Vendredi, un éditorialiste de The Hill a osé un pronostic provocateur, en déroulant quatre raisons pour lesquelles Kamala Harris va perdre l'élection présidentielle. Son insécurité, son voeu de ne pas s'émanciper du gouvernement Biden-Harris, son impuissance face à un candidat passé maître dans le culte de la personnalité et un nombre conséquent d'Américains «qui se disent moins bien lotis qu'il y a quatre ans».
Bien sûr, c'est une analyse parmi d'autres. Cependant, des sondages dévoilés ce dimanche montrent que la vice-présidente est moins populaire qu'à son décollage, il y a trois mois, et notamment «auprès des jeunes électeurs».
A moins d’une surprise dans les derniers mètres et dans l’un des Etats clés, l’élection présidentielle 2024 va donc bien se jouer dans un mouchoir de poche. Les sondeurs bossent au microscope, les résultats se contredisent d’heure en heure et les deux candidats se tirent la bourre dans les marges d'erreur. Alors que Donald Trump a sué de longues semaines depuis l'abandon de Joe Biden, perdant très vite cinq points au niveau national au profit de sa dynamique remplaçante, la Kamalamania est désormais terminée, et «la course repart à égalité».
Si les derniers 100 mètres n'ont jamais été aussi serrés, le défi pour les deux candidats est le même: parvenir à draguer et convaincre les 10% d'électeurs qui se disent susceptibles de changer de cheval au dernier moment. Plus que des indécis, ce sont des citoyens américains qui semblent avoir pleinement conscience que «l'issue de cette élection présidentielle aura une grande incidence sur leur vie».
Concernant les points faibles de Kamala Harris, les sondeurs, mais aussi les indiscrétions internes à son parti, pointent son incapacité à proposer «autre chose que la continuité» et à fidéliser l'électorat masculin. Et la peur rôde sur le terrain: alors que son colistier Tim Walz mouille sa chemise pour convaincre les «Hombres con Harris», Barack Obama a sermonné jeudi les hommes noirs qui pourraient ne pas voter pour UNE candidate.
Comme les sondages volent souvent en escadrille, le New York Times a lui aussi déployé ses chiffres, ce dimanche. Et l'heure est grave du côté latino: «Le soutien de la vice-présidente Kamala Harris parmi les électeurs hispaniques est dangereusement bas pour les démocrates, tandis que son rival, l'ancien président Donald J. Trump, a maintenu sa force au sein du groupe en pleine croissance».
L'étude va même plus loin, en notant que «plus d'un tiers des électeurs hispaniques» déclarent qu'ils sont favorables «à la construction d'un mur le long de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Y compris du côté des électeurs démocrates».
La course est historiquement serrée au niveau national, mais elle l'est aussi dans les sept Etats clés, là où Donald Trump, toujours dans un mouchoir de poche, mène régulièrement d'un petit point. En conclusion, si l'élection se jouait aujourd'hui, parier sur le vainqueur serait aussi fiable que de jouer à pile ou face.