D'après un conseil répandu en France au XVIIIe siècle, celui qui voulait un garçon plutôt qu’une fille devait se nouer le testicule gauche. Dans d'autres cultures, on conseillait aux femmes de se tourner sur le côté gauche après le rapport sexuel. D’autres encore misaient sur des rapports à certaines phases lunaires.
Même la biologie évolutive propose des pistes: certaines études suggèrent que les parents séduisants auraient plutôt des filles, tandis que les personnes riches, grandes ou dominantes auraient plus souvent des garçons. Toutefois, de grandes études manquent encore pour appuyer ces hypothèses.
Aujourd’hui, on considère généralement que le sexe d’un enfant est une affaire de hasard. En effet, les spermatozoïdes portent autant de chromosomes X que Y, tandis que l’ovule porte toujours un X. Deux X donnent une fille, un X et un Y donnent un garçon.
Mais si tout cela n’est que hasard - pourquoi existe-t-il alors des familles avec uniquement des garçons ou uniquement des filles? C’est la question que se sont posée le professeur de Harvard Jorge Chavarro et ses collègues, interpellés par le nombre inhabituellement élevé de ces «familles unisexes» dans leur entourage.
Les chercheurs ont voulu en savoir plus et ont analysé les données de plus de 58 000 femmes américaines ayant au moins deux enfants. Ils se sont posé deux questions:
Ils ont aussi mené une large analyse génétique. Il est important de noter que les données provenaient uniquement des mères.
Le résultat a été récemment publié dans la revue Science Advances: les femmes ayant eu leur premier enfant à partir de 28 ans avaient une probabilité légèrement plus élevée d’avoir uniquement des garçons ou uniquement des filles - comparé à celles devenues mères avant 23 ans. L’écart était de 7%, ce qui n'est pas énorme, mais statistiquement significatif. De plus, plus une femme avait déjà eu d’enfants du même sexe, plus la probabilité que l’enfant suivant soit du même sexe augmentait.
De plus, les chercheurs ont identifié deux variantes génétiques chez les mères qui favoriseraient la naissance de garçons ou de filles. D’autres facteurs examinés, comme la couleur de cheveux, le groupe sanguin, la taille corporelle, le poids à l’adolescence ou l'origine ethnique, n’ont en revanche montré aucun lien avec la répartition des sexes dans les familles.
Selon les chercheurs, d’autres études doivent maintenant explorer le rôle du mode de vie, de l’environnement et d’autres facteurs génétiques. L’influence des pères n’a, jusqu’à présent, pas été prise en compte - elle pourrait pourtant jouer un rôle non négligeable dans le grand mystère du sexe des enfants.
Traduit de l'allemand par Anne Castella.