De nombreux Russes affichaient leur satisfaction jeudi après la conversation téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine lançant des négociations «immédiates» sur l'Ukraine. Simples citoyens ou responsables politiques y voyait un premier pas vers une victoire russe face à l'Occident.
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L'ex-président Dmitri Medvedev, devenu depuis l'assaut contre l'Ukraine il y a trois ans un habitué des diatribes anti-occidentales, a estimé que la conversation entre présidents russe et américain avait brisé la stratégie occidentale pour isoler Vladimir Poutine, «punir et humilier» la Russie.
Selon Dmitri Medvedev, actuel numéro 2 du Conseil de sécurité russe, l'ex-président américain Joe Biden et ses alliés européens avaient mis «le monde au bord de l'apocalypse» nucléaire.
Il ajoutait dans un message Telegram:
Le député Léonid Sloutski, à la tête de la Commission des Affaires étrangères de la Douma (chambre basse du Parlement), s'est aussi félicité du fait que la conversation Trump-Poutine ait «brisé le blocus antirusse».
Selon lui, cela a même «lancé le processus de dégel» des relations entre Moscou et Washington.
Pour autant, Konstantin Kossatchev, le vice-président du Conseil de la fédération (chambre haute) et vétéran de la diplomatie russe, jugeait que le chemin avant un réel apaisement était encore très long, l'approche de Donald Trump étant loin de faire l'unanimité en Occident.
Toujours sur Telegram, Kossatchev explique:
De son côté, le sénateur Alexeï Pouchkov assure que les négociations seront «sans aucun doute très difficiles».
Dans la rue, des Russes interrogés jeudi se montraient prudemment optimistes, espérant la fin du conflit en Ukraine qui a vu aussi des dizaines de milliers de leurs concitoyens blessés ou tués et des conséquences économiques pour la population, entre inflation forte, disparitions de produits occidentaux de consommation courante ou encore la fin des liaisons aériennes directes vers l'Europe.
Mais dans un pays où exprimer des critiques contre le Kremlin ou l'assaut contre l'Ukraine sont passibles de lourdes peines de prison, les voix discordantes sont rares à s'exprimer publiquement.
Interrogé dans le quartier central des trois gares de Moscou, Nikolaï Gridassov, un professeur de mathématiques de 58 ans, déclare:
«Nous espérons vraiment qu'elles conduiront d'une manière ou d'une autre à une résolution pacifique de ce qui se passe actuellement», dit-il.
Sonia Liatifova, 35 ans, qui se promène dans la rue avec ses jumeaux, se dit «heureuse» de la reprise du dialogue russo-américain, car elle est pour «la paix» et table sur son «président qui est très expérimenté».
Artour Ievseïev, un démineur 45 ans, qui a combattu en Ukraine et est actuellement soigné après avoir été blessé par un éclat d'obus, ne croit pas à une résolution rapide du conflit.
Vêtu de sa tenue de camouflage, il peine à croire à un rapide dénouement:
Mais le vétéran se dit convaincu de l'issue finale.
«Nous gagnerons, c'est clair. Tôt ou tard, les Ukrainiens se rendront», juge-t-il car «l'Europe les a en quelque sorte abandonnés». (afp/svp)