La Russie est soupçonnée d'avoir planifié de longue date ses frappes de drones contre l’ouest de l’Ukraine et leurs incursions dans l’espace aérien polonais survenues dans la nuit de mardi à mercredi. D’après le site militaire ukrainien Defense-ua, des cartes SIM d’opérateurs polonais avaient déjà été retrouvées dans des drones russes abattus en juillet. Une information confirmée à l’époque par Varsovie.
Selon le ministère polonais de l’Intérieur, les débris de 16 drones ont été retrouvés dans le pays mercredi. Il s’agirait de modèles Shahed. Les autorités n’ont livré pour l’heure aucun détail supplémentaire.
Néanmoins, si la présence de cartes SIM polonaises devait être confirmé, cela montrerait que l'opération avait été préparée de longue date et que les drones n'ont pas atterri en Pologne par hasard.
Sur les réseaux sociaux, le journaliste polonais Marek Budzisz a évoqué un rapport émanant des autorités polonaises détaillant la destruction de drones russes au-dessus du territoire polonais en juillet dernier. On y mentionnerait non seulement des cartes SIM polonaises, mais aussi une lituanienne.
Les drones de longue portée nécessitent une connexion Internet pour être pilotés, à moins que des coordonnées cibles n’aient déjà été programmées. Grâce à cette connexion, ils peuvent être contrôlés et sont également capables de transmettre des vidéos et des images aux unités de commandement russes.
Selon ce document, attribué à de hauts responsables polonais, Moscou aurait testé des connexions aux réseaux mobiles polonais et lituaniens pour préparer des survols. Dès le mois de juillet, le rapport prédisait que la Russie se préparait à faire voler des drones au-dessus du territoire de la Pologne et de la Lituanie et à tester des connexions aux réseaux de téléphonie mobile.
Des drones russes ont déjà pénétré à plusieurs reprises dans des pays voisins de l’Ukraine, notamment en Bulgarie, en Lettonie et en Moldavie. En août, un drone russe écrasé a été retrouvé à Osiny, en Pologne, à 40 kilomètres d’une base aérienne de l’Otan. Jusqu’à présent, des chasseurs étaient envoyés en observation lors de survols de drones. Le fait qu’un pays de l’Otan abatte des drones russes, comme c’est désormais le cas en Pologne, est une nouveauté.
Il n’est pas encore clair si les drones russes ont simplement volé trop loin lors de leurs attaques contre l’ouest de l’Ukraine, s’il s’agissait d’une provocation délibérée ou s’ils avaient une autre mission.
Le chancelier allemand Friedrich Merz part du principe que la violation de l’espace aérien polonais et de l’Otan par des drones russes n’était pas une erreur. Il partage l’avis du Premier ministre polonais Donald Tusk, selon lequel «l’affirmation du gouvernement russe, qu’il s’agirait en quelque sorte d’un hasard ou d’une erreur, n’est pas crédible».
Merz a fait cette déclaration lors d’une conférence de presse commune à Berlin avec le président du Conseil européen, Antonio Costa. Comme Tusk, il voit dans cet incident:
Si les autorités polonaises devaient effectivement trouver des cartes SIM d’opérateurs nationaux, cela pourrait marquer une nouvelle étape dans la guerre menée par la Russie, et constituer un indicateur que Moscou ne compte pas s’arrêter à la frontière ukrainienne. (wan)