C'est arrivé le mercredi 15 mai 2024. Au deuxième jour du festival de Cannes. Le ciel est bleu, le tapis rouge. Tout n'est que chic, glamour, starlettes et cascades de diamants. Avec une douce assurance et un sourire craquant, Léa Seydoux s'avance. Et le monde s'arrête de tourner.
«Elle a osé», souffle Vanity Fair.
Oui. Elle a osé. Après la robe à paillettes, c'est en bermuda que l'actrice s'est donnée aux photographes. Un complet Louis Vuitton bleu marine. Simple, net, efficace, d'une élégance folle.
Et pourtant. Tandis que l'innocente auteure de cet article, trop jeune pour se souvenir de toutes les immondices des années 2000, applaudissait à deux mains, des larmes de sang coulaient parmi les braves survivants de cette décennie obscure.
C'est le cas de J.*, cheffe de la rubrique divertissement de watson. Pour celle qui a tout connu, des ballerines puantes aux sandalettes pailletées à talons, en passant par les survêtements en peau de pêche Juicy Couture, la vue d'un bermuda en 2024 s'est avérée tout simplement trop violente. Face à l'écran, les yeux écarquillés, la mâchoire décrochée, elle peine à trouver les mots. «C'est impossible», parviendra-t-elle tout juste à glapir.
Il faudra pourtant s'y faire. Après les ballerines, les pantalons cargo et les jeans bootcut, le bermuda n'est que l'énième pièce polémique à opérer un retour en force.
Par souci de précision, le bermuda de Léa Seydoux n'est pas tout à fait un bermuda. Le bermuda, au sens strict du terme, c'est ce short dont l'ourlet s'arrête juste au-dessus du genou, voire sur le genou - pas plus bas. Ce fameux short kaki que portent les retraités suisses allemands quand ils partent en croisière aux Canaries. Ce short qu'on associe volontiers aux chemises à fleurs et aux sacs banane.
Quelle différence avec le pantacourt, autre pantalon tout aussi polémique? Pour ne plus vous emmêler les pinceaux, et comme une image vaut mille mots, voici un schéma.
Le bermuda, ce vêtement mal-aimé, est habitué à la haine et aux controverses. Il y a un siècle déjà, les femmes surprises avec cette fringue scandaleuse étaient passibles d'une amende, voire d'une peine de prison.
C'était pas faute d'avoir été conçu pour la bonne cause. Comme son nom l'indique, le bermuda est né aux Bermudes. La légende raconte qu'en 1914, le patron d'un magasin de thé, le Coxon's Tea Room, a raccourci l'ourlet du pantalon de ses employés, leur permettant d'être plus à l'aise dans la chaleur estivale. L'idée aurait inspiré un amiral britannique stationné sur l'île, pour ses propres soldats.
Après avoir été adoptée par l'armée britannique, la tendance s'est étendue aux banquiers et aux hommes d’affaires, puis aux voyageurs anglais et américains en visite sur l’île. Le short de touriste était né.
En plus de 100 ans d'existence, le bermuda a connu plusieurs vagues d'amour et de désamour. Mais si nous sommes aujourd'hui si durablement marqués par sa prétendue laideur, c'est parce qu'il a laissé une marque indélébile dans les années 2000. Attention les yeux, ça pique.
Comme le dit si bien le magazine Fashion:
Du coup, le bermuda est évidemment autorisé, à condition de faire preuve de prudence. Pas question de l'empoigner au premier degré: les chemises Hawaï et les tongs, par exemple, on oublie.
Pour éviter de se prendre un jet de tomate pourrie en travers de la tronche en allant faire vos courses à la Migros, on préférera s'inspirer de notre amie Léa Seydoux, en optant pour des couleurs neutres et une veste assortie. Vous n'avez pas le plaisir d'être égérie Vuitton? Pas de panique. COS, Zara et H&M proposent chacune leur version à des prix abordables.
On peut aussi opter pour la version jeans, délicieusement vintage. Un doux rappel de notre regrettée Lady Diana.
Enfin, d'aucuns n'hésitent pas à l'associer avec des bottes. Mais là, pour les jets de tomate, on ne vous garantit rien.
Dans tous les cas... Canalisez votre grand-papa intérieur, et amusez-vous. Longue vie au bermuda!