Cette tactique de Trump est «inédite dans l'histoire moderne»
De l'Europe à l'Amérique latine, Donald Trump multiplie les faits d'ingérence dans les affaires intérieures de pays alliés ou non, y compris lors d'élections.
Faisant fi des usages diplomatiques, le président américain n'hésite pas à distribuer bons et mauvais points à tel ou tel dirigeant étranger, et à s'ingérer dans les campagnes électorales à coup de messages sur son réseau social.
Du jamais vu dans l'histoire moderne
Cela n'est pas nouveau, en particulier en Amérique latine, que les Etats-Unis voient comme une chasse gardée. Mais aucun président moderne ne l'a fait de manière aussi effrontée que Donald Trump, selon des experts.
Thomas Carothers, du think tank Carnegie Endowment for International Peace à Washington, confie:
Dernier exemple en date: le Honduras, un pays de 11 millions d'habitants parmi les plus pauvres et instables d'Amérique latine. Donald Trump avait menacé sur son réseau Truth Social, sans apporter de preuves soutenant sa déclaration:
Le dirigeant républicain avait expressément soutenu l'homme d'affaires Nasry Asfura, quelques jours avant les élections de dimanche, disant qu'il «ne pourrait pas travailler» avec la candidate de la gauche au pouvoir Rixi Moncada «et les communistes», mais aussi qu'il ne faisait «pas confiance» au candidat et présentateur de télévision Salvador Nasralla.
Les deux candidats de droite, Asfura et Nasralla, étaient encore hier quasiment à égalité alors que le dépouillement se poursuit encore, selon le Conseil national électoral. Aujourd'hui, une faible tendance favorable à Nasralla se dessine, et un peu plus des deux tiers des bulletins ont été pris en compte. L'élection va, semble-t-il, se jouer à un cheveu.
Un schéma qui se répète dans plusieurs pays
Que ce soit en Argentine, où il s'était empressé d'appuyer son allié Javier Milei, ou encore en Equateur et en Colombie, Donald Trump tente d'influer sur le résultat d'élections, mais aussi des procédures en justice, comme pour l'ex-président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro, condamné pour coup d'Etat.
Donald Trump n'hésite pas non plus à conditionner l'aide américaine à ses affinités avec leurs dirigeants: il a assuré que, si Asfura «ne remporte pas les élections, les Etats-Unis ne gaspilleront pas leur argent» au Honduras.
Pour Will Freeman, expert de l'Amérique latine au Council on Foreign Relations à New York:
«Mais je ne pense pas que ces tentatives d'ingérence soient couronnées de succès dans tous les cas», ajoute-t-il en citant en particulier le Brésil du président Lula ou la Colombie de Gustavo Petro.
Quant au Venezuela, dirigé d'une main de fer par Nicolas Maduro, Trump fait planer la menace d'une intervention militaire, officiellement au nom de la guerre contre le trafic de drogue.
Des interventions également en Europe
Ailleurs dans le monde, le président Trump a écrit à son homologue israélien Isaac Herzog pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahou, poursuivi pour corruption.
Il a en outre appelé les Européens à mieux traiter son allié et «ami», le Premier ministre hongrois Viktor Orban.
En mai dernier, deux semaines avant la présidentielle en Pologne, Trump avait reçu l'historien Karol Nawrocki, promu par l'opposition nationaliste du Droit et Justice (PiS), suscitant des accusations d'ingérence américaine.
L'administration Trump mène aussi une large offensive contre la «détérioration», selon elle, des droits humains en Europe, dont en Allemagne, au Royaume-Uni ou en France, visant notamment les restrictions à la liberté d'expression.
Epousant les vues des partis de droite comme l'AfD, le vice-président américain JD Vance avait accablé les Allemands et, plus généralement, les Européens, lors d'un discours à Munich en février dans lequel il avait affirmé que la liberté d'expression «reculait» dans le continent.
«C'est différent de la période de la Guerre froide, où les Etats-Unis favorisaient souvent une personne en particulier, mais pour des raisons géostratégiques», souligne Carothers avant d'ajouter:
