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Guerre en Ukraine: les plans de Poutine pour Kharkiv

Vladimir Poutine aurait un nouvel objectif.
Vladimir Poutine aurait un nouvel objectif. image: IMAGO/Mikhail Metzel/imago

Poutine cherche une «victoire symbolique» et voici sa cible

L'Ukraine se prépare à une offensive russe pouvant être déclenchée à tout moment. La région de Kharkiv serait dans le collimateur du Kremlin.
29.03.2024, 07:0310.04.2024, 10:11
Simon Cleven / t-online
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Après sa victoire à la présidentielle russe, tout sauf une surprise, Vladimir Poutine apparaît très confiant, malgré l'attentat djihadiste de vendredi dernier à Moscou. Il a un objectif clair en tête: une victoire totale en Ukraine, quel qu'en soit le prix, quelles qu'en soient les conséquences.

Plus de deux ans après le début de l'invasion, on ne sait pas exactement à quoi ressemblera une sortie de la guerre à la sauce Poutine. Veut-il s'approprier l'ensemble du pays ou se contentera-t-il des régions pour l'heure conquises de Kherson, Zaporijjia, Donetsk et Louhansk? Selon le média indépendant russe Meduza, le chef du Kremlin aurait deux options en tête.

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Le média se réfère à des sources du Kremlin. Elles ne sont pas toutes d'accord entre elles. Une partie de ces sources estime que Poutine – conforté par l'échec de l'offensive ukrainienne de l'année dernière et le manque de munitions des troupes de Kiev – serait désormais prêt à «aller jusqu'à la victoire, y compris jusqu'à Kiev, s'en à ses objectifs de départ».

Se contenterait-il de la conquête de Kharkiv?

D'autres sources estiment à l'inverse que Poutine a des «objectifs plus réalistes». Le chef du Kremlin pourrait ainsi envisager la conquête de Kharkiv. En cas de réussite, il «mettrait progressivement fin» à sa guerre d'agression. Cela correspondrait aux déclarations faites par le président russe à la mi-mars relatives à l'établissement d'une «zone de sécurité» le long de la frontière russo-ukrainienne. La conquête de Kharkiv représenterait une «victoire symbolique»: avant l'invasion russe, environ 1,4 million d'habitants vivaient dans la ville, dont une grande partie parle russe. Kharkiv se trouve à une trentaine de kilomètres de la frontière avec la Russie.

Le second scénario, prendre Kharkiv et mettre fin à la guerre, est «très probable». On ne sait pas si un ordre a déjà été donné pour une offensive d'envergure sur la grande ville du nord-est de l'Ukraine. Il est possible que cela nécessite une nouvelle vague de mobilisation. En septembre 2022, le chef du Kremlin avait décrété une mobilisation partielle. Des dizaines de milliers de Russes avaient alors quitté le pays par crainte d'être mobilisés. Poutine avait ensuite renoncé à de nouvelles mobilisations, misant sur des incitations financières.

KHARKIV, UKRAINE - JANUARY 23, 2024 - Firefighters put out a fire after the Russian missile attack on Kharkiv, northeastern Ukraine. As reported, the Russian missile strike which took place Tuesday mo ...
Frappes russes sur Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine.Image: www.imago-images.de

Il pourrait manquer 300 000 nouvelles recrues à la Russie

L'attaque terroriste de vendredi dernier contre le Crocus City Hall en périphérie de Moscou ne pèserait en rien sur les plans de Poutine, rapporte Meduza. Au contraire, tout serait déjà en place pour une nouvelle mobilisation. La date de sa mise en œuvre dépendrait de la «situation sur le front».

La méthode de Poutine pour recruter des forces vives pour le front ne semble toutefois plus fonctionner. Le média indépendant russe Verstka affirme, en se référant à un collaborateur d'un centre de recrutement moscovite, que le nombre de volontaires a fortement diminué. Jusqu'en septembre 2023, le bureau aurait accueilli jusqu'à 600 hommes par jour, mais depuis, ils seraient de moins en moins nombreux – dernièrement, seulement une trentaine de personnes par jour. Toujours selon Verstka, cette évolution s'observerait dans tout le pays.

S'appuyant sur des sources au sein de l'administration présidentielle russe, Verstka assure cependant qu'une mobilisation est imminente, tout comme d'éventuels plans d'offensive en direction de Kharkiv. Mais il manquerait 300 000 hommes pour attaquer la ville ukrainienne.

Cibler Kharkiv ne serait pas une première

Ce potentiel assaut sur Kharkiv ne serait pas une première. En janvier déjà, l'Ukraine avait mis en garde contre une offensive russe dans la région. Et dès le début de l'invasion russe, les troupes du Kremlin avaient avancé vers la grande ville, conquérant une grande partie de la région du même nom. Mais la contre-offensive ukrainienne de l'automne 2022 avait ensuite repoussé les assaillants.

La Russie n'a jusqu'à présent jamais été capable de s'emparer de Kharkiv. La ville est sous le feu permanent de l'ennemi, ne serait-ce qu'en raison de sa proximité avec la Russie. Ces derniers jours, les attaques russes avec drones et des missiles se sont intensifiées. Plusieurs nuits durant, la Russie a mené de lourds raids aériens, visant principalement les infrastructures énergétiques.

Les évacuations forcées en question

La ville a dû faire face à d'importantes restrictions, notamment en matière d'approvisionnement en électricité. Le maire de Kharkiv, Ihow Terechow, a déclaré dimanche à la télévision publique qu'une centrale thermique ainsi que toutes les sous-stations électriques avaient été détruites. «Il n'y a pas de réponse à la question de savoir combien de temps dureront les travaux de réparation», a déclaré le maire. Il estime que 40% de la population ont encore de l'électricité et que 60% d'entre elles est toujours approvisionnée en chauffage.

Face à l'augmentation des attaques dans la région, l'administration militaire de Kharkiv envisage des «évacuations forcées» des zones particulièrement exposées aux tirs russes, rapportent plusieurs médias ukrainiens. La zone autour de la ville de Koupiansk est particulièrement disputée. Mercredi encore, des tirs d'artillerie et de roquettes russes y ont fait des blessés. Trois hommes et une femme de plus de 50 ans ont été blessés dans différentes villes et villages, a annoncé mercredi le gouverneur Oleg Sinegoubov.

Violents combats dans le sud et l'est de l'Ukraine

L'armée de l'air ukrainienne affirme que la Russie a tiré 13 drones d'attaque de conception iranienne sur l'Ukraine au cours de la nuit. Dix d'entre eux ont été tirés au-dessus de la région de Kharkiv. Tout comme Kharkiv, Kiev a récemment été la cible d'attaques aériennes massives de la part des forces armées russes. Des missiles et des drones russes sont par ailleurs tombés sur la ville portuaire d'Odessa et sur Kryvyï Rih dans le centre du pays.

La situation sur le front Ukrainien, Kharkiv.
Image: watson

Les attaques russes se poursuivent également sur d'autres parties du front. L'état-major ukrainien a signalé des combats particulièrement violents dans la localité de Novomychajliwka, au sud de Donetsk. Mardi, 21 tentatives de percée russe y ont eu lieu, a indiqué Kiev. Au total, 51 combats au sol ont été signalés sur la ligne de front de près de 1000 kilomètres qui traverse l'est et le sud de l'Ukraine.

Cela fait maintenant plus de deux ans que l'Ukraine repousse une invasion russe de grande envergure. Dans les combats au sol, les forces armées ukrainiennes sont sur la défensive depuis des mois, notamment en raison du manque de munitions et de soutien aérien. Les troupes russes peuvent mobiliser davantage de soldats et de matériel, et leurs attaques sont soutenues par des bombardements aériens. Près de Novomychajliwka, dans la région de Donetsk, les troupes russes tentent de s'emparer d'une position avancée des Ukrainiens.

L'Institut d'études de la guerre (ISW) aux Etats-Unis a fait état de petites victoires russes à l'ouest de Bakhmout et d'Avdiïvka.

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