Hassan Nasrallah a dirigé le Hezbollah pendant 32 ans et est devenu l'homme le plus puissant du Liban. Mais des vagues d'attaques massives d'Israël ont désormais éliminé le chef du groupe libanais ainsi qu'une grande partie de ses autres dirigeants. Le Hezbollah n'a jamais été aussi affaibli et humilié depuis des années. Mais ce n'est probablement qu'une question de temps avant que le groupe ne désigne un nouveau chef et un nom circule déjà.
Hashem Safi al-Din est considéré comme le candidat le plus prometteur pour ce poste. Il est le cousin maternel de Nasrallah, le chef du Hezbollah qui vient d'être tué. Mais ses liens familiaux ne se limitent pas au Hezbollah: il en a aussi avec l'Iran, le principal allié du groupe. En juin 2020, le fils de Safi al-Din a épousé la fille du général Qassem Soleimani, tué quelques mois plus tôt par une attaque de drone américaine en Irak.
Après la mort de Hassan Nasrallah, le chef adjoint du Hezbollah, Naïm Qassem, a automatiquement pris la tête du mouvement. Mais le Conseil de la Choura, l'organe décisionnel le plus élevé du groupe, élira bientôt un nouveau secrétaire général. Et selon les médias arabes, cela ferait trente ans que Safi al-Din se prépare à un rôle de leader au sein du Hezbollah.
Hashem Safi al-Din est né en 1964 au sud du Liban et a été formé comme religieux chiite en Irak et à Qom en Iran. Il a étudié aux côtés de Nasrallah jusqu'en 1994, date à laquelle il est retourné au Liban. Il a rapidement gravi les échelons du Hezbollah, devenant membre du Conseil de la Choura en 1995 et peu après chef du Conseil du Djihad, ce qui a consolidé son influence sur les opérations militaires et stratégiques.
Il a obtenu son rôle proéminent au sein du Hezbollah lorsqu'il est devenu président du conseil exécutif en 2001. Depuis lors, il est responsable des objectifs politiques, économiques et sociaux de l'organisation et est la figure centrale des activités civiles du Hezbollah.
Le Conseil exécutif est une organisation strictement hiérarchisée et fermée, dont la taille n'est pas connue du public. Le président Safi al-Din, entouré d'une série de fonctionnaires de haut rang, gère l'infrastructure civile du Hezbollah, comme les établissements d'enseignement, les hôpitaux et l'administration publique. En particulier dans les régions du pays dominées par les chiites, le Conseil exécutif fonctionne comme une sorte de gouvernement parallèle.
Dans ce rôle, Safi al-Din faisait partie des trois têtes dirigeantes du Hezbollah, aux côtés du chef Nasrallah et de son adjoint Naïm Qassem. Mais contrairement à Nasrallah, qui a vécu dans l'ombre pendant des années, Safi al-Din est apparu ouvertement lors d'événements politiques et religieux.
En 2017, le département d'Etat américain l'a désigné comme un «terroriste mondial» particulièrement dangereux et a imposé des sanctions. Les Etats-Unis ont justifié cette décision par sa profonde implication dans le Hezbollah et sa participation probable à des attentats contre des cibles israéliennes et occidentales.
Comme l'ensemble du Hezbollah, Hashem Safi al-Din est hostile envers Israël. Il considère l'Etat comme illégitime et veut l'éliminer. Lors d'un discours à Beyrouth, il a déclaré sa solidarité avec les combattants palestiniens:
Après la mort de Hassan Nasrallah, le Hezbollah attend désormais probablement des instructions de l'Iran. Ce pays est la véritable puissance protectrice et son principal soutien. Grâce à ses liens étroits avec l'Iran et à son rôle stratégique au sein de l'organisation, Hashem Safi al-Din s'est positionné en tant que successeur. Reste à savoir s'il parviendra à prendre la tête du Hezbollah.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci