Mammoth Mountain a trop de neige. On devinerait une pointe de jalousie pour les fadas du ski, ici en Suisse. La station californienne, qui profite de ses plus fortes chutes de neige depuis une décennie, prolongera sa saison de ski jusqu'en juillet.
La station, comme le rapporte le Los Angeles Times, assure avoir battu son record de neige.
Des conditions absolument hallucinantes, avec un bulletin neigeux qui annonce 798cm en haut et 650cm sur le bas de la station. Des chutes de neige historiques, alors que Mammoth Mountain, qui attire plus d'un million de skieurs chaque hiver, a annoncé que le ski sera possible cet été:
En ces temps de réchauffement climatique, les amoureux de la glisse vont pouvoir s'amuser et skier l'or blanc tombé à foison jusqu'à l'overdose, mais derrière l'euphorie du prolongement, des inquiétudes sont palpables chez les spécialistes.
Grâce au phénomène des rivières atmosphériques, les bulletins d'enneigement ont fait sauter les compteurs en Californie. En clair, ce processus météorologique est nommé ainsi pour sa forme longue et étroite, transportant une quantité prodigieuse d'eau.
Et cette situation force les autorités à s'alarmer. En Sierra Nevada (à ne pas confondre avec la station espagnole), le manteau neigeux a triplé comparé au précédent record. Et qui dit or blanc, dit or bleu. Une fois transmuée, la neige pourrait faire de gros dégâts: si la fonte devait s'amorcer trop vite, le ruissellement pourrait submerger les protections contre les inondations, anéantissant les cultures et inondant les villes agricoles déjà saturées.
Il est là le gros dilemme, sachant que des inondations, un peu plus tôt dans l'année, dans l'Etat californien, ont déjà été meurtrières. Cette fois-ci, ce gros stock de glace, au moment du dégel, façonnera la prochaine phase de ce qui a déjà été une année remarquablement humide. Et si les agriculteurs se réjouissent de l'eau à profusion après des années compliquées de sécheresse, les grimaces sont aussi de sortie concernant d'hypothétiques inondations qui pourraient s'avérer catastrophiques ce printemps.
Comme le relève le New York Times, la Californie est aux aguets pour savoir à quelle vitesse cette épaisse couche de neige va fondre et se précipiter dans les rivières et les réservoirs de l'Etat – ou les submerger. La grande interrogation est de connaître la vitesse3 de la fonte et si les ruisseaux peuvent contenir cet afflux d'eau massif.
En effet, plus la neige fond lentement, plus facilement l'eau sera absorbée à travers le sol par les arbres et d'autres végétaux avant de pouvoir s'écouler dans les différents cours d'eau.
Il faudra donc laisser le temps faire son oeuvre avant de tirer des conclusions. Mais la situation s'avère critique. Le Centre de prévision du National Weather Service indique que certaines rivières, comme Merced à Stevinson et la rivière San Joaquin restent au-dessus du niveau d’inondation. D'autres inquiétudes proviennent du bassin du lac Tulare, situé à 300 km au nord de Los Angeles.
Si la tendance n'est pas très bonne à ce jour, les spécialistes rappellent que les données ne sont pas assez précises. Pour la simple et bonne raison que les employés du Service forestier, comme le rappelle le quotidien américain, n'ont pas encore accès à certaines zones. La neige étant encore trop importante, la récolte d'informations concernant le sol et son humidité n'est pas encore effective.
S'il a de nouveau neigé une dizaine de centimètres en Californie ces derniers jours, le printemps commence à se faire sentir et le moment le plus redouté interviendra au milieu de l'été, lorsque les températures atteindront régulièrement les 30 degrés.