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Les minorités russes ont-elles besoin de l'aide de Poutine?

People look at a destroyed Russian T-72B3 tank installed as a symbol of the Russia Ukraine war to mark the first anniversary of Russia's full-scale invasion of Ukraine, in Freedom Square in Talli ...
Un char placé sur la Place de la liberté à Tallinn, en Estonie, pour rappeler l'anniversaire de l'invasion russe en Ukraine.Image: keystone

«Libérer les Russes des nazis»: l'argument de Poutine a-t-il un sens?

«Libérer les Russes dans une Ukraine contrôlée par les nazis»: voilà la raison brandie par Poutine pour justifier l'invasion de l'Ukraine. Il est vrai que les minorités russes rencontrent des difficultés dans les pays baltes tels que la Lettonie et l'Estonie. Cela pourrait-il inciter la Russie à intervenir également dans ces pays?
05.03.2023, 11:5605.03.2023, 19:22
Daniel Fuchs / ch media
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«En Ukraine, la population d'origine russe est opprimée»: cette affirmation faisait partie de l'argumentaire de Vladimir Poutine pour justifier une attaque contre le pays voisin. Sans intervention, la minorité tomberait sous les coups d'un gouvernement «aussi mauvais que les nazis».

Il est tout à fait normal que les Etats s'inquiètent de la sécurité de leurs ressortissants à l'étranger. Le problème, c'est que selon le Kremlin, les personnes d'origine russe titulaires d'un passeport ukrainien ne sont pas des Ukrainiens. Elles sont en premier lieu des Russes et ont, de ce fait, besoin de protection.

Le destin des minorités russes

Comment se portent réellement les Russes établis à l'étranger? Ont-ils besoin de protection? D'où vient cet argument selon lequel les Russes sont menacés, et est-il vraiment valable pour justifier l'invasion de l'Ukraine?

Pour répondre à ces questions, il faut se tourner vers les pays baltes, surtout l'Estonie et la Lettonie, car ils sont voisins de la Russie. Là-bas, les minorités russes représentent jusqu'à près d'un tiers de la population totale. Mais leur situation sur place est loin d'être parfaite. Ces communautés sont en effet celles qui sont les plus touchées par le chômage, le vieillissement et l'émigration, contrairement aux Estoniens et aux Lettons.

Il fut un temps où les choses étaient différentes. En effet, lorsque les pays baltes (à vocation agricole) ont été intégrés à l'Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale, Moscou voulait en faire des centres industriels. Mais comme l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie manquaient d'ouvriers, les dirigeants soviétiques ont eu recours à des mesures drastiques.

Les ouvriers industriels ont été envoyés en Russie et installés avec leurs familles dans les pays baltes.

La perte du prestige et du pouvoir

Les langues estonienne, lettone et lituanienne ont même été bannies des écoles. Les Estoniens, les Lettons et les Lituaniens, majoritaires, se sont retrouvés en minorité. Conséquence: les Russes étaient aux commandes.

Mais tout a changé à la fin de l'Union soviétique. Les pays baltes n'ont pas attendu 1991 pour obtenir leur indépendance, comme la plupart des autres Etats soviétiques, mais ont conquis leur souveraineté dès 1990 au cours d'affrontements sanglants. Les Russes ont même été perçus comme une force d'occupation dans les nouveaux Etats.

La politique de relocalisation des Soviétiques a eu un effet boomerang pour les Russes: dans les républiques baltes nouvellement indépendantes, de nombreux Russes d'origine ont perdu leur prestige et leur pouvoir.

Une situation qui ne peut toute fois pas être qualifiée «d'oppression», constate un rapport du Bundestag allemand. En effet, la protection des minorités est trop fortement ancrée dans ces pays, certainement en raison du processus d'intégration à l'Union européenne (UE) rapidement entamé, et qui a abouti à l'adhésion des pays baltes à l'UE en 2004.

Et pourtant: une discrimination à l'égard des Russes s'est bel et bien installée dans l'économie, la politique et la culture.

Etendre sa sphère d'influence

Face à cette situation, la question suivante se pose: le système démocratique libéral est-il réellement assez ancré pour permettre la protection des minorités? Les Russes des pays baltes ne sont évidemment pas en danger et ils n'ont pas besoin d'être «libérés» par Vladimir Poutine, même si un grand nombre d'entre eux approuvent la politique du président russe. Néanmoins, le système a échoué dans la mesure où il n'a pas réussi à intégrer cette minorité dans toutes les sphères de la société.

Ainsi, la prétendue protection des Russes de l'étranger n'est pour Vladimir Poutine qu'un argument de façade. Il ne s'agit pas de protéger ses compatriotes, mais d'étendre sa sphère d'influence. Les pays baltes ont donc cherché à se protéger au sein de l'alliance de défense occidentale, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan), et Vladimir Poutine craint une confrontation directe.

Afin d'éviter cette situation, le chef du Kremlin a choisi de porter son attention vers des voisins moins protégés que les pays baltes. Actuellement, de nombreux éléments indiquent que la Russie mènerait une déstabilisation ciblée de la Moldavie, pays non membre de l'Otan. D'ailleurs, il y a là aussi une importante minorité d'origine russe. Elle vit dans la région de Transnistrie, actuellement occupée par la Russie.

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