Des soldats d'élite russe ont trouvé comment escroquer Poutine
Des dizaines de soldats d’une unité d’élite russe se sont volontairement tiré dessus ou les uns sur les autres pendant la guerre contre l’Ukraine. L’objectif était de simuler des blessures de combat et d’obtenir une indemnisation de l’Etat.
Le portail d’information ukrainien d’Etat United24Media a rapporté, mercredi, ces incidents, en s’appuyant sur les recherches du quotidien russe Kommersant. Selon ces informations, la justice militaire russe a mené une vaste enquête au sein de la 83ᵉ brigade aéroportée de la Garde Souvorov.
Des distinctions militaires pour des fausses blessures
Selon les investigations russes, soldats et officiers se sont mutuellement tiré dessus afin de détourner des indemnisations publiques d’un montant allant jusqu’à trois millions de roubles (environ 30 000 francs suisses).
Ces militaires se seraient volontairement infligé des blessures par balle, enregistrées comme des blessures de guerre, pour obtenir des congés payés et un accès privilégié aux soins médicaux en plus de l'argent.
Des commandants auraient même décerné des distinctions honorifiques et des médailles de bravoure en raison de ces fausses blessures.
Des officiers dénoncent leurs subordonnés
Parmi les auteurs figurent, selon les rapports, deux officiers de haut rang. Dans le cadre de la procédure pénale en cours, un ancien commandant de brigade ainsi qu’un lieutenant-colonel, commandant d’une unité spéciale, auraient reconnu leur culpabilité, coopéré avec le parquet avant tout procès et témoigné contre leurs camarades.
L'un deux, un colonel, est accusé de fraude à grande échelle. L’autre fait face à des accusations de fraude, de corruption, de possession illégale d’armes et de munitions ainsi que de détention d’explosifs.
Ces deux derniers chefs d’accusation sont liés à des caches découvertes dans la République populaire de Lougansk, autoproclamée par les combattants prorusses.
Les deux officiers avaient été arrêtés fin juin à Saint-Pétersbourg et début juillet à Moscou.
Selon Kommersant, une trentaine de soldats et officiers de la 83ᵉ brigade aéroportée seraient impliqués dans cette affaire de fausses blessures de guerre.
Le journal rappelle que les indemnisations pour blessures subies au combat varient en Russie entre un et trois millions de roubles, selon la gravité déterminée par la commission médicale militaire.
Kommersant se décrit comme «le leader du journalisme économique russe et l’un des groupes médiatiques les plus influents du pays».
Traduit de l'allemand par Anne Castella
