Imaginez: vous dormez paisiblement, emmitouflé dans votre couverture aussi douillette qu'un cocon de ouate. Soudain, une alarme des plus surprenantes retentit:
En boucle.
Ce réveil que vous venez de vous représenter, moi, je l'ai vécu. Ça donnait ça: 👇
Lundi 30 mai, 8h00, la voix la plus robotique du monde sur l'instrumentale la plus anxiogène jamais imaginée a happé mon merveilleux sommeil avec pour objectif manifeste de le broyer dans le thermomix des mauvaises nouvelles. Merci au «Doomsday Alarm Clock», en français: «le réveil de l'apocalypse». Rien que ça.
Si le nom de cette application peut faire rire, détrompez-vous, elle n’a rien d’amusant. A un tel point que les spécialistes (et ma santé mentale) déconseillent son utilisation.
Comme il est indiqué sur le site internet dédié, ce réveil de la peur consiste à «choisir un scénario apocalyptique et se préparer à être réveillé par des faits effrayants à propos de notre éventuelle disparition.» Les dangers du changement climatique ne sont pas les seuls réveils apocalyptiques proposés. D'autres scénarios tentent de vous extirper de votre niaise joie de vivre dont:
Afin d'éviter de massacrer davantage votre journée, je vous épargne les deux autres discours qui portent chacun sur les risques des super volcans et de l'intelligence artificielle. Et ces sujets n'ont pas été choisis au hasard.
Créée par Steven Nass et Peter Henningsen, deux journalistes américains, l'application s'inspire de la fameuse Horloge de la fin du monde. Il s'agit d'un symbole créé par des scientifiques atomistes américains, peu après le début de la guerre froide entre les Etats-Unis et l'URSS. Comme l'explique La Côte, le projet cherchait à alerter le public sur les risques de la guerre nucléaire, à l'époque au cœur des débats politiques.
Depuis sa mise en marche en 1947, les aiguilles de la montre ne cessent de s'approcher de minuit – heure censée représenter l’arrêt de l'humanité. Cette avancée a été précipitée par les nombreux bouleversements sociétaux et environnementaux ayant émergé ces dernières années.
Face à ces défis toujours plus conséquents, Steven Nass et Peter Henningsen ont eux l’idée de développer le Doomsday Alarm Clock en avril dernier. En rendant leur offre gratuite, ils espèrent «encourager le monde à faire un don à EarthJustice (une association juridique américaine traitant les affaires liées à l'écologie ainsi que la santé publique) pour éviter toute catastrophe à l'horizon», étayent-ils sur leur site internet. Mais si l'on en croit les conclusions de quelques chercheurs interrogés, l'effet escompté est loin d'être celui survenant dans la réalité.
A l'ère de l'ultra-digitalisation et de l'information continuellement à portée de main, le Doomsday Alarm Clock interroge plus globalement notre rapport à la consommation de l’actualité. Parce que finalement, lire des mauvaises nouvelles depuis notre téléphone, dès le réveil pour ne rien rater, nombreux d’entre nous le font. Mais est-ce vraiment une bonne idée?
Selon Vice, des recherches datant de 2015 montrent que ceux qui consomment des nouvelles négatives au petit matin sont 27 % plus susceptibles de déclarer par la suite avoir passé une mauvaise journée. Le Docteur Matthew Smith, un chercheur en psychologie à la Buckinghamshire New University, a quant à lui certifié au magazine canadien que:
Le scientifique propose plutôt une consommation sélective. En clair: distinguer le besoin réel et mesuré de se tenir au courant de l'actualité et l’acte passif faisant défiler pléthore d’informations juste parce qu’elles sont disponibles sur le téléphone.
Moi, le conseil le plus sage que je puisse vous promulguer est que si vous voulez préserver votre téléphone de regrettables envolées contre le mur de votre chambre, n'installez pas cette appli. Le réveil de l'apocalypse, c'est l'enfer sur terre.
Pour les plus curieux, l'application Doomsday Alarm Clock est disponible au téléchargement. Néanmoins, uniquement pour les Iphones. Les développeurs espèrent la publier dans le magasin en ligne d'Android dans les mois à venir. Du moins, si l'être humain survit d'ici là. «Bonne journée.»