Depuis des semaines, les forces armées de Moscou et les mercenaires du groupe Wagner tentent de percer les positions ukrainiennes à l'est et au sud du pays. Des vagues d'infanterie sont lancées les unes après les autres dans la bataille. Les chars ne fournissent généralement plus qu'un appui-feu et ils ne constituent pas le fer de lance des attaques. Des unités russes entières ont été décimées à Vouhledar, dans le sud-ouest du Donbass, alors qu'elles tentaient de franchir des champs de mines ukrainiens.
Au nord de la petite ville de Bakhmout, les mercenaires de Wagner ont réalisé de plus grands gains de territoire. Cependant, leur tentative de prendre la localité en tenaille par le sud a, pour l'instant, échoué. Et près de Kreminna, dans le nord du Donbass, les Russes ont progressé de quelques kilomètres en direction de l'importante localité de Lyman, qu'ils avaient perdue, l'automne dernier, au profit des Ukrainiens.
S'ils parviennent à reprendre Lyman, on se retrouverait dans une situation similaire à celle de l'été dernier, lorsque les troupes ukrainiennes dans le Donbass étaient encerclées par les Russes sur trois côtés. Mais nous sommes encore loin d'en être là. Il n'est pas non plus évident de savoir si la principale poussée de la nouvelle offensive russe a déjà commencé.
Voilà l'état de la situation après un an dans la zone de guerre. L'Ukraine attend encore la livraison de chars de combat occidentaux et d'armes guidées à longue portée. Kiev lancera ainsi probablement une grande contre-offensive au printemps ou au début de l'été.
Aux Etats-Unis et ailleurs, la production de munitions d'artillerie est en train de monter en puissance. Quelque 50 Etats occidentaux forment une alliance informelle qui soutient Kiev économiquement et par les armes. La Russie peut-elle y faire face?
Dans le classement des plus grands fabricants d'armes du monde, les 15 premières places sont occupées par des groupes américains, chinois et européens – et pas une seule entreprise russe. Le principal producteur d'armes russe, Almaz-Antei, n'arrive qu'en 16e position, après l'italien Leonardo. Cela ne peut pas vraiment étonner, car la Russie est un «nain» économique, exception faite de ses exportations de matières premières. La performance économique de la Russie n'est même pas comparable à celle de l'Italie, pourtant un pays bien plus petit.
Même si l'industrie de l'armement de Moscou fonctionne 24 heures sur 24, elle ne pourra jamais rivaliser avec les forces combinées des armuriers occidentaux. Ce n'est que si la Chine, la plus grande productrice d'armes après les Etats-Unis, prenait le relais et approvisionnait Moscou en matériel de guerre que la situation pourrait encore s'inverser. C'est précisément ce que craignent les Américains en ce moment.
L'économie russe est désormais plongée dans une profonde récession, affectée par la guerre et les sanctions occidentales. Moscou doit vendre son pétrole de plus en plus souvent en Asie, avec toutefois une forte baisse des prix. Cela pèse sur le budget du gouvernement, qui est tombé dans le rouge en 2022.
Pour l'année en cours, on s'attend à un déficit budgétaire encore plus important. Par ailleurs, la monnaie russe s'est fortement dépréciée depuis le succès des contre-offensives ukrainiennes de l'automne dernier. Alors qu'un rouble valait encore environ 17 centimes, il y a cinq mois, il n'en vaut plus qu'environ 12 aujourd'hui.
Bien sûr, l'économie ukrainienne souffre bien plus de la guerre, mais Kiev, contrairement à Moscou, reçoit des milliards de dollars d'aide financière de l'Occident.
La tentative du Kremlin de détruire l'infrastructure électrique ukrainienne avec des drones et des missiles de croisière n'a pas été un succès retentissant. Certes, des villes comme Odessa souffrent d'un manque d'électricité, mais dans l'ensemble, la situation s'est améliorée ces dernières semaines. L'entreprise publique d'électricité Ukrenerho annonce qu'elle a pu stabiliser le réseau de transmission malgré toutes les attaques.
Ce ne sont justement pas seulement les combattants sur le front, mais aussi les innombrables Ukrainiens travaillant dans des entreprises d'Etat, dans le secteur privé et dans des œuvres de bienfaisance qui aident le pays ébranlé à passer l'hiver. La Russie s'est réjouie trop tôt de voir les Ukrainiens mourir de froid.