C'est une manière, peut-être involontaire, de rappeler que cette guerre tire en longueur. Dans trois mois, ça fera deux ans que Vladimir Poutine a lancé son offensive contre l'Ukraine. Dans une interview exclusive au média britannique The Sun, Volodymyr Zelensky s'est confié, presque désabusé, sur le nombre de tentatives d'assassinat auxquelles il aurait réchappé depuis le mois de février 2022.
Dans la bouche du président, le maître du Kremlin a tenté de liquider Zelensky «cinq fois, au moins, peut-être six, ou plus. Je ne sais pas». En 2022, les services secrets évoquaient pourtant déjà une dizaine de tentatives infructueuses de la part de la Russie. Si le chiffre importe finalement assez peu, c'est son attitude, face à cette faucheuse qui revient ponctuellement toquer à sa porte, qui est intéressante.
Face au journaliste anglais Jerome Starkey, qui s'est envolé pour Kiev afin de recueillir son témoignage «en exclusivité» et en vidéo, Zelensky poursuit sur le même ton: «Comme le Covid, au début, les gens ne savent pas quoi en faire et ça a l'air très effrayant».
Zelensky précise qu'il n'a pas l'assurance d'être désiré mort et enterré par Vladimir Poutine. Ce qui est certain, c'est que «depuis bientôt trois ans», le Kremlin n'a pas abandonné l'idée de le «destituer» et «ils utiliseraient tous les moyens qu'ils ont à disposition».
Il donne ensuite quelques précisions sur la mission secrète du Kremlin qui consiste à l'évincer. Une mission qui arrive à échéance à la fin de l'année: «L’opération russe s'appelle Maidan 3. Elle vise simplement à changer de président en Ukraine. Nous sommes bientôt à terme. Et après?»
En fin d'entretien, le président en a profité pour désavouer son état-major, qui évoquait récemment un conflit «qui est dans l'impasse». Il évoque néanmoins «des difficultés» sur le champ de bataille où «il nous manque des résultats plus positifs». Il enchaîne alors sur la mainmise de la Russie dans les airs: «Oui, les Russes ont plus de pouvoir dans ce domaine.»
Le journaliste demande enfin à Zelensky si l'Ukraine avait officiellement, elle aussi, le projet de tuer Vladimir Poutine.
La réponse, elle, sera poliment déviée en touche.
Et la paix dans tout ça? «Nous ne croyons toujours pas que Poutine, ou la Russie, veulent mettre fin à la guerre. Ils veulent nous tuer. Et nous, nous voulons la justice. Nous ne parlons donc pas de paix à tout prix.»