«Frappe-les, Israël, les Iraniens sont derrière toi», ont écrit des inconnus sur un mur. C’est la princesse Yasmine Pahlavi, épouse de Reza Pahlavi, l'ex-prince héritier d’Iran et figure de l’opposition en exil, qui a récemment partagé cette image sur les réseaux sociaux.
Une partie de l’opposition iranienne, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, espère que les attaques d’Israël contre l’Iran provoqueront la chute de son régime théocratique. Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou est, lui, allé jusqu’à appeler les Iraniens à se soulever.
Les frappes israéliennes ont touché un régime largement contesté par des millions d’Iraniens. Depuis des années, de nombreux citoyens dénoncent une politique étrangère jugée à la fois agressive et dévastatrice, et reprochent aux autorités leur incapacité à assurer la sécurité du pays. Les discours grandiloquents de certains responsables politiques et militaires iraniens, qui vantent la force d'attaque du pays, ne font qu’aggraver le ressentiment lorsqu’ils s’avèrent sans fondement.
Le chef des Gardiens de la révolution, Hossein Salami, menaçait encore récemment d’«ouvrir les portes de l’enfer à Israël». Il a été tué par une frappe israélienne sur son appartement.
«Merci, tonton Netanyahou», a ironisé un téléspectateur sur la chaîne d’opposition Iran International, se moquant d'un pays qui se veut puissance régionale, mais perd ses plus hauts responsables en une seule attaque. Les services secrets israéliens semblent informés depuis l’intérieur du régime, et l'infiltration du Mossad dans l'appareil sécuritaires iranien empêche toute action surprise de Téhéran.
Le Mossad aurait même, ceci sans entrave, été capable d'installer des rampes mobiles de lancement de missiles et de drones directement sur le sol iranien, pour y frapper ensuite des bases militaires. Des représentants du gouvernement israélien auraient délibérément transmis certains détails de ces opérations à l’opposition iranienne, afin d’exposer au grand jour la vulnérabilité du régime.
Selon Iran International, les services israéliens auraient également neutralisé des systèmes de communication cruciaux, et mis hors d’usage les véhicules nécessaires au transport des missiles vers leurs rampes de lancement.
Sur le plan militaire, l’Iran est en difficulté. Isolé diplomatiquement, économiquement asphyxié par les sanctions et la mauvaise gestion, désormais infiltré par les services secrets israéliens, le régime vacille. C’est pourquoi Benjamin Netanyahou espère que la population elle-même fera tomber le pouvoir en place. Reza Pahlavi, fils du dernier Shah d’Iran, partage cet espoir. Dans un message diffusé sur le réseau X, il appelle les Iraniens à renverser un régime «incompétent et criminel».
The Islamic Republic and its incompetent and criminal leaders have dragged Iran into war.
— Reza Pahlavi (@PahlaviReza) June 14, 2025
Here is my message to my compatriots: Iran belongs to you, and reclaiming it is in your hands. pic.twitter.com/qqvr5QTkKe
Pour l’instant, aucun signe ne laisse présager un soulèvement. Le dernier grand mouvement de contestation remonte à trois ans, lorsque des millions d’Iraniens étaient descendus dans la rue pour protester contre l’obligation du port du voile, la répression politique, et la crise économique persistante. La république islamique avait alors répondu par une répression brutale, menée par la police et les services secrets.
Le pouvoir du Guide suprême Ali Khamenei repose toujours sur les Gardiens de la révolution et la milice Bassidj, loyale au régime. Ces derniers ont réprimé toutes les tentatives de soulèvement au cours des dernières décennies. Le régime profite aussi des divisions au sein de l’opposition, qu'elle se trouve en Iran ou en exil, qui s'est avérée jusqu'ici incapable de s’unir autour d’un programme commun.
Dans ce contexte, l’agression extérieure joue en faveur du régime, et la guerre contre Israël réveille un sentiment patriotique profond chez beaucoup d’Iraniens. Même ceux qui s’opposent au pouvoir rejettent l’idée que leur pays soit attaqué par une puissance étrangère:
Selon les autorités iraniennes, près de 200 personnes auraient été tuées par les frappes israéliennes depuis vendredi matin, dont 60 dans une résidence visée à Téhéran samedi. La télévision d’état affirme que 20 enfants figurent parmi les victimes.
Traduit de l'allemand et adapté par Joel Espi