Les autorités russes semblent ne pas respecter une recommandation faite par Vladimir Poutine concernant les véhicules officiels. Celui-ci avait ordonné, il y a quelques semaines, que les hauts fonctionnaires russes utilisent des véhicules de production nationale et non de marques étrangères. Le chef du Kremlin voulait ainsi montrer son soutien à l'industrie automobile nationale.
Lorsqu'il lui a été demandé, début août, d'autoriser l'importation de véhicules, le chef du Kremlin a répondu que c'était absolument exclu.
Il utilise lui-même une version spéciale de la marque russe Aurus. Il a toutefois été aperçu au volant d'une Mercedes lors d'une visite du pont de Crimée en décembre.
Visiblement, les ordres du président russe n'ont pas été pris en compte par tout le monde en Russie. Ironiquement, l'un de ses plus fidèles soutiens, Dmitri Medvedev, a été aperçu cette semaine dans un convoi Mercedes.
Medvedev ignores Putin's recommendation to switch to Russian-manufactured cars.
— Anton Gerashchenko (@Gerashchenko_en) August 17, 2023
It seems that Medvedev's convoy doesn't have a single Zhiguli or Lada for some reason. Also, he has a massive number of security guards. pic.twitter.com/YlWC8teMPX
Selon le portail Verstka, il ne s'agit pas d'un cas isolé. Ce dernier a révélé que la Russie aurait dépensé près de 53 millions de roubles, soit environ un demi-million d'euros, pour des véhicules étrangers au cours du seul mois d'août. A Sotchi, une entreprise du ministère de la propriété foncière aurait voulu acheter un monospace Mercedes V 300 d 4MATIC.
Ceux qui ont «osé» cet écart à la directive du président russe s'en seraient tirés en disant qu'ils n'appartiennent pas à un service de l'Etat et qu'ils ne sont donc pas soumis à l'interdiction. Malgré tout, d'autres ministères et sous-départements auraient commandé des limousines coréennes et chinoises.
En juillet, le président russe a également interdit l'usage d'appareils Apple, craignant qu'ils ne soient utilisés par les espions occidentaux. Pourtant, le portail russe d'opposition Agentstvo vient de publier un rapport selon lequel les produits Apple, aussi bannis par Poutine, sont utilisés dans les ministères russes.
L'ordre de Poutine de cesser d'utiliser des voitures étrangères et des produits Apple «sera difficile à mettre en œuvre, car il n'y a pas beaucoup d'alternatives sur le marché», pointe Oleg Ignatov, analyste russe en chef du groupe de réflexion Crisis Group, au magazine américain Newsweek. Depuis que les constructeurs automobiles occidentaux ont quitté la Russie, il ne reste plus que des alternatives étrangères, précise l'expert.
Les officiels auraient un faible pour les berlines haut de gamme. Mais celles-ci ne sont pratiquement plus fabriquées en Russie, selon l'analyste. Pour les smartphones également, la Russie est confrontée à un dilemme: soit elle continue à utiliser les systèmes d'exploitation occidentaux IOS ou Android, soit elle installe un nouveau système chinois.
L'utilisation de limousines et d'Iphones ne semble pas indiquer une révolte contre les souhaits de Poutine. Même si, comme l'a dit le chancelier allemand Olaf Scholz, il n'est «plus aussi solidement en selle qu'avant», depuis la révolte d'Evgueni Prigojine. Les élites restent toutefois prudentes. Selon Oleg Ignatov, elles ne tarderont pas se soumettre aux ordres du maître du Kremlin.
Une solution pourrait être la production nationale de modèles en provenance de Chine ou d'Iran. Actuellement, la marque russe Lada est en tête du marché automobile, rapporte Reuters. Mais les constructeurs chinois Haval, Chery et Geely occupent les places suivantes. Parmi les autres constructeurs russes, on trouve le producteur de SUV Sollers et la marque de luxe Aurus.