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Voici la mission des Rafale français déployés face à Poutine

A French Rafale fighter jet takes off during a joint mission with Polish F16s at an air base in Minsk Mazowiecki on September 17, 2025, as part of the Eastern Sentry mission, following Warsaw's a ...
Un Rafale français décollant de la base de Minsk Mazowiecki. Pologne, le 17 septembre 2025.Image: AFP

Voici la mission des Rafale français déployés face à Poutine

Trois Rafale français sont en mission en Pologne sous pavillon de l'Otan pour détruire d'éventuels drones russes menaçant les pays de l'Alliance atlantique. Reportage.
18.09.2025, 05:3418.09.2025, 05:34
Mathieu RABECHAULT, Mińsk Mazowiecki, Pologne / afp

Les deux Rafale français s'envolent au-dessus des zones boisées de la campagne polonaise. Leur mission: intercepter tout drone russe qui franchirait les frontières de l'Otan, dans le cadre de l'opération «sentinelle orientale» déclenchée vendredi par l'Alliance atlantique.

Quelques minutes plus tôt, la sonnerie a retenti dans le hangar qui héberge le détachement de 68 militaires français sur la base de Minsk Mazowiecki, à une cinquantaine de kilomètres de Varsovie.

A French Air Force pilot gets ready for take off in a Rafale fighter jet prior to a joint mission with Polish F16s at an air base in Minsk Mazowiecki on September 17, 2025, as part of the Eastern Sent ...
Un pilote de l'armée de l'air française se prépare à décoller à bord d'un Rafale avant une mission conjointe avec des F16 polonais le 17 septembre 2025.Image: AFP

«Prête à décoller au coup de sifflet»

Les capitaines Justine et Hugo, dont le patronyme ne peut être dévoilé, s'équipent alors et rejoignent en quelques minutes leur avion, armé de quatre missiles air-air Mica et d'un canon de 30 mm. «L'équipe d'alerte vit sur place, prête à décoller au coup de sifflet», explique le commandant Victor, chef du détachement dépêché par Paris pour participer à cette mission de l'Otan.

Celle-ci a été décidée vendredi après l'intrusion en Pologne dans la nuit du 9 au 10 septembre de 19 drones russes à longue portée depuis la Biélorussie et l'Ukraine voisines. Trois de ces drones ont été abattus dans l'espace aérien polonais, une première dans l'histoire de l'Alliance créée en 1949.

«Dangereux et inacceptable»

«Intentionnel ou non, c'est dangereux. Et inacceptable», a justifié le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte en annonçant l'opération destinée à renforcer le flanc oriental de l'Alliance. Des Eurofighter allemands et britanniques, ainsi que des F-16 danois, déployés sur d'autres bases, participent également à «Eastern Sentry».

La position de la base de Minsk Mazowiecki rend la contribution des trois Rafale français essentielle, estime le lieutenant-colonel Marcin Boruta, de l'armée de l'air polonaise, car elle est située à 120 kilomètres de la frontière bélarusse et 150 kilomètres de l'Ukraine, et «c'est la base la plus importante à l'Est de Varsovie».

A French Rafale fighter jet is seen after landing following a joint mission with Polish F16s at an air base in Minsk Mazowiecki on September 17, 2025, as part of the Eastern Sentry mission, following  ...
Un avion de chasse français Rafale après son atterrissage à la suite d'une mission conjointe avec des F16 polonais à une base aérienne à Minsk Mazowiecki le 17 septembre 2025.Image: AFP

Heureux hasard, les trois Rafale étaient déjà en Pologne depuis quelques jours dans le cadre d'un exercice, dit «ACE» de l'Otan, visant à disséminer sur court préavis une force aérienne sur différentes bases.

«On était les premiers déployés»

Quelques heures après le lancement d'Eastern Sentry, «on était les premiers déployés, nos avions étaient prêts à prendre l'alerte», selon le capitaine Lucas, navigateur-officier systèmes d'armes sur Rafale. Celle-ci n'a pas tardé: dès samedi, deux Rafale ont eu un «Alpha scramble», un «déclenchement réel», décrypte le capitaine Lucas.

Le commandement des opérations aériennes, basé en Allemagne, «nous a demandé d'aller chercher des drones qui avaient été détectés au-dessus des territoires ukrainien et biélorusse en direction de la Pologne». Ces drones n'ont finalement pas franchi la frontière et n'ont donc pas été interceptés.

Missile ou obus de canon?

En cas d'intrusion en Pologne de drones Gueran-2 bourrés d'explosifs ou de Gerbera, des drones leurres et d'observation, comme ceux que Moscou lance par centaines quasiment chaque nuit contre l'Ukraine, les avions de chasse de l'Otan ont pour mission de les trouver, de les identifier, de «remonter l'information» et le cas échéant de les détruire.

French Air Force pilots prepare for a joint mission with Polish F16s at an air base in Minsk Mazowiecki on September 17, 2025, as part of the Eastern Sentry mission, following Warsaw's accusation ...
Des pilotes de l'armée de l'air française se préparent pour une mission conjointe avec des F16 polonais sur une base aérienne à Minsk Mazowiecki le 17 septembre 2025.Image: AFP

Faut-il neutraliser un drone de quelques dizaines de milliers d'euros avec un missile en coûtant 600 000 ou privilégier les obus de canon, bien moins onéreux? Pour le capitaine Lucas, le coût n'entre pas en ligne de compte. , explique-t-il.

«Ce qui va déterminer, c'est le risque consenti, les passes canon ne sont pas simples et ça va dépendre de la proximité avec le sol»
Le capitaine Lucas

Face à des drones volant à faible vitesse à quelques centaines de mètres d'altitude, tirer au canon peut s'avérer dangereux à proximité de zones habitées.

Outre le message de solidarité entre Etats de l'Otan, l'appartenance des trois Rafale déployés en Pologne aux Forces aériennes stratégiques (FAS), la composante nucléaire aéroportée française, répond à un «choix qui n'est pas anodin», estime Etienne Marcuz, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).

la parole présidentielle «crédibilisée»

«Le déploiement des FAS en Pologne crédibilise la parole présidentielle sur la dimension européenne de la dissuasion française en la concrétisant», explique-t-il sur X, alors que le président Emmanuel Macron s'est dit «prêt à engager un dialogue stratégique avec nos partenaires européens qui y sont prêts».

- Monstre L'histoire d'Ed Gein
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