Le Parlement européen est un «blob qui engloutit tout», il faut donc veiller à ce que les élus ne se fassent pas «manger par le blob»: pour son premier interrogatoire devant le tribunal à Paris, la cheffe de file de l'extrême droite française Marine Le Pen a multiplié lundi les métaphores, quitte à esquiver les questions précises pour se défendre sur le terrain politique.
«On n'a pas eu notre réponse mais nous allons l'avoir, je n'en doute pas», dit patiemment la présidente Bénédicte de Perthuis, qui a déjà demandé plusieurs fois à Mme Le Pen «comment» elle avait choisi ses assistants parlementaires au Parlement européen, quand elle y avait été élue pour la première fois, en 2004.
«C'était il y a 20 ans», alors «les détails», Marine Le Pen, tailleur noir et dossiers posés à côté du pupitre, va avoir du mal à les donner.
A la barre, Mme Le Pen élude les questions directes, mais s'épanche longuement sur le «contexte». Elle raconte ces «débuts» au Parlement européen, où les eurodéputés FN «étaient trois, puis sept», «sans groupe» (ils sont aujourd'hui 30).
«Je n'ai absolument pas le sentiment d'avoir commis la moindre irrégularité, la moindre illégalité», répète-t-elle comme depuis le début du procès.
Reste qu'au bout de près de deux heures, le tribunal n'aura pas vraiment réussi à évoquer le coeur du sujet du jour, le contrat qui l'a liée pendant cinq ans à Catherine Griset, en tant que son assistante parlementaire (l'accusation considère qu'elle était surtout sa cheffe de cabinet au parti), tant Marine Le Pen multiplie les digressions.
«Le Parlement européen fonctionne d'une telle manière qu'il engloutit les députés comme un blob», un organisme vorace absorbant tout sur son passage, démontre-t-elle notamment:
Alors, «le rôle» du responsable politique, c'est de dire «coucou, on fait de la politique», pour que les élus «ne soient pas perdus pour la cause». «Ils le doivent aux militants qui sont allés coller des affiches la nuit, sous la pluie, parfois sous la neige», s'emporte-t-elle. (ats/afp)