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Les combattantes ukrainiennes «sont perçues comme un trophée»

A military medic takes a short break in Bakhmut, Donetsk region, Ukraine, Sunday, April 9, 2023. (AP Photo/Libkos)
Une combattante à Bakhmout, dans la région de Donetsk, en Ukraine, le 9 avril 2023.Image: keystone

Les combattantes ukrainiennes «sont perçues comme un trophée»

La présence des femmes dans les combats en Ukraine remonte à 2014, mais est longtemps restée officieuse. Aujourd'hui encore, en pleine guerre contre la Russie, des inégalités de traitement persistent.
11.04.2023, 18:5008.05.2023, 09:33
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Les Ukrainiennes prennent elles aussi les armes et se battent aux côtés de leurs homologues masculins. Un engagement qui s'observait en 2014 – après l'annexion de la Crimée – et qui reste fort dans le contexte de guerre actuel.

Elles sont aujourd'hui 41 000 à servir au sein de l'armée et 5000 déployées sur des positions de combat, selon le ministère de la défense ukrainien. Une légitimité dans les rangs qu'il a fallu défendre, mais qui n'efface pas certaines inégalités.

Sur le front, sans les honneurs

Thomas d’Istria, correspondant à Kiev pour le journal Le Monde, est parti à la rencontre de ces combattantes. Il relaye, par exemple, le témoignage d'Andriana Arekhta, en convalescence dans un hôpital de la capitale depuis fin 2022 à la suite d'un accident qui a eu lieu à Kherson, dans l'est du pays. Le véhicule dans lequel elle se trouvait a roulé sur une mine. Les morceaux de shrapnel l'ont blessée à la tête et à la colonne vertébrale, entre autres. Assise dans un fauteuil roulant, elle affirme:

«Le plus difficile, c’est d’être dans un hôpital quand tes frères d’armes sont sur la ligne de front»
Andriana Arekhta, combattante ukrainiennele monde

Une place auprès de «ses frères d'armes», comme elle les appelle, qui n'a toutefois pas été facile à obtenir. Retour en 2014: à l'époque, la Russie annexe la Crimée. Une partie des femmes est révoltée et souhaite prendre part aux combats. Il n'y a, cependant, pas de poste officiel pour elles, comme l'explique TV5 Monde. Elles sont pourtant bel et bien présentes sur le terrain.

Pour s'engager, elles doivent donc faire partie de bataillons de volontaires, «parce qu'il était difficile de rejoindre l'armée régulière», raconte Khrystyna, membre du renseignement militaire, au journal Le Monde. D'ailleurs, même pour celles qui font partie de l'armée régulière, la loi en vigueur à l'époque ne leur permet pas (officiellement) «d'être positionnées sur les lignes de front».

Ce statut officieux les empêche alors de recevoir les honneurs et la reconnaissance obtenus par leurs collègues masculins, déplore à TV5 Monde Kateryna Pryimak, une secouriste engagée en 2014 comme bénévole auprès de l'armée ukrainienne.

D'officieuses à officielles

Cette inégalité de traitement force le changement. En 2015, le groupe de revendication le Bataillon Invisible est créé, avec pour but de documenter la participation des femmes ukrainiennes dans les combats.

L'association met notamment le doigt sur les problèmes encourus lorsqu'aucun statut officiel n'est obtenu. L'absence de protection juridique par exemple – et ce malgré une présence des combattantes sur le front – ou l'impossibilité de prétendre à des récompenses militaires.

A force de communication et d'études sociologiques, le Bataillon Invisible obtient, en 2018, l'adoption d'une loi qui garantit «l'égalité des droits et des chances pour les femmes et les hommes pendant le service militaire dans les forces armées ukrainiennes et autres formations militaires». Les femmes rejoignent ainsi officiellement les positions de combat, comme le souligne Thomas d’Istria dans Le Monde.

Violences sexistes et matériel mal adapté

Un grand accomplissement certes, qui ne résout cependant pas tous les problèmes. Premiers exemples cités: le sexisme, le harcèlement, les agressions sexuelles et la misogynie présents notamment dans les hautes sphères militaires, comme le souligne une étude d'Invisible Battalion. L'association dénonce:

«Les abus et le harcèlement sexuels découlent des problèmes systémiques de l'institution militaire. Des études ont fait état d'une masculinité toxique, dont un élément obligatoire est l'encouragement à l'agression et l'approbation d'une activité sexuelle agressive et d'un comportement violent chez les hommes. Les femmes sont également perçues comme un trophée à gagner, justifiant certaines formes de violences»

Outre ces violences, divers médias sur place font état de problèmes logistiques et matériels. Par exemple, un manque de protections hygiéniques et des vêtements de combats destinés aux hommes (et donc trop grands pour certaines femmes).

Mavka s'exprime à ce sujet au micro de BFMTV et montre, preuve à l'appui, un pantalon et des chaussures qui ne sont pas à sa taille. «L'uniforme doit t'aller parfaitement pour que tu puisses bouger», affirme-t-elle.

En réaction à ces témoignages, l'association Zemlyachki a été créée. Son but? Ajuster les tenues et équiper gratuitement les combattantes. Une quarantaine de demandes est traitée chaque jour, comme le développement de plaques de gilets pare-balles plus légères. L'association récolte également des cartons remplis de serviettes hygiéniques, de shampoings secs et d'autres biens à destination des femmes sur le terrain.

Dans Le Monde, Hanna Hrytsenko, sociologue, affirme, elle aussi, que la priorité aujourd'hui pour les Ukrainiens est de rester unis. Selon elle, l'armée doit évidemment être réformée pour parer aux inégalités de genre. Mais ces avancées ne pourront avoir lieu que si l'Ukraine remporte la guerre.

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L'attaque contre le pont de Crimée en images
source: sda
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