Un matin de décembre, à la rédaction, alors que je commençais justement à méditer sur la tenue appropriée pour franchir le cap fatidique de 2024, ma chère et tendre collègue Margaux, son douzième café à la main, est venue m'arracher à mes réflexions philosophiques.
Ouh! Question piège. A en juger par les sourcils froncés de ma consœur, ma réponse va me valoir quelques mauvais points. Je lui avoue piteusement que je fais partie de ces humains communs et basiques qui adooooooorent abuser des strass à Nouvel An. Justement, cette année, je me tâte entre plusieurs options:
Sans surprise, les yeux de Margaux font un triple salto arrière. «Mais vous avez quoi, TOUTES, à foutre vos robes pailletées à Nouvel An?!» s'exaspère mon interlocutrice, avant d'embrayer sur le récit d'une soirée précédente, lorsque, affublée d'une jupe en cuir et d'un t-shirt des Stones, elle débarque au milieu d'une soirée remplie de «quiches brillantes».
Je lui demande si cette expérience s'est avérée traumatisante au point de développer une phobie des sequins. Heureusement pour Margaux, pas du tout. Seulement, en bonne punkette qui se respecte, elle adore détonner. Elle préfère donc enfiler ses fringues à paillettes «un 23 mars ou un 2 juillet», ou n'importe quel jour de l'année qui lui permettront de rayonner vraiment au milieu de l'open space.
Ma drama queen de collaboratrice tourne les talons pour rejoindre ses appartements, laissant derrière elle une fervente défenseuse du droit aux paillettes méditer sur cette conversation.
Au fond, Margaux a raison.
C'est vrai quoi, pourquoi la boule à facette qui sommeille en nous ne se réveille qu'une fois par an, simultanément? Pour constituer une chaîne humaine lumineuse géante? Moi qui éprouve un certain plaisir à me démarquer avec des tenues bizarres le reste du temps, pourquoi céder à ce déferlement de robes de pupute étincellantes, le soir du 31?
L'espace d'une chronique, me voilà mutée en sociologue de la robe à paillettes (à défaut d'avoir trouvé un spécialiste). Cela dit, pas besoin d'avoir fait 12 ans d'études pour piger d'où vient cette pulsion brutale de se fringuer comme pour le festival de Cannes, alors que le seul tapis qu'on s'apprête à fouler, c'est la moquette grisâtre d'un studio à Veysonnaz.
Sortir les brillants en même temps que les huîtres et le mousseux bon marché du frigo, ça fait du bien. Qu'on préfère opter pour un «sobre» veston à sequins noirs ou l'artillerie lourde (façon 21e anniversaire de Paris Hilton), qu'on soit Thérèse, Chantal, Vanessa, Sophie, Timothée ou Mandarine, qu'on passe sa soirée au MAD, entre amis ou avec son amoureux, calé bien au chaud dans son canapé. Au fond, un bon shot de paillettes, c'est un excellent moyen d'entamer l'année sur une note pas trop dépressive.
Longue, courte, moulante, dorée, argentée, à chacun sa version de la tenue de fêtes, pourvu que ça brille à en faire mal aux yeux et que ça pétille comme des feux d'artifices. On est trop blasés le reste du temps pour se priver de petits moments de folie collective. Même si ça nous transforme en une bande de brillants moutons.
Ma thèse terminée, je vous laisse, j'ai une robe clinquante à choisir. Et puisse 2024 vous être une année tout aussi étincelante.