Dimanche, lors d'une opération inédite et longuement préparée, l'Ukraine a lancé une vaste attaque de drones sur le sol russe. Sa cible: les bombardiers que Moscou utilise pour frapper son territoire. Les engins ukrainiens se sont abattus sur plusieurs aérodromes, parfois situés à des milliers de kilomètres de la frontière.
L'attaque a pris tout le monde de court et a été qualifiée de camouflet pour Vladimir Poutine. Elle a, surtout, porté un coup potentiellement très dur à la flotte de bombardiers russe. En effet, Kiev a déclaré avoir frappé 44 avions et en avoir détruit 12. De son côté, Moscou a affirmé que «plusieurs appareils avaient pris feu».
Trois jours après les faits, il est possible de vérifier ces déclarations, du moins partiellement. Plusieurs spécialistes et adeptes de renseignement de source ouverte (OSINT) se sont rués sur les images satellites et les images radar des aérodromes touchés, comparant les prises de vue datant d'avant et d'après l'attaque.
Une analyse de ce type, réalisée par le Washington Post, arrive à la conclusion que l'opération ukrainienne a permis d'endommager «au moins 13 avions». Des débris ont été identifiés sur deux des bases aériennes visées, celles de Belaïa et dOlenia. En revanche, les images disponibles des aérodromes de Diaguilevo et d'Ivanovo ne montrent aucun dommage significatif.
Huit avions ont été frappés à Belaïa, alors que cinq ont été endommagés à Olenia, détaille le Washington Post. Ses observations convergent partiellement avec l'analyse d'OSINTtechnical, qui fait figure de référence en la matière depuis le début de la guerre. Ce dernier a estimé que sept appareils ont été détruits à Belaïa et trois à Olenia.
Parmi les 13 avions endommagés identifiés par le Washington Post, on compte «au moins» huit bombardiers de type Tu-95. Ce vétuste aéronef, capable de transporter des têtes nucléaires, a souvent été utilisé pour frapper l'Ukraine.
Selon plusieurs sources, la Russie disposait d'une cinquantaine de Tu-95 au début de la guerre. Cela signifie que l'attaque ukrainienne a mis hors de combat 15% de la flotte. Un pourcentage d'autant plus important que ces avions, datant de l'ère soviétique, ne sont plus en production depuis de décennies et ne peuvent pas être remplacés, rappelle le quotidien américain.
Les drones ukrainiens auraient également atteint trois bombardiers de type Tu-22, un modèle plus récent également utilisé pour tirer des missiles contre l'Ukraine. Les forces russes ont commencé la guerre avec environ 60 exemplaires en service, bien que plusieurs incidents aient eu lieu depuis, rappelle The War Zone.
Et le média spécialisé de souligner que, indépendamment du type de bombardier mentionné, seule une partie de la flotte est actuellement opérationnelle. Les autres avions font l'objet d'opérations de maintenance de routine ou de mises à niveau plus approfondies. Il s'agit donc d'une perte «très importante». (asi)