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Russie: pourquoi Vladimir Lissine échappe aux sanctions

epa02035052 (FILE) A file picture dated 20 January 2010 shows Russian Vladimir Lisin, chairman of the board of the Novolipetsk metallurgical plant (NLMK), speaking on a telephone in the town of Lipets ...
Vladimir LissineImage: keystone

Pourquoi l'oligarque le plus riche de Russie échappe aux sanctions

Vladimir Lissine, le roi russe de l'acier, ne figure pas sur la liste des sanctions imposées – contrairement à d'autres oligarques – malgré des liens d'affaires avec des compagnies d'armement russes. Explications.
13.12.2022, 16:4913.12.2022, 17:21
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Tout commence à Lugano, (TI) dans le quartier des affaires de Paradiso, au cœur d'un bâtiment tout de verre construit. C'est ici que se situe la succursale suisse de NLMK, le combinat métallurgique de Novolipetsk, plus grand exportateur d'acier de Russie.

L'actionnaire majoritaire de cette société n'est autre que Vladimir Lissine, comme le révèlent nos confrères du Temps dans une récente enquête. Il a notamment été désigné – en début d'année – homme le plus riche de Russie selon le magazine américain Forbes (sa fortune s'élève à 18 milliards de dollars).

Cependant, parmi les dix hommes les plus riches de Russie, il est le seul à être épargné par les sanctions imposées à la suite de l'invasion en Ukraine. Qui est donc cet oligarque qui passe entre les mailles du filet?

Eviter une catastrophe économique

A l’international, il s’est fait connaître en tant que président de la Fédération internationale de tir sportif (ISSF), ainsi que membre de la commission qui gère les partenariats commerciaux du Comité international olympique (CIO). Le Temps rappelle également qu'en 2021, Vladimir Lissine était le président de l’Association russe de l’acier.

Fin novembre, une action a été entreprise à Bruxelles, Londres et Washington pour obtenir son ajout à la liste des personnalités sanctionnées. En effet, huit usines liées au secteur de la défense russe auraient fait des affaires avec le groupe de Vladimir Lissine.

Mais ni l’Union européenne (UE) ni la Suisse ou les Etats-Unis ne l’ont placé dans leur viseur. Seuls les Australiens ont franchi le cap.

En effet, les législateurs visent, en général, des personnes qui représentent peu de risques économiques pour leur pays. Il y aurait donc un lien entre la clémence dont bénéficie l’homme le plus riche de Russie et ses intérêts économiques en Europe et aux Etats-Unis.

Car NLMK Europe est basée en Belgique, et le gouvernement belge est actionnaire à 49%. Et depuis la Belgique, NLMK contrôle plusieurs aciéries en Italie, en France et au Danemark. Elle en possède également aux Etats-Unis.

Le Temps explique dans son enquête que sanctionner Vladimir Lissine pourrait avoir un impact sur l’emploi dans plusieurs pays européens, ainsi que sur leur approvisionnement en acier.

Des preuves à charge

Des ONG ont toutefois déposé, fin novembre, un dossier très documenté qui pourrait changer la donne, détaillant les liens entre le groupe de Vladimir Lissine et les principaux fournisseurs d’armement en Russie.

En effet, depuis 2014, l’acier de NLMK a servi à fournir – entre autres – l’usine de Mari et celle de Izhevsk «Kupol» qui fabriquent des missiles et des engins de défense anti-aérienne.

Vladimir Lissine et son entreprise sidérurgique ont également alimenté des compagnies qui fabriquent des armes atomiques russes.

Contactés par Le Temps, Vladimir Lissine et NLMK ont admis avoir fourni de l’acier à ces compagnies actives dans le secteur de la défense, mais défendent que «seules des quantités négligeables d’acier ont été livrées, soit 1,6 million de dollars en dix ans, moins de 0,002% des ventes totales» et «uniquement de l’acier de production civile».

Il appartiendra désormais aux autorités interpellées par les ONG de trancher. L'un des avocats ayant participé à leur requête reste en tout cas sceptique:

«Ils ont beau dire que les quantités sont négligeables, ce n’est pas comme ça que le droit fonctionne. La plupart de ces livraisons ont eu lieu après le début de l’annexion de la Crimée, en 2014, et des mises en garde des pays occidentaux»
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