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Les attaques contre le carburant russe portent leurs fruits

Une raffinerie en feu près de Briansk.
Une raffinerie en feu près de Briansk.Keystone

Les frappes contre le carburant russe commencent à porter leurs fruits

Les nouvelles attaques ukrainiennes contre l’industrie pétrolière mettent Moscou en difficulté. Et Kiev ne compte pas en rester là.
03.04.2024, 05:5003.04.2024, 08:27
Thomas Wanhoff / t-online
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Ce mardi, une attaque de drones a visé des usines situées au Tatarstan, à plus de 1100 kilomètres de la frontière avec l'Ukraine. L'une des villes frappées, Nijnekamsk, abrite une importante raffinerie de pétrole. Ce n'est pas un hasard: les attaques ukrainiennes contre les installations pétrolières russes se multiplient ces derniers mois.

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L'objectif de Kiev est clair: compliquer l’approvisionnement en carburant des troupes russes et affaiblir l’économie de l'ennemi. Les dépôts pétroliers et les raffineries sont actuellement l'une de ses principales cibles. «Nous mettons systématiquement en œuvre une stratégie bien rodée qui vise à réduire le potentiel économique de la Fédération de Russie», a déclaré mercredi une source des services secrets ukrainiens SBU au portail d'information Ukrainska Pravda. Et d'ajouter:

«Notre travail consiste à priver l'ennemi de ressources»

L'approvisionnement et la production de carburant sont des éléments clés pour la Russie. Ils sont importants pour la guerre, mais aussi parce qu'ils génèrent des revenus.

Des blogueurs militaires russes ont partagé des vidéos de drones ukrainiens. On y voit ces engins frapper des infrastructures centrales d'une raffinerie de Novokouïbychevsk avec une précision époustouflante. De quoi perturber la production du site. Après avoir visé les infrastructures de stockages, il semblerait que Kiev se concentre désormais sur la production de carburant.

Cela aurait même suscité des critiques de la part des Etats-Unis. Washington redouterait une hausse mondiale des cours du brut, explique le Financial Times. Pas de quoi décourager le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a néanmoins confirmé les craintes de la Maison-Blanche. Les raffineries sont des cibles légitimes, a-t-il déclaré au Washington Post.

Le terminal de gaz d'Oust-Luga, près de Saint-Pétersbourg, après une attaque de drones.
Le terminal de gaz d'Oust-Luga, près de Saint-Pétersbourg, après une attaque de drones.Keystone

«Nous avons utilisé nos drones. Personne ne peut nous dire que nous n'y sommes pas autorisés», a déclaré le dirigeant, soulignant que Washington n'a pas son mot à dire concernant l'utilisation par l'Ukraine d'armes de sa propre production.

75 kilos d'explosif

Rien que le 17 mars, les forces aériennes de Kiev ont ciblé douze installations, mais selon les informations russes, de nombreux drones ont pu être abattus.

Au coeur des équipements: un drone que l’Ukraine a elle-même développé. Nommé Liutyi, il a une portée de 1000 kilomètres et peut transporter environ 75 kilos d'explosifs. C'est ce que détaille le site militaire ukrainien Defense Express. Les Liutyi auraient attaqué une aciérie à Lipetsk et un complexe d'armement à Taganrog, ainsi que plusieurs raffineries.

Selon les calculs de Bloomberg, 12% des usines de transformation du pétrole ont été touchées. Repris par le magazine américain Newsdesk, Rosstat, le service national des statistiques, a annoncé une baisse de la production nationale d'essence pour la semaine du 24 mars par rapport à la semaine précédente. De 815 300 tonnes, elle a chuté d'environ 7,4%, à 754 600 tonnes. Désormais, la Russie doit même se fournir en Corée du Nord.

Huit raffineries touchées

Depuis la mi-mars, l’Ukraine a attaqué au moins huit raffineries de pétrole. Selon des sources internes, plus d'un cinquième du brut traité en Russie est passé l'année dernière par l'un des sites concernés. Côté russe, on affirme que certaines attaques ont été repoussées et qu'en cas d'interruption des opérations cela n'a duré que très peu de temps. Mais selon les calculs de Reuters, les dommages causés par des drones paralysent environ 14% de la capacité de raffinage.

Moscou dépend de ses exportations et de son industrie énergétique, qui représentent environ 30% des recettes budgétaires du pays et sont essentielles au financement de la guerre. Selon Statista, la Russie est le troisième producteur mondial de pétrole, avec plus de 12% du total. Les attaques ukrainiennes, mais aussi les sanctions occidentales, posent donc problème. Début mars, il a fallu suspendre les exportations de fioul pendant six mois afin de stabiliser les prix dans le pays.

Les attaques ukrainiennes contre des installations énergétiques russes ont commencé en janvier avec l'incendie d'un terminal gazier près de Saint-Pétersbourg. Plus récemment, une usine de Samara a dû arrêter ses activités, selon Reuters. D'après Newsweek, le chef des services secrets du SBU, Vasyl Malyuk, a revendiqué les attaques cette semaine.

La Russie a reconnu le Liutyi représente un danger. Le ministère de la Défense a annoncé à plusieurs reprises avoir abattu des drones ennemis. Dans le même temps, Poutine ne réplique pas différemment: ses dernières attaques visent les infrastructures énergétiques ukrainiennes. Dans certaines régions touchées, l’électricité a dû être rationnée ou parfois même complètement coupée pendant le week-end de Pâques.

L'Ukraine a été particulièrement touchée par un bombardement contre une installation sur le Dniepr, où se trouve la plus grande centrale hydroélectrique du pays.

«S'il n'y a pas de défense aérienne pour protéger notre réseau et que la Russie l'attaque, je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas riposter. Si la Russie cesse, nous cesserons», a assuré Volodymyr Zelensky .

(Adaptation française: Valentine Zenker)

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