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Prison pour Marine Le Pen, interdite d'élection présidentielle

Marine Le Pen à son arrivée à son procès à Paris
Marine Le Pen à son arrivée au tribunal ce lundi à ParisImage: EPA

Prison ferme pour Marine Le Pen, interdite d'élection présidentielle

Le tribunal correctionnel de Paris a rendu une décision historique dans le procès pour détournement de fonds publics visant la cheffe du RN. Sa candidature au scrutin présidentiel de 2027 est compromise.
31.03.2025, 10:3631.03.2025, 13:39
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Le couperet est tombé: Marine Le Pen est reconnue coupable de détournement de fonds publics. Elle est condamnée à 4 ans de prison, dont deux ferme sous bracelet électronique, et 5 ans d'inéligibilité avec exécution provisoire. La cheffe de file d'extrême droite ne peut, en théorie, plus être candidate à la présidentielle française de 2027, alors qu'elle était favorite.

La politicienne peut toutefois faire appel de la décision de justice. Notons, que l'élue a quitté la salle d'audience avant le prononcé de sa peine, signe qu'elle ne l'accepte pas, selon de nombreux observateurs.

Le parti Front national, devenu Rassemblement national, a de son côté été condamné à deux millions d'euros d'amende, dont un million ferme, ainsi qu'à la confiscation d'un million d'euros saisis pendant l'instruction.

Vingt-trois autres prévenus ont été condamnés à des peines allant de 6 mois de prison avec sursis à 4 ans dont 2 ans ferme - la peine maximale ayant été prononcée pour Marine Le Pen - assorties, selon les cas, d'amendes et de peines d'inéligibilité, parfois avec sursis. Un seul prévenu a été relaxé.

Favorite après trois échecs

Cette décision tenu en haleine la classe politique en France, depuis que l'accusation a requis fin novembre à l'encontre de Le Pen, à la surprise générale, une peine de cinq ans d'inéligibilité «avec exécution provisoire», c'est-à-dire s'appliquant immédiatement, même en cas d'appel de l'intéressée.

Le Pen, 56 ans, ne pourra a priori pas participer au prochain scrutin présidentiel prévu en 2027, où elle apparaît désormais favorite après trois tentatives infructueuses.

L'accusation a requis également cinq ans de prison dont deux fermes, aménageables en travaux d'intérêt public, et 300 000 euros d'amende. Huit eurodéputés de son parti, le Rassemblement national (RN), ont également été reconnus coupables de détournement de fonds publics.

Le tribunal a estimé que le préjudice total était de 2,9 millions d'euros, les eurodéputés RN «ayant fait prendre en charge par le Parlement européen des personnes qui travaillaient en réalité pour le parti» d'extrême droite.

«Je lis ici et là que nous serions fébriles. Personnellement, je ne le suis pas», commentait dimanche la députée dans l'hebdomadaire La Tribune Dimanche. «Dans tous les cas de figure, ça ne nous affaiblira pas», a estimé lundi le vice-président du parti Louis Aliot, condamné à 3 ans d’inéligibilité.

Une décennie à polir l'image du Rassemblement National

Marine Le Pen est donnée largement en tête du premier tour d'un prochain scrutin présidentiel, avec 34% à 37% des intentions de vote selon un sondage publié dimanche. Ce n'est cependant pas un gage de succès final car elle a déjà échoué en 2017 puis en 2022 au second tour face à l'actuel président Emmanuel Macron, qui ne peut pas se représenter.

Mais dans une Assemblée très fractionnée, elle dirige le groupe parlementaire le plus important, capable de faire tomber à tout moment le gouvernement.

Le Pen espérait enfin récolter en 2027 les fruits d'une grosse décennie passée à polir l'image du parti fondé par son père Jean-Marie Le Pen, condamné pour propos racistes et antisémites, et décédé le 7 janvier.

Un «système organisé, systématisé»

Initialement nommée Front National, la formation a été rebaptisée Rassemblement national en 2018. Si la lutte contre l'immigration reste au cœur de son programme et «la menace islamiste» l'antienne de ses discours, Le Pen a notamment renoncé à sortir de l'euro.

Président du parti, Jordan Bardella a été la semaine dernière le premier dirigeant du RN invité par le gouvernement israélien, comme pour faire oublier les jeux de mots à consonance antisémite affectionnés par le «patriarche» Jean-Marie Le Pen. Le Parlement européen estime le préjudice à 4,5 millions d'euros.

Selon l'accusation, le Front national avait mis en place un «système organisé, systématisé» ayant permis entre 2004 et 2016 de faire du Parlement européen la «vache à lait» du parti, en utilisant les enveloppes de 21 000 euros par mois, auxquelles les députés européens ont droit, pour rémunérer des assistants parlementaires «fictifs».

Un plan B comme Bardella?

Pendant huit semaines à l'automne dernier, neuf anciens eurodéputés FN - dont Marine Le Pen - ont comparu avec 12 personnes soupçonnées d'avoir bénéficié d'emplois fictifs (recel), le trésorier et les experts-comptables du parti (complicité). Tout au long du procès, Le Pen n'a cessé de clamer son innocence.

La peine d'inéligibilité est obligatoire pour le délit de détournement de fonds publics reproché à Le Pen, mais la demande de son application immédiate a surpris. Certains adversaires politiques du RN craignent qu'une telle décision soit incomprise d'une large partie de l'opinion, et qu'elle ne fasse in fine le jeu du parti d'extrême droite.

Jordan Bardella apparaît comme une alternative toute trouvée. L'ambitieux dirigeant de 29 ans bénéficie d'une large cote de sympathie. Légèrement supérieure, même, à celle de son mentor selon un récent sondage. (jzs/afp)

Ces influenceuses d'extrême droite ne sont pas réelles
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