Les médias iraniens ont évoqué un «projectile aérien guidé» qui s'est abattu dans la nuit de mardi à mercredi sur une résidence pour vétérans de guerre au nord de Téhéran, tuant Ismaël Haniyeh. Le projectile en question pourrait avoir été un drone kamikaze, ou un missile américain Hellfire tiré par un drone, spéculent les experts militaires.
La radio d'Etat de Téhéran a désigné comme «agresseur» présumé «l'ennemi sioniste», Israël. Le Conseil suprême de sécurité nationale, poursuit la chaîne, s'est réuni d'urgence dans la matinée, avec la participation du chef des Brigades Al-Qods. Ces dernières sont responsables des opérations militaires à l'étranger qui pourraient être menées depuis des bases iraniennes au Liban ou en Syrie.
L'attaque mortelle contre Ismaël Haniyeh représente une grave humiliation pour l'armée iranienne. Elle doit désormais non seulement se demander pourquoi des «invités d'Etat» de premier plan comme le chef du Hamas n'ont pas pu être mieux protégés. Le pays doit avant tout se demander si et comment il est en mesure de protéger suffisamment les siens, comme le guide de la Révolution et ayatollah iranien Ali Khamenei, les généraux importants des Gardiens de la révolution ou les scientifiques nucléaires de haut niveau.
Il est toutefois encore trop tôt pour une analyse définitive, a-t-il ajouté.
Ismaël Haniyeh n'était arrivé à Téhéran que mardi matin. Le Palestinien faisait partie de la délégation de «l'axe de résistance arabe» qui a participé à la prestation de serment du nouveau président iranien Massoud Pezechkian. Des représentants de 86 pays auraient assisté à la cérémonie. Le chef du Hamas a rencontré à Téhéran des dirigeants des Houthis, des responsables du Hezbollah ainsi que des membres de milices chiites d'Irak.
Une audience privée à la résidence de Massoud Pezechkian avait pour but d'exprimer les relations cordiales entre Téhéran et le Hamas. Après la mort de son invité, le politicien - considéré comme libéral selon les critères iraniens - a menacé de représailles. L'Iran fera en sorte que «les occupants terroristes se repentent de leur acte lâche.»
Les relations cordiales entre le Hamas et Téhéran ne devraient pas changer de sitôt, même après la mort d'Ismaël Haniyeh. Né en 1963 dans la bande de Gaza, il était président du bureau politique du Hamas depuis 2017. Ces derniers mois, le Palestinien, qui vit la plupart du temps au Qatar, a participé directement aux discussions visant à obtenir un cessez-le-feu et la libération des otages enlevés par le Hamas. En avril, trois de ses fils ont été tués dans une attaque ciblée de roquettes israéliennes dans la bande de Gaza.
«Les tâches d'Ismaël Haniyeh peuvent être assumées par d'autres», nous indique un initié palestinien sous le couvert de l'anonymat. Ismaël Haniyeh n'était pas une figure de proue pour le Hamas comme Yahya Sinwar, le chef militaire de l'organisation islamiste.
Mardi soir encore, l'armée israélienne avait attaqué un bâtiment par les airs à Beyrouth. L'objectif était de tuer le commandant du Hezbollah, Fuad Shukr. Ce dernier serait le principal conseiller militaire du chef de l'organisation libanaise, Hassan Nasrallah. On ne sait pas encore si Shukr est effectivement mort. Alors que le Hezbollah annonce que seul le bâtiment dans lequel il se trouvait au moment de l'attaque a été touché, des sources sécuritaires affirment que Shukr a été effectivement abattu.
Reste à savoir comment le Hezbollah réagira à cet assassinat ciblé. L'organisation terroriste pro-iranienne ne prendra probablement pas le risque d'une guerre avec Israël, qui pourrait être déclenchée par des attaques de roquettes sur Tel Aviv ou Jérusalem.