
A Gaza, la famine et le manque de ravitaillement menacent les enfants plus fortement encore que les bombardements directs.Image: Imago
Après bientôt deux années d'une guerre sanglante, la situation humanitaire continue de se dégrader dans la bande de Gaza, avec un nombre croissant de nourrissons qui succombent à la faim et à la malnutrition.
21.07.2025, 20:5221.07.2025, 20:52
Nousseirat, Territoires palestiniens / AFP
La malnutrition atteint des niveaux alarmants dans la bande de Gaza en guerre, touchant particulièrement les enfants, alerte l'ONU qui déplore l'entrée au compte-gouttes de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé.
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Une situation déchirante
La Défense civile de Gaza a déclaré avoir constaté une augmentation du nombre de décès de nourrissons causés par «la faim et la malnutrition sévères», signalant au moins le décès de trois bébés la semaine écoulée.
Mahmoud Bassal, porte-parole de cette organisation, a déclaré:
«Ces cas déchirants ne sont pas dus à des bombardements directs, mais à la famine, au manque de lait maternisé et à l'absence de centres de soin de base sur place.»
Dans le nord de Gaza, Ziad Mousleh, 45 ans, explique ne plus trouver de quoi nourrir ses enfants:
«Nous sommes en train de mourir, nos enfants sont en train de mourir, et nous ne pouvons rien faire»
Mousleh poursuit:
«Nos enfants pleurent et crient pour avoir à manger. Ils s'endorment affamés. Il n'y a absolument rien à manger et, si par hasard quelques produits arrivent sur le marché, les prix sont exorbitants et personne ne peut les acheter.»
Dans une école de Nousseirat (centre de la bande de Gaza), transformée en abri pour les nombreux déplacés de la guerre, une distribution de repas chauds a été organisée dimanche. Une femme au visage émacié, Oum Sameh Abou Zeina, attend de recevoir à manger et déclare avoir perdu 35 kilos. Elle dit souffrir d'hypertension et de diabète et ajoute:
«Je laisse la nourriture que je reçois à ma fille»

Le père de Yahya Fadi al-Najjar, un nourrisson mort de malnutrition, tient son corps pendant ses funérailles au complexe médical Nasser à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 juillet.Image: AFP
Des prix jusqu'à 3000 fois plus élevés
Habitants, ONU et organisations humanitaires expliquent régulièrement que l'épuisement des stocks a provoqué une flambée des prix du peu de nourriture disponible sur les marchés de Gaza.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué début juillet que le prix de la farine pour le pain était 3000 fois plus élevé qu'avant la guerre.
La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les Etats-Unis et Israël, a récemment fait porter la responsabilité de la situation humanitaire à Gaza sur le mouvement islamiste palestinien Hamas dont l'attaque sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre.
A ce propos, la GHF a indiqué sur X:
«Ils prennent de la nourriture gratuite, puis la revendent. Ils la stockent pour leurs combattants. Ils l'utilisent pour recruter.»
En visite début juillet à Gaza, le directeur du PAM, Carl Skau, parle lui de «la pire situation» qu'il ait jamais connue. Il abonde dans un communiqué:
«Un père que j'ai rencontré avait perdu 25 kilos en deux mois. Les gens meurent de faim alors que nous avons de la nourriture juste de l'autre côté de la frontière.»
Israël avait imposé un blocus total sur Gaza début mars, n'autorisant aucune entrée d'aide sur le territoire jusqu'à ce que des camions soient à nouveau autorisés à y entrer au compte-gouttes fin mai.
«Nos cuisines sont vides, on sert désormais de l'eau chaude avec quelques pâtes»
Carl Skau, directeur du PAM
L'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a assuré samedi qu'elle avait des stocks pour nourrir les plus de deux millions d'habitants de Gaza pendant plus de trois mois, mais qu'elle n'était pas autorisée à les acheminer dans le territoire.

Des manifestants et des journalistes défilent lors d'une manifestation contre la faim dans le quartier Rimal de la ville de Gaza, le 19 juillet.Image: OMAR AL-QATTAA / AFP
De nombreuses naissances prématurées
Médecins Sans Frontières (MSF) a déclaré la semaine dernière que ses équipes à Gaza constataient le plus grand nombre de cas de malnutrition jamais enregistré par ses équipes dans cette région. Joanne Perry, médecin de MSF, raconte depuis Gaza dans un communiqué que:
«En raison de la malnutrition généralisée chez les femmes enceintes et du mauvais état des installations sanitaires, de nombreux bébés naissent prématurément.»
«Notre unité de soins intensifs néonatals est surchargée, avec quatre à cinq bébés partageant une seule couveuse»
Amina Wafi, une petite fille de 10 ans originaire de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, raconte:
«J'ai toujours faim. Mon père promet qu'il m'apportera quelque chose, mais il n'y a rien. J'ai peur de mourir de faim»
De sanglantes représailles
L'attaque du 7 Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte réalisé à partir de données officielles.
Dans la bande de Gaza, les représailles israéliennes ont fait au moins 58 895 morts, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.
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source: epa keystone / martial trezzini
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Plus de 20 enfants sont morts de faim à Gaza ces derniers jours, tués par la famine que les forces israéliennes ont sciemment planifiée. Face à ce flot de nouvelles épouvantables, l'indignation est la seule chose qui nous reste.
A force d'être exposé à ces récits à longueur de journée, on pense qu'on va finir par s'y habituer. Qu'on va s'accoutumer à l'horreur sans nom qu'Israël inflige à la population de Gaza depuis bientôt deux ans, quotidiennement et sous nos yeux. Il n'en est rien. Chaque jour, on tombe sur une nouvelle salve de dépêches d'agence qui nous glacent le sang, nous laissent sans voix, et nous démontrent que la cruauté et l'atrocité ne connaissent aucune limite.