Qui va mourir en 2026?
Qui va mourir en 2026?
Lancée ainsi, la question paraît totalement déplacée. Du moins... particulièrement cynique. On ne spécule pas sur le décès futur des gens. Ça ne se fait pas, comme on dit. Il suffit d’observer les réactions logiquement outrées lorsqu’un média ou un internaute annonce par erreur la disparition d’une personnalité. Or, force est de constater que... tout le monde parie sur la mort prochaine des figures publiques.
En 2012, des rumeurs faisaient état du décès de l’acteur Morgan Freeman. Bon joueur, il avait réagi publiquement avec humour: «J’espère que ce n’est pas vrai». Près de 15 ans plus tard, ses fans se sont inquiétés à plusieurs reprises de la fatigue apparente du géant d’Hollywood, âgé de 88 ans. Lorsqu’il semblait «égaré» sur le plateau du Jennifer Hudson Show, mais aussi après la publication d’une vidéo tournée début décembre dans les rues de New York, le dévoilant «très affaibli».
🔥🚨DEVELOPING: Fans are worried about Morgan Freeman’s health after he was spotted in New York today. pic.twitter.com/oEWej0tuTz
— Dom Lucre | Breaker of Narratives (@dom_lucre) December 1, 2023
La plupart du temps, nous anticipons la mort des grands de ce monde avec une boule au ventre et la larme dans les starting-blocks. C’est notamment le cas de Bruce Willis, souffrant d’une démence fronto-temporale, dont les bilans de santé offerts régulièrement par ses proches bouleversent à chaque fois la planète.
Pour nourrir les spéculations, nul besoin d’être particulièrement créatif. L’âge, les maladies connues et l’état de santé général (physique comme psychologique), permettent de tirer les premières sonnettes d’alarme. Du moins en ce qui concerne les stars du divertissement et les élus qui ont raccroché.
Pour ce qui est des puissants encore en exercice, de Vladimir Poutine à Donald Trump, en passant par Joe Biden, Volodymyr Zelensky ou le roi Charles III, la mort est à la fois une véritable affaire d’Etat et... une arme politique souvent sournoise.
Ces dernières semaines, il était impossible d’ouvrir un média américain sans que la santé du 47e président des Etats-Unis nous saute aux yeux. Oui, tout comme Joe Biden lors de la campagne de 2024.
Son bandage à la main, ses chevilles enflées ou, pas plus tard que cette semaine, la «cadence excessivement rapide et maniaque» de son adresse à la Nation, tout est bon pour présager de la chute définitive du gourou MAGA: «Le rythme de ce discours est frénétique. Je suis très inquiet pour la santé du président, il a l’air souffrant», déclare le Dr Jonathan Reiner, cardiologue et analyste médical pour la chaîne CNN. Evoquer la faiblesse ou la mort prochaine d’un chef d’Etat, c’est aussi déstabiliser, même involontairement, son influence.
Dr. Jonathan Reiner on why he was alarmed by Trump's speech: "It was delivered with a manic cadence -- almost a frantic cadence ... it was disturbing to watch. It was disturbing because he's the commander in chief." pic.twitter.com/1eBYBnkn5v
— Aaron Rupar (@atrupar) December 18, 2025
En septembre dernier, nous avions papoté avec un expert passionnant de la santé des rois et des présidents, histoire de comprendre pourquoi ces morbides spéculations font partie du jeu.
En introduction, l’historien français Stanis Perez nous expliquait que la santé des présidents est «une arme de guerre» et que les plus controversés d’entre eux utilisent leur force physique et mentale comme une preuve de puissance politique: «Lorsque j’ai vu le candidat républicain se relever et lever son poing en l’air, avec le drapeau américain en arrière-plan, le sang sur son visage et les agents autour de lui, je me suis dit c’est fini, Trump a gagné».
Si la fameuse «question qui tue» ne se pose pas, un site en a pourtant fait sa macabre spécialité. Depuis 1987, le comité britannique Deathlist dresse chaque année une liste de personnalités publiques susceptibles de casser leur pipe dans les douze mois à venir.
Sur le principe des paris sportifs, le site fait chauffer les pronostics jusqu’au 31 décembre. «En 2023, il a visé juste 19 fois sur 50, échouant à une unité du record de 2020 – merci le Covid-19», rappelait Slate il y a deux ans.
Sans oublier les grands médias internationaux, du New York Times au Monde, qui se doivent d’anticiper la mort des stars et des présidents pour être à même d’offrir une «nécro» digne de ce nom et le plus rapidement possible.
En 2023, l’Agence France Presse dévoilait leurs sources et le stress qui accompagnent l’annonce de la disparition d’une personnalité: «Nous nous basons sur la famille, l’entourage ou l’agent. Le papier doit sortir dans les cinq minutes. Enfin, c’est le scénario idéal».
Plus généralement, chaque nouvelle information concernant la forme des VIP remet une pièce dans la machine. Mardi dernier, The Sun révélait que les Rolling Stones annulaient l’idée de monter une tournée européenne en 2026. Une première depuis les années 2000.
La raison? La santé du guitariste Keith Richards, qui a fêté ses 82 ans, jeudi: «Lorsqu'ils se sont enfin réunis pour discuter de la tournée, Keith a déclaré qu'il ne pensait pas pouvoir s'engager dans une tournée des stades pendant quatre mois», expliquait un critique musical anonyme au tabloïd britannique.
Or, à défaut de décéder, et à l’instar d’un Michel Drucker en France, Keith alimente les rumeurs quant à sa possible immortalité, tant le vieux rockeur parvient à tromper les assauts de la grande faucheuse.
Increvable, Keith Richards?
Alors que 2025 est à deux fondues chinoises de tirer sa révérence, les pronostics sont déjà ouverts pour l’année prochaine. Sur le site Deathlist, of course, mais également dans nos cœurs, fébriles à l’idée qu’un Clint Eastwood ou un Jean-Pierre Foucault trébuchent en 2026.
N’est-ce pas?
