé que, lorsque je raconte mon histoire, je raconte aussi celle de près de deux millions de Palestiniens de Gaza»

L'étudiante a fui son pays fin novembre 2023.

«Je sais que c'était naïf de ma part, mais je pensais que je serais de retour quelques semaines plus tard. Cela fait maintenant plus d'un an que je suis partie.»

Elle ne sait pas quand elle reviendra ni même si elle reviendra un jour «Peut-être que Gaza sera un endroit complètement différent quand je reviendrai», dit-elle. Mais rester là-bas n'était pas une option:

«Quelle aurait été l'alternative? Rester à Gaza et devenir l'une des dizaines de milliers de personnes à être tuées?»

«Les yeux de Gaza»

Outre les vidéos, Plestia Alaqad explique qu'elle a tenu un journal à Gaza. «Je l'ai toujours fait», dit-elle. Pendant son travail, elle glissait son carnet dans son gilet de presse bleu pour l'avoir toujours sur elle. Ses entrées manuscrites sont ensuite devenues la base de son livre intitulé The Eyes of Gaza, «Les yeux de Gaza» en français.

C'est ainsi que la jeune femme a été surnommée sur les médias sociaux. Dans ce livre, elle décrit des scènes: ce petit garçon creusant dans les restes de sa maison à la recherche de la plante dont il s'occupait, ou encore cet autre à la recherche de sucreries pour une fête d'anniversaire de fortune.

Avec son livre, elle espère d'une part documenter l'histoire de son peuple pour les générations futures et d'autre part, contourner les censures qui l'affligent sur les médias sociaux. A ce sujet, elle précise:

«Je devais à chaque fois partager un selfie pour stimuler la portée de mon profil avant de publier une vidéo d'information.»
«Toutes les rencontres que j'ai faites durant cette période vivront en moi pour toujours»

Quelques-unes la hantent encore aujourd'hui: celles avec des personnes qui ont perdu toute leur parenté. «Le monde est déjà assez dur quand on est entouré de ceux qu'on aime». Elle se considère chanceuse: «Ma famille est encore en vie, je n'ai donc pas à me plaindre. Voilà où nous en sommes».

Pendant 45 jours, Plestia Alaqad a effectué des reportages quotidiens depuis la bande de Gaza.
Une photo de Plestia Alaqad tenant une jeune enfant dans la bande de Gaza.Image: dr

L'espoir d'un avenir meilleur perdure malgré tout

Depuis qu'elle a quitté Gaza, Plestia Alaqad a vécu en Australie, à Dubaï et est actuellement sur le point de rentrer au Liban pour y terminer son master en sciences des médias. Mais depuis sa fuite, elle ne s'est jamais sentie chez elle.

Dimanche, Israël a lancé sa nouvelle offensive dans la bande de Gaza. La population civile doit fuir vers le sud de l'enclave. L'action d'Israël fait l'objet de critiques massives au niveau international. Les Nations unies et les organisations humanitaires mettent en garde depuis longtemps contre une famine dans la bande côtière.

«Des enfants de six ou sept ans font la queue pendant des heures pour obtenir de l'eau potable au lieu d'aller à l'école»
Plestia Alaqad

Depuis le début de la guerre, elle a perdu, outre sa maison, le sentiment de sécurité. «Tout est différent», dit-elle. Pourtant, la Palestinienne ne veut pas cesser de croire en un avenir pacifique.

«La seule chose à laquelle nous pouvons nous accrocher, c'est l'espoir»

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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Genève.
source: epa keystone / martial trezzini
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