Située à 160 kilomètres de Téhéran, la base nucléaire de Fordo est enfouie à plus de 80 mètres de profondeur. Ce site était l'une des cibles des Etats-Unis dimanche, il était même le premier à découvrir la puissance des bombes GBU-57 (cette fameuse bombe à pénétration massive) larguées par l'armée américaine.
Lundi, Israël poursuivait les frappes pour «bloquer les voies d'accès», selon divers communiqués militaires.
Cachée dans une montagne au sud de Téhéran, Fordo est une véritable forteresse abritant une usine d'enrichissement vitale pour les ambitions nucléaires de l'Iran. L'installation est protégée par une enceinte souterraine, doublée d'une armure en béton armé.
Un bunker nucléaire précieusement gardé, que le Financial Times avait disséqué. Le quotidien britannique avait interrogé le 6 juin Rafael Grossi, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea):
Fordo est aussi «le symbole de l'angoisse stratégique iranienne», écrit le FT. A l'origine, ce complexe nucléaire était une série de tunnels utilisés par le Corps des gardiens de la révolution islamique. La création de cette base avait été gardée secrète par l'Iran.
C'est en septembre 2009, après les révélations d'agences de renseignement occidentales, que l'Iran a confirmé l'existence de l'usine d'enrichissement d'uranium. Les autorités américaines, britanniques et françaises avaient déclassifié des documents sensibles démontrant que l'Iran avait construit clandestinement une base nucléaire incompatible avec les besoins d'un programme nucléaire civil, cadrait le Financial Times.
Téhéran, en réponse à ce vent de panique, a affirmé que c'était une usine d'enrichissement d'uranium à taux élevé. C'est d'ailleurs à Fordo qu'avaient été détectées début 2023 des particules d'uranium enrichies à 83,7%. Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran a accumulé plus de 400 kilogrammes d'uranium enrichi à 60%. Des mesures qui ont alarmé les spécialistes, un tel niveau dépasse de loin les besoins d'un programme nucléaire civil et se rapproche dangereusement du militaire. En d'autres termes, de la création de la bombe atomique.
Toujours selon le Financial Times, si les autorités iraniennes se livraient à un programme nucléaire militaire, Fordo permettrait à l'Iran de convertir tout le stock d'uranium hautement enrichi pour produire en quelques semaines suffisamment d'uranium de type militaire pour fabriquer neuf armes nucléaires.
Selon les informations de la BBC, le site est sécurisé par une large clôture et un unique centre de contrôle. Les installations souterraines comprennent deux tunnels principaux abritant des centrifugeuses utilisées pour enrichir l'uranium. A cela s'ajoutent six tunnels qui mènent au complexe souterrain.
Fordo est la plaque tournante du programme nucléaire iranien. Il est même devenu une cible de premier ordre pour Israël, soulignait le Daily Telegraph.
Le média britannique enchaîne:
Lors d'un entretien paru dans le FT, l'Institut pour la science et la sécurité internationale (Isis) confiait qu'il pourrait suffire «de deux à trois jours à l'Iran pour produire une première livraison de 25 kilos d'uranium de qualité militaire à Fordo».
Si Fordo est fortement endommagé, Téhéran mise sur une autre montagne et un tout nouveau site ultra-fortifié: Kuh-e Kolang Gaz La (mont de la Pioche, en français).
La République islamique possède «un nouveau site [nucléaire] entièrement construit et situé dans un endroit sûr et invulnérable», pointait Mohammad Eslami, le directeur général de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, le 12 juin dernier.
L’Aiea n’aurait pas été autorisée à visiter ce site, dont la localisation est inconnue. (svp)