L'habituel va-et-vient des avions militaires russes a connu une intensification inhabituelle dans le ciel de Kaliningrad pendant les dernières semaines d'octobre et les premières de novembre. Ce sont des données accessibles au public qui le révèlent. Il y aurait eu jusqu'à six fois plus de vols que la normale, selon des informations partagées sur X.
Kaliningrad a une importance stratégique: c'est dans cette enclave russe sur la mer Baltique que se trouvent d'importants navires de la flotte de Moscou. Des missiles nucléaires y sont également stockés, directement aux portes de l'Otan.
Mais que transportaient les avions-cargos de Poutine? Le site d'investigations Bellingcat a mené l'enquête. Tout d'abord, les identifications des avions ont permis de confirmer qu'il s'agissait d'Antonov-124 et d'Iliouchine Il-76, soit deux des plus gros avions militaires de transport en service aujourd'hui.
Au vu de la taille des avions, des internautes ont spéculé sur le fait qu'ils pouvaient transporter des systèmes de missiles S-400 destinés à Rostov-sur-le-Don. Cette ville, située non loin de la frontière ukrainienne, est désormais à portée de tir des nouveaux missiles ATACMS que Washington a récemment fournis à Kiev. Des armes redoutables qui ont déjà fait leurs preuves dans l'est de l'Ukraine, avec des résultats dévastateurs.
A cela s'ajoutent de récentes observations des renseignements britanniques. Le 9 novembre, Londres estimait que la Russie allait «très probablement» réaffecter des systèmes de missiles sol-air en Ukraine, les déplaçant d'autres pays.
Dans les deux cas, une option pourrait s'offrir à l'armée russe: récupérer les missiles dont elle a besoin à Kaliningrad. L'équipe de Bellingcat a donc essayé de vérifier cette hypothèse.
Pour ce faire, le média d'investigation a analysé des images aériennes et satellites. Résultat:
La destination finale de ces missiles reste, pourtant, «incertaine».
Dans tous les cas, les données de vol disponibles publiquement ne le disent pas: elles s'interrompent peu après le décollage. Il est en effet courant que les appareils militaires désactivent leurs transpondeurs en vol afin de ne pas laisser de traces. (wan/asi)
Traduit et adapté par Valentine Zenker