Une frappe de drone a également visé la ville de Soueida, à majorité druze. Le bilan officiel syrien fait état de 3 morts et 34 blessés à Damas. Israël, qui affirme vouloir protéger la communauté druze, menace d’intensifier ses frappes si les forces syriennes ne se retirent pas de cette région méridionale, et dit refuser toute présence militaire près de sa frontière.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a promis au pouvoir syrien d’Ahmad al-Chareh des «coups douloureux» et annoncé que l’armée frapperait «avec force» à Soueida jusqu’au retrait complet des forces hostiles aux druzes. Un redéploiement de troupes israéliennes depuis Gaza vers la frontière syrienne est en cours, selon un responsable militaire. L’armée israélienne affirme avoir identifié des dizaines de suspects tentant de franchir la frontière. Des dizaines de druzes ont également traversé cette frontière dans les deux sens sous l’effet des gaz lacrymogènes.
Du côté syrien, les autorités ont dénoncé une «escalade dangereuse» et tiennent Israël «entièrement responsable» des violences et de leurs conséquences. Elles affirment leur droit de défendre leur territoire par tous les moyens légaux. Damas a annoncé un nouveau cessez-le-feu à Soueida, après l’échec d’un premier annoncé mardi, qui n’a pas empêché la poursuite des combats.
Les affrontements à Soueida ont éclaté dimanche entre des tribus bédouines locales et des combattants druzes, à la suite de l’enlèvement d’un marchand de légumes druze, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les forces gouvernementales et leurs alliés, déployés mardi dans la ville, ont été accusés d’exécutions sommaires de civils et de pillages, tout en combattant aux côtés des tribus bédouines.
Des témoins évoquent des colonnes de fumée et des cadavres dans les rues. Un habitant de Soueida, joint par téléphone, a déclaré:
Un correspondant de l’AFP a vu une trentaine de corps au sol, certains en civil, d’autres membres des forces gouvernementales.
Selon l’OSDH, plus de 300 personnes ont été tuées depuis dimanche, dont 28 civils druzes — parmi lesquels 21 auraient été exécutés sommairement par les forces gouvernementales. La présidence syrienne a promis de punir les auteurs d’exactions. Le ministère syrien de la Défense accuse pour sa part des groupes hors-la-loi de s’en prendre à l’armée et à la sécurité intérieure, et affirme que l’armée réplique à ces attaques.
Le chef religieux druze Hikmat al-Hejri a lancé un appel à l’aide international, s’adressant notamment à Donald Trump et Benjamin Netanyahu pour qu’ils «sauvent Soueida».
Sur le plan international, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a condamné les frappes israéliennes et le redéploiement militaire dans le Golan. Il s’est dit alarmé par les affrontements meurtriers dans le sud syrien.
Les Etats-Unis ont exprimé leur inquiétude par la voix du secrétaire d’Etat Marco Rubio, qui a évoqué un «malentendu» entre Israël et la Syrie et déclaré espérer une désescalade dans les «prochaines heures». Il a affirmé que des «mesures spécifiques» ont été convenues entre les parties pour mettre fin à cette situation troublante et terrifiante dès ce soir, tout en appelant chacun à tenir ses engagements.
La porte-parole du département d’Etat, Tammy Bruce, a appelé le gouvernement syrien à retirer ses troupes de la zone de conflit, sans en préciser les limites exactes, afin de permettre une désescalade avec Israël.
L’Union européenne, de son côté, exhorte Israël à cesser immédiatement ses frappes, notamment sur des «institutions clés» à Damas, estimant qu’elles mettent en danger la vie des civils et risquent de compromettre la transition politique en Syrie.
Ces événements interviennent dans un contexte de graves tensions internes, après la prise de pouvoir d’Ahmad al-Chareh, à la tête d’une coalition islamiste sunnite qui a renversé Bachar al-Assad en décembre, après près de 14 ans de guerre civile. (mbr/ats)