Marseille face à la mafia: «Ils ne pourront pas tuer tout un peuple»
La mafia se reconnaît à ce qu’elle ne recule pas devant l’horreur. Jusqu’ici limitée aux «règlements de compte», la violence liée au narcotrafic marseillais semble avoir pris un tour résolument mafieux avec l’exécution, le 13 novembre, en plein après-midi, de plusieurs balles, de Mehdi Kessaci, 20 ans. La victime, qui préparait l’école de police, est le frère d’Amine Kessaci. Ce militant écologiste se bat contre le narcotrafic dans la cité phocéenne depuis l’assassinat d’un autre de ses frères, Brahim, en 2020, retrouvé calciné dans le coffre d’une voiture, victime d’un règlement de comptes.
Une atmosphère Cosa Nostra
Une marche blanche est organisée samedi à Marseille pour rendre hommage à Mehdi. Le nombre de participants renseignera sur la détermination des Marseillais à lutter contre les intimidations meurtrières des narcotrafiquants, partant, sur la peur qu’inspirent ces derniers à la population, ainsi qu'aux institutions garantes de l'Etat de droit. On pense aux manifestations siciliennes contre Cosa Nostra au temps où cette dernière semait la terreur en s’en prenant pareillement aux fratries.
Ce jeudi matin sur la radio France Inter, Amine Kessaci, 22 ans, auteur de Marseille essuie tes larmes : vivre et mourir en terre de narcotrafic (éditions Le bruit du monde), un livre paru le 15 octobre, a dit prendre la parole «avant tout pour [sa] maman, qui a déjà enterré un enfant et qui, mardi dernier, a enterré un second enfant, et pour toutes ces mères qui ont perdu des enfants et qui tiennent debout». Parlant de Mehdi:
Le suspect: «Le prisonnier le plus sensible de France»
Le commanditaire suspecté de l’assassinat de Mehdi Kessaci est un certain Amine O., actuellement en prison. Le journal Le Parisien écrit à son sujet mercredi 19 novembre:
On a appris mercredi qu’Amine O. avait été transféré la veille de la prison de Villefranche-sur-Saône, dans le département du Rhône, vers celle, de haute sécurité, destinée aux narcotrafiquants les plus dangereux, de Condé-sur-Sarthe, dans l’Orne.
Cité par Libération, le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, a expliqué les circonstances dans lesquelles a été tué Mehdi Kessaci:
Peur, recueillement et colère à Marseille 👇
«Assassinat d’avertissement»
Nicolas Bessone n’exclut pas l’hypothèse d’un «assassinat d’avertissement». Dans son livre Marseille, essuie tes larmes (éditions Le bruit du monde, 2025), Amine Kessaci, placé sous protection policière, comme le reste de sa famille depuis l’assassinat de son petit frère Mehdi, raconte le poison de la drogue et ses conséquences. Il pourrait rejoindre la liste du maire sortant (PS) de Marseille, Benoît Payan, en vue des élections municipales de mars prochain.
A Marseille, plusieurs avocats, militants et journalistes vivent actuellement sous protection policière.
