Le nombre de foyers de grippe aviaire chez les mammifères a plus que doublé dans le monde l'an dernier. Cela augmente le risque d'une propagation du virus chez l'humain, a averti vendredi une agence internationale.
La grippe aviaire s'est répandue dans le monde comme jamais auparavant ces dernières années, avec pour conséquences l'abattage massif de volailles, la flambée du prix des œufs et la mort de plusieurs personnes ayant été au contact d'oiseaux infectés.
Si le risque global de transmission à l'être humain demeure faible, la récurrence des épidémies de grippe aviaire chez les mammifères, tel que les bovins, les chiens et les chats augmentent la possibilité de voir le virus s'adapter et se transmettre entre humains, indique l'Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) dans un nouveau rapport.
Or, le nombre de foyers chez les mammifères a grimpé pour atteindre 1 022 dans 55 pays l'année dernière, contre 459 en 2023, selon l'agence basée à Paris, qui surveille les maladies animales dans le monde entier.
Les experts de la santé ont tiré la sonnette d'alarme quant à la menace de pandémie que représente la grippe aviaire, qui a déjà démontré sa capacité à muter en se propageant notamment parmi les élevages de vaches laitières aux Etats-Unis.
Ce rapport est publié au moment où les budgets des agences sanitaires et scientifiques américaines subissent des coupes importantes de la part de l'administration Trump, qui a notamment décidé de mettre fin à un programme d'épidémiologie connu sous le nom de «Détectives des maladies» au début de l'année. Le rapport de l'OMSA alerte que la grippe aviaire est:
Selon le premier rapport annuel de l'Agence sur l'état de la santé animale dans le monde, plus de 630 millions d'oiseaux d'élevage sont morts de la grippe aviaire ou ont été abattus ces vingt dernières années. Les oiseaux sauvages ont également subi des pertes massives, dont l'ampleur est difficile à estimer.
Le rapport souligne le rôle que peut jouer la vaccination pour enrayer les épidémies chez les oiseaux, ce qui diminue le risque pour les mammifères et les humains. Il cite l'exemple de la France, qui a commencé à vacciner les canards contre la grippe aviaire en 2023.
Selon une modélisation de l'école vétérinaire de Toulouse, il aurait pu y avoir jusqu'à 700 foyers d'épidémie en France cette année-là, mais il n'y en a eu que 10, indique le rapport.
Pour Soubeyran, cette stratégie est gagnante sur deux tableaux: elle réduit l'exposition des humains tout en permettant d'exporter davantage de volailles. Elle souligne toutefois que les vaccins ne sont pas une «baguette magique» et ne sont pas adaptés à toutes les situations.
La biosécurité, la surveillance, la transparence accrue et la collaboration mondiale sont également des outils importants pour lutter contre la menace de la grippe aviaire, a ajouté Soubeyran, appelant à davantage d'investissements dans ces domaines.
Le mois dernier, le Mexique a signalé son premier décès dû à la grippe aviaire, celui d'une fillette de trois ans. De leur côté, les Etats-Unis ont enregistré leur premier décès en janvier, tandis que la grippe aviaire fait deux morts au Cambodge en janvier et en février.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 50% des cas d'infection par la grippe aviaire se sont révélés mortels. Le rapport de l'OMSA met également en garde, de manière plus générale, contre le danger croissant de voir des maladies animales se transmettre à l'homme, le changement climatique poussant les espèces à s'établir dans de nouvelles zones.
Près de 70% des maladies émergentes notifiées à l'agence au cours des 20 dernières années ont été considérées comme susceptibles de constituer une menace pour la santé humaine. Autre danger: la résistance croissante de certaines maladies aux antibiotiques, qui constitue, selon le rapport:
(sda/ats/afp)