Vladimir Poutine aurait choisi des mots forts lors de son entretien avec Boris Johnson. Le chef du Kremlin s'en serait pris verbalement et directement à l'ex-premier ministre britannique.
👉 Suivre notre direct sur la guerre en Ukraine 👈
Et ce ne serait pas la première fois. Les astuces psychologiques de Vadimir Poutine font toujours sensation. Il connaîtrait en effet de nombreuses méthodes pour intimider son interlocuteur et en ferait fait usage chaque fois que cela lui semble utile durant ses rencontres et ses entretiens avec les dirigeants de ce monde. Voici une sélection de ses «sorties préférées».
Cette semaine, on a appris que Vladimir Poutine aurait menacé directement l'ex-premier ministre britannique Boris Johnson à propos d'une attaque de missiles. Selon l'agence de presse britannique PA, Boris Johnson a déclaré que Poutine avait été très clair lors d'une conversation téléphonique, peu avant le début de l'invasion en Ukraine il y a un peu plus d'un an:
Boris Johnson aurait tenté, en tant que premier ministre de l'époque, de faire changer Vladimir Poutine de cap. Le Kremlin a toutefois démenti ces propos ce lundi 30 janvier. Il s'agit «d'un mensonge», a déclaré le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, cité par l'agence de presse russe Interfax.
Depuis que l'incident a été rendu public, on spécule sur le fait que Vladimir Poutine ait pu menacer de la même manière le chancelier Olaf Scholz lors d'appels téléphoniques, ou du moins le mettre sous pression. Les appels téléphoniques entre les chefs de gouvernement sont un moyen de ne pas rompre le fil du dialogue avec la Russie en temps de guerre et face aux sanctions. Mais Olaf Scholz reste discret sur la question, seules certaines informations sont rendues publiques.
En 2008, il y avait déjà eu un incident. Poutine était alors premier ministre, car il n'avait plus le droit de se représenter à la présidence après deux mandats et avait échangé son poste avec Dmitri Medvedev. Il s'était alors entretenu avec le président français de l'époque, Nicolas Sarkozy.
Selon le Times Online, la conversation aurait eu lieu au Kremlin à la mi-août 2008. Des chars russes se trouvaient alors à 50 kilomètres de Tbilissi, la capitale de la Géorgie. Le conflit autour des régions séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud couvait depuis des années entre la Géorgie et la Russie. Le 8 août 2008, la Russie a attaqué la Géorgie par les airs, la terre et la mer. Lors d'une conversation, l'ancien président français Nicolas Sarkozy a déclaré à Vladimir Poutine que le monde n'accepterait pas un renversement du président géorgien, Mikheïl Saakachvili. En réponse, Vladimir Poutine aurait dit qu'il allait «pendre Mikheïl Saakachvili par les couilles».
Face à la réaction stupéfaite de Nicolas Sarkozy, Poutine aurait répondu: «Les Américains ont bien pendu Saddam Hussein».
Bush avait été massivement critiqué pour la guerre en Irak, jugée a posteriori contraire au droit international. Poutine serait resté un instant sans voix avant de répliquer: «Dans le mille». Le chef du Kremlin avait à plusieurs reprises traité Mikheïl Saakachvili de criminel de guerre et l'avait assimilé à Saddam Hussein. La guerre menée par la Russie en Géorgie a ensuite fortement affecté les relations avec l'Union européenne.
En 2007, Angela Merkel a fait l'expérience de la nature singulière de Vladimir Poutine. La chancelière allemande de l'époque a rendu visite au président russe à Sotchi. Celui-ci a laissé une chienne labrador se promener dans la salle de réunion et ce, en sachant qu'Angela Merkel a peur des chiens. Il a néanmoins laissé la chienne noire poser son museau sur la cuisse de l'ancienne chancelière.
Angela Merkel était visiblement mal à l'aise, mais n'a rien dit. Vladimir Poutine avait l'air satisfait. L'intimidation était réussie et il connaissait sûrement l'impact des images qui allaient ensuite circuler à l'international. Après son retrait de la vie politique, Angela Merkel a déclaré dans une interview: «Il savait que j'avais peur.» Elle avait été mordue par un chien dans son enfance.
Vladimir Poutine s'était déjà amusé de sa peur des chiens. Peu après qu'Angela Merkel est devenue chancelière en 2005, il l'a surprise en lui disant:
Il lui a ensuite remis un grand chien en peluche en guise de cadeau de bienvenue.
Parfois, le président russe a également recourt à des tentatives d'intimidation qui, par leur démesure, suscitent la moquerie. Ce fut le cas en 2022, lorsque plusieurs chefs de gouvernement se sont rendus successivement à Moscou pour tenter d'influencer le chef du Kremlin afin d'éviter une invasion de l'Ukraine.
Vladimir Poutine a placé son invité à une immense table blanche, à distance, ce qui illustrait symboliquement le contraire de la proximité et de l'intimité politiques. Le président français Emmanuel Macron ou le chancelier allemand Olaf Scholz ont pris place à cet endroit. Cela donne un aperçu à l'opinion publique mondiale de l'état des relations entre les pays. Sur les réseaux sociaux, la scène a suscité la méfiance, et on disait que Vladimir Poutine avait perdu le sens des réalités.
Ce genre de stratagème existe même au sein du Conseil de sécurité nationale, organe interne à la Russie composé de puissants proches de Vladimir Poutine. En février 2022, le chef de l'espionnage russe à l'étranger, Sergueï Narychkine, en a fait les frais lorsqu'il s'est emmêlé les pinceaux sur une question concernant les régions de Donetsk et de Louhansk (dans l'est de l'Ukraine). A l'époque, la Russie avait annoncé qu'elle «reconnaissait» ces régions comme des territoires indépendants, une étape décisive avant l'invasion de l'Ukraine lancée peu après.
«Je soutiendrai la proposition de reconnaissance...», avait alors commencé Sergueï Narychkine. Vladimir Poutine l'a interrompu: «Je "soutiendrai" ou "je soutiens"? Dites-le donc directement, Sergueï!» Sergueï Naryschkin dut par la suite préciser et répéter ce qu'il avait dit. Le président russe l'interrompit à nouveau et le chef de l'espionnage est resté impuissant, tremblant, tandis que Vladimir Poutine semblait jouir de son pouvoir en alternant entre sourire et air sérieux.
(t-online / Traduit de l'allemand par Nicolas Varin)