International
Russie

Ces Russes ont pris conscience de la guerre en Ukraine ce mardi

L'attaque ukrainienne fait office d'électrochoc pour de nombreux Moscovites.
Après l'attaque ukrainienne, des Moscovites prennent conscience de la guerre.keystone

«Elle est là!»: ces Russes ont pris conscience de la guerre ce mardi

L'Ukraine a lancé mardi une attaque massive de drones contre la capitale russe et sa région. Un véritable électrochoc pour nombre de citoyens. Témoignages.
11.03.2025, 16:5611.03.2025, 16:56
afp / Ramenskoïe, Russie
Plus de «International»

Svetlana, une habitante de Ramenskoïe, a soudain une prise de conscience: «la guerre» que subit depuis trois ans l'Ukraine n'épargne pas non plus sa banlieue moscovite.

Un peu plus tôt, vers 5h du matin (3h heure suisse), l'explosion d'un drone frappant son immeuble d'habitation l'a sortie de son lit. Selon les autorités russes, l'attaque lancée par l'Ukraine pendant la nuit est la plus importante contre les environs de la capitale russe depuis que la Russie s'est lancée le 24 février 2022 à l'assaut de sa voisine, bombardant quotidiennement le pays et ses villes.

«Le grondement était terrible» raconte Svetlana, une vendeuse de 59 ans qui n'a pas souhaité donner son nom, comme les autres personnes interrogées.

Jusqu'à ce matin, «nous savions qu'il y avait la guerre, mais nous n'en avions pas conscience. Maintenant, elle est là», avoue cette femme qui dit pourtant qu'elle a «tissé des filets» de camouflage pour les soldats russes déployés en Ukraine.

(Pour tout savoir de la guerre en Ukraine, c'est par ici 👇)

Ramenskoïe, ville d'environ 100000 habitants située à une quarantaine de kilomètres de la capitale russe, et ses environs abritent diverses industries de défense, l'Institut de recherche en aéronautique Gromov ou encore l'aéroport Joukovski.

Les autorités n'ont pas déclenché de sirène d'alerte

Aucune indication n'a été donnée, ni en Ukraine ni en Russie, quant aux éventuelles cibles militaires visées. En revanche, les cinq derniers étages d'une tour d'habitation de 22 étages ont été touchés. Des vitres y ont volé en éclat, et au moins deux appartements ont été endommagés, selon un journaliste de l'AFP ayant passé la matinée sur les lieux.

En contrebas de l'immeuble, débris divers et quantité d'éclats de verre jonchent la route. Quelques voitures ont été esquintées par les gravats tombés du bâtiment.

Olga, une informaticienne de 21 ans qui habite dans un immeuble voisin, raconte, elle aussi, avoir été réveillée par l'explosion. Les autorités russes n'ont pas déclenché de sirène d'alerte en dépit des dizaines de drones, qui selon l'armée russe, visaient la région.

«On est sorti en courant dans la rue, et dans les yeux des gens il y avait la peur. On n'avait aucune idée de quoi faire dans ces circonstances-là»

Olga s'attend à une multiplication des frappes et ne peut même pas «imaginer que la nuit à venir sera tranquille».

L'attaque intervient cependant au moment où l'Ukraine se montre favorable à une trêve des frappes aériennes, à la condition que Moscou si soumette également. Des négociateurs ukrainiens veulent soumettre cette proposition aux Etats-Unis, lors de pourparlers en Arabie saoudite mardi.

Moscou n'a pas commenté, mais s'est toujours opposé à un cessez-le-feu, sauf reddition totale des Ukrainiens.

L'Europe comme responsable de la poursuite de la guerre

Sergueï, un autre habitant du quartier touché de Ramenskoïe, est lui convaincu que l'armée ukrainienne poursuivra ses attaques. Il reprend pour cela la nouvelle rhétorique du Kremlin, qui accuse désormais l'Europe d'être responsable de la poursuite de la guerre, épargnant Washington du fait du soudain rapprochement russo-américain sous l'impulsion de Donald Trump et Vladimir Poutine.

«Cette attaque ne sera pas la dernière. Parce qu'il y a des personnages sanguinaires et belliqueux qui se tiennent derrière l'Ukraine»

«C'est avant tout l'Europe. Ils approvisionnent encore (l'Ukraine), et ils ont mis en place une production de drones», martèle cet homme à la barbe grise interrogé aux abords de l'immeuble endommagé.

Ioulia, une architecte à la retraite qui vit également dans le quartier, est horrifiée par les évènements de l'aube, et le conflit qui sévit depuis trois ans. «J'ai mal au coeur, je ne crois pas qu'il y aura la paix», dit-elle, au moment où Washington met la pression à l'Ukraine pour qu'elle accepte de céder des territoires à la Russie et de renoncer à rejoindre l'Otan.

Semblant s'adresser aux deux camps, la femme de 75 ans essuie une larme et s'écrie: «Pourquoi ne peuvent-ils pas s'entendre? A quoi pensent-ils? C'est terrifiant».

Des drones russes traquent des civils en Ukraine
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
L'ombre d'un «complot» plane sur le procès Diddy
Le procès du magnat déchu du rap peine à fasciner le grand public et il y a une bonne raison à ça.

En mars 2024, lorsque qu'une centaine de policiers armés déferle sur l'île de Star Islands, au large de Miami, dans la gigantissime villa de P. Diddy, à grand renfort de véhicule blindé et chiens renifleurs, il semble légitime de s'attendre au pire.

L’article