«Je demande officiellement à la Cour constitutionnelle d'ANNULER l'élection», a-t-il écrit sur le réseau social X, dans un message accompagné des drapeaux de la France et de la Moldavie.
Dans un communiqué, le chef du parti AUR a ensuite précisé avoir «formellement soumis sa requête».
George Simion a recueilli 46,4% des suffrages, contre 53,6% pour le maire pro-européen de Bucarest Nicusor Dan, selon les résultats définitifs du scrutin. S'il s'était dans un premier temps proclamé président de la Roumanie, il avait ensuite concédé sa défaite au vu de l'écart net avec son adversaire.
Ce souverainiste de 38 ans, admirateur de Donald Trump, a expliqué «ne pas avoir voulu provoquer un bain de sang» en contestant les élections le soir même, ce qui aurait pu pousser ses partisans à descendre dans la rue. Mais il dit disposer de «preuves irréfutables (...) d'une tentative orchestrée» visant à influer sur le résultat des élections.
Après une virulente charge la semaine dernière contre le président français Emmanuel Macron, George Simion a de nouveau accusé Paris d'ingérence en faveur de son adversaire et appelle Pavel Durov, le fondateur de la messagerie Telegram, à témoigner devant la justice.
Dimanche, Pavel Durov a directement accusé le chef des services secrets français.
Des allégations que la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, services de renseignement), a jugé suffisamment graves pour sortir de son silence habituel. Elle a réfuté lundi «avec vigueur les allégations selon lesquelles des demandes d'interdiction de comptes, en lien avec un quelconque processus électoral, auraient été formulées à ces occasions».
Après des mois de tensions, la Roumanie espérait enfin tourner la page avec cet épilogue électoral mais le recours de George Simion risque d'envenimer le climat dans une société extrêmement polarisée, où grondent la désillusion et la colère contre une classe politique jugée corrompue et arrogante.
George Simion a pris cette décision après des commentaires d'internautes l'appelant à relever le défi. Avant cette annonce, il leur avait répondu sur la plateforme TikTok: «Oui je vais le faire! Pas de problème! Je suis un combattant, pas une mauviette, ni un traître!».
Alors qu'il avait fini largement en tête du premier tour, cet ancien hooligan a fait les frais d'une forte mobilisation dans l'entre-deux-tours des électeurs pro-européens craignant un tournant vers la Russie, dans un scrutin décisif pour l'avenir de ce pays de 19 millions d'habitants membre de l'UE et de l'Otan.
Ce sont deux visions qui s'opposaient dans les urnes: d'un côté Nicusor Dan, fervent Européen et soutien de l'Ukraine voisine, de l'autre George Simion, très critique des «politiques absurdes» de Bruxelles et opposé à l'aide à Kiev.
La Roumanie traverse depuis plusieurs mois une crise politique sans précédent depuis la chute du communisme en 1989. Tout a commencé le 24 novembre quand un candidat quasi inconnu, Calin Georgescu, est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle après une campagne massive sur TikTok.
Les autorités ont conclu à des irrégularités sur fond de soupçons d'ingérence russe, et la Cour constitutionnelle a annulé le vote. Une décision rarissime dans l'UE qui a provoqué des manifestations parfois violentes et des accusations de «coup d'Etat» reprises par l'administration Trump.
Georgescu a été exclu de la présidentielle et inculpé, passant le relais à George Simion pour briguer le poste suprême, doté du pouvoir de nommer des responsables à des postes clés et de siéger aux sommets de l'UE et de l'Otan. Un pari qui semblait gagné au vu de sa large avance à l'issue du premier tour le 4 mai. Jusqu'à la douche froide de dimanche. (mbr/ats)