«Le général Sergueï Sourovikine est libre. Vivant, en bonne santé, à la maison, avec sa famille, à Moscou», écrit la présentatrice de télévision russe Ksenia Sobtchak lundi soir sur son canal Telegram. Le message est accompagné d'un cliché, montrant Sourovikine en compagnie de sa femme. Jusqu'à présent, l'authenticité de la photo n'a pas pu être vérifiée.
Depuis le 23 juin, date à laquelle Evgueni Prigojine et ses mercenaires de Wagner ont marché vers Moscou, Sourovikine ne s'est plus montré en public. Selon le New York Times, il aurait été libéré après l'accident d'avion de Prigojine le 23 août. On ne sait pas encore ce qu'il adviendra de Sourivikine. Le Kremlin ne s'est pas encore exprimé sur la situation. Lors d'une conférence de presse lundi matin, le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, a déclaré qu'aucune question ne devait lui être posée concernant une éventuelle enquête sur le «Cannibale de Poutine», un autre de ses surnoms.
Kremlin officials refuse to answer questions about Surovikin's fate
— NEXTA (@nexta_tv) September 5, 2023
Kremlin spokesman Dmitry Peskov refused to allow an Agence France-Presse journalist to ask a question about General Sergei Surovikin, who, until yesterday, had not appeared in public since Prigozhin's armed… pic.twitter.com/byTUJHjToC
Un fait important a été confirmé: le général Sourovikine aurait été bel et bien emprisonné au cours des derniers mois. Il a été libéré presque immédiatement après la mort du chef de Wagner, Prigojine. Maintenant que Sourovikine n'a plus de fonctions au sein du ministère russe de la Défense, l'avenir du «Général Armageddon», comme on le surnomme parfois, est, en effet, douteux. Selon plusieurs messages sur les réseaux sociaux, l'identité du général a été tout bonnement été supprimée sur le site du ministère russe de la Défense.
Any mention of #Russia General Surovikin has been removed from the website of the of Russian Ministry of Defense's website pic.twitter.com/pU17QP7AG9
— Michael A. Horowitz (@michaelh992) September 6, 2023
Sergueï Sourovikine a déjà participé à plusieurs événements historiques de la Russie post URSS. En 1991, alors âgé de 25 ans, il a participé au putsch d'août à Moscou et a commandé un convoi de véhicules blindés de transport de troupes. Lors d'affrontements avec les forces de sécurité, trois habitants de Moscou qui barraient la route aux militaires ont été tués. Après le coup d'Etat, Sourovikine a passé sept mois en détention provisoire. Les charges ont toutefois été abandonnées au motif qu'il n'avait fait qu'obéir aux ordres.
Leonid Volkov, un allié d'Alexeï Navalny, a affirmé que Sergueï Sourovikine avait supervisé l'envoi de pétroliers russes dans le sud-est de l'Ukraine en 2014.
En mars 2017, Sourovikine a été nommé chef des forces aériennes russes en Syrie. Le groupe aérien russe en Syrie est accusé d'attaques contre des zones résidentielles, de bombardements à l'arme chimique et de raids aériens contre des hôpitaux.
Apparemment, Prigojine et Sourovikine ont travaillé en étroite collaboration en Syrie. Des combattants du groupe Wagner y étaient stationnés en même temps. Pour son engagement en Syrie, Sourovikine a reçu le titre de «Héros de Russie». Il a été responsable de troupes russes en Ukraine d'octobre 2022 à janvier 2023; il est ensuite devenu adjoint et a laissé la place au chef d'état-major russe Valeri Guerassimov. Sourovikine a également supervisé le retrait des troupes russes de Kherson et la «transition vers une stratégie défensive».
Le soir du 23 juin, Sourovikine a disparu peu après avoir publié un message vidéo à l'attention des combattants du groupe Wagner, dans lequel il leur demandait de résoudre le problème de manière pacifique. D'après le New York Times, Sourovikine savait à l'avance que Prigojine préparait une mutinerie contre la direction du ministère de la Défense.
La disparition de Sourovikine a rapidement attiré l'attention. Mais ni la direction du ministère de la Défense ni le Kremlin ne se sont exprimés à ce sujet. Selon des initiés, Sourovikine travaillera à l'avenir en dehors de la Russie. Selon les canaux Telegram russes, il devrait être nommé dans un avenir proche conseiller du maréchal Haftar, le commandant de l'Armée nationale libyenne (ANL).
La situation rappelle celle de Prigojine qui, après sa marche vers Moscou, avait également été envoyé en Afrique et à qui on avait promis qu'il n'aurait pas à craindre de conséquences.
Son emprisonnement pendant plusieurs mois montre que le gouvernement russe ne fait plus confiance à Sourovikine. Que le voyage de Sourovikine en Libye soit son dernier dépendra probablement de ce que le général a raconté lors des interrogatoires.
Traduit et adapté par Chiara Lecca