C'est une percée historique. Le Parti de la Liberté (FPÖ) a raflé 29,2% des suffrages lors des élections législatives qui se sont tenues ce dimanche en Autriche. La formation d'extrême droite réalise ainsi un bond de treize points par rapport au scrutin de 2019.
On s'attendait à un exploit, mais le FPÖ a fait encore mieux que ce que prédisaient les sondages. Le parti identitaire, fondé par d'anciens nazis, est tellement extrême qu'aucune autre formation ne veut bâtir une coalition avec lui. Pour cette raison, son leader Herbert Kickl est loin d'être assuré d'accéder à la chancellerie, voire même au gouvernement.
N'empêche: avec le résultat obtenu ce dimanche, le FPÖ devient la première force politique du pays. Un résultat qui s'inscrit dans une tendance plus large, qui a vu les partis d'extrême droite exploser à travers le Vieux Continent.
Ceux-ci sont désormais représentés dans la presque totalité des parlements européens, comme le montre un coup d'oeil aux résultats des dernières élections législatives, entre 2020 et 2024. En l'espace de sept ans, ces partis ont doublé leur part de sièges, pour atteindre plus de 20% du total.
La carte ci-dessus est basée sur la classification établie par le projet «The PopuList», formé par plus de 100 chercheurs qui analysent les partis européens depuis plus de 30 ans. D'après eux, les formations d'extrême droite («far right» en anglais) sont hostiles à l'immigration et «croient en une société strictement ordonnée, dans laquelle les violations de l'autorité doivent être sévèrement punies».
La plupart de ces partis ont obtenu d'importants scores lors des dernières élections législatives. C'est notamment le cas de la France, où le Rassemblement national (RN) a obtenu 32,1% des voix au deuxième tour. Un pourcentage qui rappelle ceux obtenus par des formations d'Europe orientale, telles que le PiS en Pologne (35,4%) ou le Fidesz hongrois, qui a raflé plus de la moitié des voix en 2022.
Le phénomène n'épargne pas l'Europe du Nord. Aux Pays-Bas, en Suède ou en Finlande, par exemple, les partis d'extrême droite ont cumulé plus de 20% des voix lors des dernières législatives. L'Espagne et le Portugal sont également concernés.
Dans certains pays, les partis de droite constituent même la principale force politique. En Finlande ou en Slovaquie, ils sont partenaires de coalition. En Italie et en Hongrie, ils sont à la tête du gouvernement.
Cet essor peut s'expliquer par l'immigration constante, les changements sociaux majeurs et les crises telles que la pandémie de coronavirus, avance le Tages-Anzeiger. Le quotidien zurichois souligne par ailleurs que l'UDC est «le parti populiste de droite idéal». Il est en effet classé comme tel par l'équipe de «The PopuList».
La croissance électorale de l'UDC dans les années 1990 «s'est accompagnée d'une radicalisation idéologique», notent les chercheurs, qui imputent ce changement à l'action de Christoph Blocher. Ce dernier «a orienté le parti dans une direction plus populiste, xénophobe et eurosceptique».
L'UDC n'est pas le seul parti suisse présent dans le classement de «The PopuList». L'Union démocratique fédérale (UDF) et la Ligue des Tessinois sont également considérées comme des partis d'extrême droite.