Que le look faussement décontracté des Parisiennes d'aujourd'hui vous inspire ou vous agace, la responsable n'est pas à trouver dans un studio d'artiste de la butte Montmartre. Non. Elle est née et a grandi au Royaume-Uni, terre d'origine de la plus Française des Britanniques: Jane Birkin, actrice et chanteuse mythique, disparue le 16 juillet 2023, à l'âge de 76 ans.
Jane est partie, son style restera. C'est à cette icône des 70's que l'on doit les cheveux à peine coiffés, le maquillage léger, la chemise ouverte et une beauté, a priori si simple, qui clame: «Voilà, c'est comme ça que je me suis levée ce matin!»
On est d'accord, c'est un mythe. Enfin, sauf chez Birkin. Jane, cette beauté brute pour qui «le confort est tout», qui aimait gambader pieds nus et seins à l'air. Et surtout, sans chaussettes (ou soquettes, comme elle disait, de son accent délicieux).
A la place, Jane préférait les semelles en laine de mouton, sur lesquelles elle posait ses pieds «comme des toasts»: «Comme ça, il n'y a pas la marque autour des chevilles, quand tu te déshabilles, ce qui est toujours un peu triste», confiait-elle en 2020. A chacun ses lubies.
Jane a grandi à Londres dans les années 50, un milieu «où elle a toujours été à l'aise». La petite fille, qui voue un culte aux shorts de scout et fringues de garçon, fait le désespoir de sa mère. Une femme «très belle, très distinguée», qui se change deux à trois fois par jour et trouve que l'élégance, c'est «quelque chose que l'on doit aux autres».
Dans les années 60, sur fond de rock'n'roll et de libération sexuelle, l'actrice en herbe débarque à Paris. Avec un look franchement «déglingué», selon ses mots, et une petite robe en crochet, désormais inoubliable, dans ses bagages.
«Les Françaises étaient si soyeuses, comme des chevaux de course. Les cheveux brossés et brillants, les bandeaux de velours...», se souvient-elle pour Vogue Hommes, en 2018.
La sophistication, Jane, elle, s'en fout pas mal. Elle mange sa salade avec les doigts et trimballe partout son panier en osier, déniché dans le west end londonien.
Jusque sur les marches du festival de Cannes.
Son culot et son originalité la distinguent des Françaises si sages et si bien apprêtées. Et lui permettent de taper bientôt dans l'œil d'un certain Serge Gainsbourg.
Le sac en osier du Portugal finira sous les pneus d'une voiture. Pas grave. Quelques année plus tard, en 1981, Jane rencontre Jean-Louis Dumas, directeur artistique de la maison Hermès, sur un vol Paris-Londres. La légende raconte qu'ils dessineront, dans les airs, le modèle d'un sac à main pratique, bourré de poches et disposant même d'un espace dédié aux biberons: le Birkin. Le premier «it-bag» de l'Histoire, portant le nom d’une célébrité et véritablement créé par elle. Son succès ne s'est jamais démenti.
Si elle voue un culte aux t-shirts blancs et aux jeans flares, la muse de Serge Gainsbourg sait aussi manier la robe à sequins. Toujours avec la même efficacité. Culotte et scrupules en moins, c'est plus commode quand il est l'heure de la dézinguer à coups de ciseaux pour en faire un t-shirt.
L’assurance fait partie du style.
En 2020, l'artiste raconte avoir retrouvé l'une de ses fameuses robes à paillettes dans une armoire en Bretagne: «Je n'en revenais pas. Déjà, que j'ai pu rentrer là-dedans... Et je la portais avec une telle aisance, sans culotte, allongée sur Michel Sardou, Serge, le piano. J'avais trouvé ça amusant.»
Le court, l'oversized, le transparent, le denim, la simplicité, la nonchalance. Jane Birkin reine d'un style qui n'en est pas un. Elle y sera fidèle jusqu'à la fin de sa vie. Pour rester, aujourd'hui encore, une source infinie d’idées. La confiance nécessaire pour s’habiller comme un garçon, vivre comme une fille... et faire ce qu'on veut de sa culotte.
Récemment, Jane confiait s'être acheté trois paires de chaussures Saint-Laurent... Verdict? «Ce n'est pas la peine. Je vais les donner à quelqu'un qui a la même taille de pieds que moi. Trop pointu, trop serré.»
L'un de ses derniers conseils, juste pour la route? Le smoking, de Saint-Laurent, encore lui. «Si vous avez ça dans votre armoire, et un chemisier Agnès b. en soie, qui fait une peau de pêche... Vous n'avez besoin de rien d'autre, vous pouvez aller partout.» Y compris pour rejoindre Serge, sur son nuage noir.