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Mafieux marseillais: «Ils ne pourront pas tuer tout un peuple»

This video grab made on November 14, 2025 from an AFP footage dated July 7, 2024 shows Mehdi Kessaci, brother of Amine Kessaci, founder of the association Conscience and former candidate in the 3rd co ...
Mehdi Kessaci, 20 ans, assassiné le 13 novembre à Marseille.Image: AFP

Marseille face à la mafia: «Ils ne pourront pas tuer tout un peuple»

En lutte contre la mafia des narcotrafiquants, le frère du jeune assassiné le 13 novembre à Marseille, Amine Kessaci, appelle la population au sursaut. Une marche blanche est organisée samedi dans la citée phocéenne, où plusieurs avocats, militants et journalistes vivent actuellement sous protection policière
20.11.2025, 11:5420.11.2025, 15:41

La mafia se reconnaît à ce qu’elle ne recule pas devant l’horreur. Jusqu’ici limitée aux «règlements de compte», la violence liée au narcotrafic marseillais semble avoir pris un tour résolument mafieux avec l’exécution, le 13 novembre, en plein après-midi, de plusieurs balles, de Mehdi Kessaci, 20 ans. La victime, qui préparait l’école de police, est le frère d’Amine Kessaci. Ce militant écologiste se bat contre le narcotrafic dans la cité phocéenne depuis l’assassinat d’un autre de ses frères, Brahim, en 2020, retrouvé calciné dans le coffre d’une voiture, victime d’un règlement de comptes.

Une atmosphère Cosa Nostra

Une marche blanche est organisée samedi à Marseille pour rendre hommage à Mehdi. Le nombre de participants renseignera sur la détermination des Marseillais à lutter contre les intimidations meurtrières des narcotrafiquants, partant, sur la peur qu’inspirent ces derniers à la population, ainsi qu'aux institutions garantes de l'Etat de droit. On pense aux manifestations siciliennes contre Cosa Nostra au temps où cette dernière semait la terreur en s’en prenant pareillement aux fratries.

Ce jeudi matin sur la radio France Inter, Amine Kessaci, 22 ans, auteur de Marseille essuie tes larmes : vivre et mourir en terre de narcotrafic (éditions Le bruit du monde), un livre paru le 15 octobre, a dit prendre la parole «avant tout pour [sa] maman, qui a déjà enterré un enfant et qui, mardi dernier, a enterré un second enfant, et pour toutes ces mères qui ont perdu des enfants et qui tiennent debout». Parlant de Mehdi:

«Mon petit frère n’était connu dans aucune affaire, dans aucun dossier. [Il] était fier du combat que je menais du combat que je menais pour notre frère Brahim. (…) Si on veut garantir la sécurité de celles et ceux qui prennent la parole, si toutes les personnalités politiques veulent que des gens comme moi puissent vivre, puissent continuer leur combat [contre le trafic de drogue], ils doivent parler. Si on est des milliers de nouveaux visages à apparaître sur ces sujets, ils ne pourront pas tuer tout un peuple.»
Amine Kessaci, sur France Inter, 20 novembre 2025
Amine Kessaci, ce jeudi 20 novembre 2025 sur France Inter.Vidéo: YouTube/France Inter

Le suspect: «Le prisonnier le plus sensible de France»

Le commanditaire suspecté de l’assassinat de Mehdi Kessaci est un certain Amine O., actuellement en prison. Le journal Le Parisien écrit à son sujet mercredi 19 novembre:

«Il est le prisonnier le plus sensible de France et pourtant, peu connaissent sa véritable identité et son parcours. La simple évocation de ses pseudonymes – "Mamine" ou encore "Jalisco" et "Nemesio", en référence à un cartel mexicain – suffit à inspirer la terreur, tant on lui prête la capacité de pouvoir faire exécuter n’importe qui depuis sa cellule. A 31 ans, Amine O., né à Marseille, est soupçonné d’être le véritable chef opérationnel de la DZ Mafia en France, un gang de narcotrafiquants historiquement phocéens qui, par l’extrême violence, tente de devenir une organisation criminelle mafieuse transnationale.»
La Parisien, 19 novembre 2025

On a appris mercredi qu’Amine O. avait été transféré la veille de la prison de Villefranche-sur-Saône, dans le département du Rhône, vers celle, de haute sécurité, destinée aux narcotrafiquants les plus dangereux, de Condé-sur-Sarthe, dans l’Orne.

Cité par Libération, le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, a expliqué les circonstances dans lesquelles a été tué Mehdi Kessaci:

«Une moto s’est postée à hauteur du véhicule de la victime, qui venait de se garer. Le passager arrière a alors tiré à plusieurs reprises sur le conducteur, qui était toujours dans sa voiture. La police a tenté d’interpeller l’auteur des faits, mais la moto sur laquelle se trouvaient le tueur [et un] pilote a pu s’échapper.»
Nicolas Bessone, procureur de la République, à Libération

Peur, recueillement et colère à Marseille 👇

Vidéo: extern / rest

«Assassinat d’avertissement»

Nicolas Bessone n’exclut pas l’hypothèse d’un «assassinat d’avertissement». Dans son livre Marseille, essuie tes larmes (éditions Le bruit du monde, 2025), Amine Kessaci, placé sous protection policière, comme le reste de sa famille depuis l’assassinat de son petit frère Mehdi, raconte le poison de la drogue et ses conséquences. Il pourrait rejoindre la liste du maire sortant (PS) de Marseille, Benoît Payan, en vue des élections municipales de mars prochain.

A Marseille, plusieurs avocats, militants et journalistes vivent actuellement sous protection policière.

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