Voici la nouvelle star de la politique italienne
Au sens propre comme au figuré, Silvia Salis est un visage emblématique. Cette athlète a été dix fois championne d’Italie du lancer du marteau, et a participé deux fois aux Jeux olympiques.
Après avoir mis un terme à sa carrière sportive en raison d’une blessure, elle est devenue vice-présidente du Comité national olympique italien. Fille d’un père communiste, jardinier du complexe sportif de Gênes, où elle s’est entraînée, elle a par la suite découvert la politique.
Candidate fin mai dernier lors des municipales de Gênes, en tête de liste d'un Parti de gauche jusque-là profondément divisé, elle a réussi à reconquérir cette ville portuaire, ancien bastion rouge passé à droite il y a huit ans. L'ex-sportive a fait fort, en remportant la mairie dès le premier tour.
Après les médailles, l'écharpe de maire
Depuis, l’attention du public ne s’est pas démentie, bien au contraire. La jeune quadra séduit les médias par son allure sportive et élégante, et sa notoriété passée de sportive d'élite. Mais ce n'est pas tout.
Dès son premier jour en tant que maire de Gênes, Silvia Salis a marqué les esprits en nommant 7 femmes sur 12 postes à l'exécutif municipal. Elle a également décidé que les marchés publics de Gênes ne seraient attribués qu’aux entreprises garantissant un salaire minimum de 9 euros de l'heure. Une revendication que la gauche défend aussi au niveau national, mais que Giorgia Meloni rejette fermement.
Et lorsque la flottille d’aide à Gaza, menée par Greta Thunberg, a fait escale à Gênes, Silvia Salis a arboré l’écharpe tricolore pour afficher sa solidarité avec les militants, et dénoncer le génocide dans la bande de Gaza.
Silvia Sali fait la une des journaux
La semaine dernière, pour ses 40 ans, Silvia Salis a réuni 200 invités, un événement qui a fait la une de nombreux journaux. Habituellement sobre, le Corriere della Sera lui a rendu hommage de cette manière:
Une superhéroïne, en quelque sorte.
Depuis, comme une évidence, son nom circule déjà à Rome en tant que future cheffe du gouvernement, une vraie alternative à Giorgia Meloni.
Mais cela suppose qu’elle écarte d’abord Elly Schlein, actuelle dirigeante du Parti démocrate (PD) et cheffe de l’opposition, théoriquement candidate de la gauche aux législatives de 2027. Elly Schlein, tout comme Giorgia Meloni, est prévenue. La concurrence risque de débarquer.
La principale concernée reste toutefois prudente, et affirme vouloir se consacrer à sa fonction de maire de Gênes. Elle n’hésite pourtant pas à attaquer la Première ministre de façon frontale, comme lorsqu’elle a parodié, cette semaine, le discours de Meloni lors de la dernière campagne:
L'ex-lanceuse de marteau est mariée au réalisateur Fausto Brizzi, avec qui elle a un fils de deux ans. Alors que Giorgia Meloni a restreint l’enregistrement des enfants de couples homosexuels, Silvia Salis a défilé avec le drapeau italien à la Gay Pride de Gênes.
Avec son fils Eugenio, elle célèbre sa victoire à Gênes
L’étoile d’Elly Schlein pâlit
Les élections législatives restent une échéance lointaine. Mais la menace immédiate pour Silvia Salis s’appelle Elly Schlein. Dans les prochaines semaines, sept régions – les Marches, la Calabre, la Toscane, la Vénétie, la Campanie, les Pouilles et le Val d’Aoste – vont renouveller leur parlement.
Si la gauche subit une défaite à cette occasion, l’autorité d'Elly Schlein en tant que dirigeante du Parti démocrate, et rivale directe de Meloni, s'en retrouvera affaiblie.
Beaucoup de modérés et de centristes au sein du PD italien doutent déjà qu'Elly Schlein, jugée parfois élitiste et qui a nettement ancré le parti à gauche en deux ans et demi, puisse battre une Giorgia Meloni populaire et proche du terrain.
D’anciens responsables comme Matteo Renzi, ex-chef du PD et ancien président du Conseil, aujourd’hui à la tête de son propre mouvement centriste, œuvrent déjà en coulisses à une nouvelle coalition de centre gauche qui pourrait s’appuyer sur Silvia Salis comme figure de proue.
L’argument est simple. A Gênes, Silvia Salis a déjà convaincu des électeurs qui ne votaient pas à gauche, ce qu'Elly Schlein n’a encore jamais réussi à faire.
Traduit de l'allemand par Joel Espi