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Ce qu'on sait des violences sexuelles du Hamas

«Il lui a tiré une balle dans la tête alors qu'il la violait encore»

Les défenseurs des droits des femmes en Israël évoquent des violences sexuelles massives à l'encontre des femmes, lors de l'attaque du Hamas du 7 octobre. Les faits rapportés sont terrifiants. Ils dénoncent le long silence de l'ONU.
08.12.2023, 05:5508.12.2023, 19:07
Anna-Lena Janzen / t-online
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La trêve entre Israël et le Hamas a brutalement pris fin en début de semaine et les bombardements massifs de l'Etat hébreu ont repris sur Gaza. Les Etats-Unis suggèrent une triste raison à cela: «Le Hamas ne veut pas libérer d'autres otages féminins», a déclaré un porte-parole du gouvernement américain lors d'une conférence de presse lundi dernier. «Ils ne veulent pas que ces femmes racontent ce qui leur est arrivé.»

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Le président américain Joe Biden a appelé mardi, lors d'un meeting de campagne à Boston, à une condamnation mondiale des violences sexuelles perpétrée par le Hamas contre les femmes. «Le monde ne peut pas fermer les yeux», a déclaré Joe Biden. Selon des investigations qui ne dévoilent aucune preuve, le Hamas aurait «utilisé le viol pour terroriser les femmes et les filles». Au cours des semaines qui ont suivi le 7 octobre, des survivants et des témoins oculaires ont fait état d'une «cruauté inconcevable», notamment de «viols, mutilations et profanations de cadavres».

Un mois après l'attaque du Hamas, de plus en plus d'informations et témoignages font état de violences sexuelles brutales à l'encontre des femmes.

Un secouriste a rapporté, devant une commission parlementaire israélienne, la vision d'horreur qui l'attendait dans une localité frontalière: «Le corps d'une femme, nue, avec un objet tranchant enfoncé dans ses parties intimes». Il déclare avoir également trouvé plusieurs femmes mortes dont l'abdomen était nu.

Un ambulancier a raconté avoir trouvé une jeune fille de 14 ans violée et assassinée dans une maison du kibboutz Be'eri. Elle était allongée sur le sol de sa chambre, l'abdomen nu, les jambes écartées et des traces de sperme sur son dos. L'adolescente a reçu une balle dans la tête.

Les reproches d'Israël contre l'ONU

Les activistes israéliens reprochent à la communauté internationale, et notamment aux organisations de défense des droits humains, d'être restée largement silencieuse sur les violences sexuelles présumées commises par le Hamas. Le bureau du secrétaire général de l'ONU et l'organe de défense des droits des femmes, ONU Femmes, ne se sont exprimés sur le sujet que la semaine dernière. Les activistes israéliens se sont déjà adressés aux institutions de l'ONU peu après l'attaque du Hamas et n'ont, selon leurs dires, reçu que peu de réactions.

Le 7 octobre, des combattants du Hamas originaires de la bande de Gaza ont commis le pire assaut de l'histoire d'Israël près de la frontière. Plus de 1200 personnes ont été tuées. Environ 240 otages ont été emmenés à Gaza, mais près de la moitié ont été libérés jusqu'ici. Les rapports faisant état de violences cruelles le jour du massacre alimentent les inquiétudes concernant les jeunes femmes toujours détenues à Gaza et que le Hamas a jusqu'à présent refusé de libérer.

La police enquête sur des crimes sexuels

La police israélienne a ouvert une enquête suite aux rapports de crimes sexuels qui auraient été commis en masse contre des femmes le 7 octobre. Une commission israélienne d'experts indépendants recueille également des témoignages oculaires et des preuves médico-légales.

La commandante de police Shelly Harusch a raconté lors d'une commission parlementaire qu'environ 1500 témoignages sur les incidents ont été recueillis jusqu'à présent. «L'enquête se concentre sur les délits sexuels commis contre les victimes». Des soldats du Hamas auraient déclaré lors de leur interrogatoire avoir reçu l'ordre de violer des femmes.

Témoignages troublants

Selon la police, il existe plusieurs témoignages oculaires de viols commis par des terroristes lors du festival Nova, le 7 octobre. Un survivant raconte avoir vu de nombreuses jeunes femmes sans vêtements, certaines avec l'abdomen mutilé.

Une festivalière, qui s'était cachée dans les buissons pour échapper aux tueurs, a raconté les violences atroces subies par une jeune femme:

«Ils l'ont penchée en avant et j'ai compris qu'ils étaient en train de la violer, l'un après l'autre. Puis ils l'ont passée à un autre homme qui portait un uniforme. Elle était vivante quand elle a été violée. Il lui a tiré les cheveux et lui a tiré une balle dans la tête alors qu'il la violait encore. Il n'a même pas remonté son pantalon. Ils lui ont coupé la poitrine et ont joué avec dans la rue.»

D'autres témoins oculaires ont rapporté que des femmes avaient été violées à côté des corps de leurs amis. Certaines ont ensuite été tuées, d'autres emmenées à Gaza. Une vidéo diffusée par les terroristes montre l'enlèvement d'une jeune femme dont le pantalon est trempé de sang. Une autre vidéo montre le corps sans vie de l'influenceuse israélo-allemande Shani Louk, emportée dans un pick-up vers la bande de Gaza.

Traces de violences graves sur des corps de femmes

Après le massacre, de nombreux corps ont été transportés au rabbinat militaire près de Tel Aviv pour y être identifiés. Un pathologiste, un dentiste et un photographe militaire s'y trouvaient. Une bénévole a raconté que des corps de femmes horriblement mutilés y ont été apportés.

Les bras et jambes d'une femme soldat étaient cassés à plusieurs endroits différents. Les victimes féminines ont pour la plupart reçu une balle dans le corps, et très souvent également dans la tête.

La secouriste rapporte de nombreux indices de mutilations. Certains corps étaient par exemple vêtus de sous-vêtements ensanglantés. D'autres collaborateurs ont signalé des corps dont les parties génitales ont été mutilées. Des grenades auraient été placées dans certaines dépouilles:

«Nous avons dû sortir rapidement pour nous mettre en sécurité»

Dans de nombreux cas, les corps étaient dans un si mauvais état que les échantillons de sperme ou d'ADN n'ont pas pu être prélevés, ce qui complique la récolte de preuves.

D'après la professeure de droit Yifat Bitton, de nombreuses survivantes sont profondément traumatisées; toutes ne peuvent pas encore parler de ce qu'elles ont vécu. Les agressions sexuelles sont encore fortement associées à la stigmatisation et à la honte, selon la professeure israélienne, Yifat Bitton:

«C'est un fardeau de plus pour les victimes»

Il faudra du temps avant qu'elles ne racontent leurs terribles expériences.

Notre commentaire après deux mois de guerre👇

Certains crimes sont avérés

Cochav Elkajam Levy, maître de conférences en droit à l'Université hébraïque de Jérusalem, a déclaré à propos des incidents du 7 octobre:

«Il n'y a aucun doute sur le fait que des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité ont été commis»

Il est important de recueillir des preuves pour que les victimes obtiennent justice. «Nous avons créé la commission d'experts le huitième jour de la guerre parce que de plus en plus de témoignages de crimes brutaux contre les femmes et les enfants étaient mis en lumière», continue la spécialiste en droit international. Elle souligne que la violence liée au genre ne se limite pas aux crimes sexuels:

«Couper les organes des femmes, cacher une grenade dans le corps d'une femme, tuer un bébé sous les yeux de sa mère ou inversement, enlever des femmes et leurs enfants – tout cela, c'est de la violence basée sur le genre.»

De nombreuses vidéos postées sur les réseaux sociaux ainsi que des vidéos de bodycams portées par les assaillants du Hamas ont également été analysées. Tout ce matériel constituera une base de données et des archives. «Nous voulons nous assurer que les crimes commis contre les femmes le 7 octobre ne seront jamais oubliés.» Certains témoignages auraient été vérifiés par plusieurs sources.

Doit-on croire le Hamas?

Le Hamas nie que ses combattants commettent des violences sexuelles systématiques. Lors d'une réunion des Nations unies lundi, organisée entre autres par Sheryl Sandberg, l'ancienne directrice de Meta a demandé si le monde devait croire une organisation terroriste ou plutôt «les femmes dont les corps révèlent comment elles ont passé les dernières minutes de leur vie», et a appelé à une «enquête complète et équitable» de la part des Nations unies, ce qu'Israël refuse.

Et Hilary Clinton a déclaré qu'il «est révoltant que certains, qui prétendent défendre la justice, ferment leur esprit et leur cœur aux victimes du Hamas».

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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