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Ménopause: la masturbation aurait un effet positif

Près d'une femme sur cinq interrogée dans l'étude américaine n'avait jamais pratiqué la masturbation.
Près d'une femme sur cinq interrogée dans l'étude américaine n'avait jamais pratiqué la masturbation.Image: watson / dr

Une étude dévoile un effet positif de la masturbation chez les femmes

Une étude récente relayée dans le monde entier suggère que la masturbation pourrait atténuer certains symptômes désagréables chez les femmes en périménopause ou ménopause.
10.12.2025, 20:5610.12.2025, 20:56
Jennifer Power / the conversation
Un article de The Conversation
The Conversation

Cette attention médiatique peut surprendre. C'est sans doute parce que la masturbation reste peu évoquée, surtout chez les femmes plus âgées, et apparaît ici comme une stratégie inédite - voire audacieuse - de soulagement. Mais cette pratique peut-elle réellement améliorer les troubles liés à la ménopause?

Selon une étude qui a suscité l'intérêt des médias dans le monde entier, une femme périménopausée et ménopausée sur dix se masturbe pour adoucir, ou soulager, les symptômes de la ménopause.

Cette attention s'explique sans doute par le fait que la masturbation est une méthode nouvelle, et peut-être un peu audacieuse, pour soulager les symptômes désagréables de la ménopause, tandis que les femmes, à partir d'un certain âge, sont souvent perçues comme asexuées.

La masturbation soulage-t-elle vraiment les effets indésirables, comme le suggère l'étude publiée dans la revue scientifique américaine Menopause? Examinons la solidité des preuves.

Les bienfaits de la masturbation pour la santé

L'étude, menée aux Etats-Unis par des chercheurs du Kinsey Institute de l'Université de l'Indiana – l'un des instituts de recherche les plus reconnus dans le domaine du sexe et des relations -, a été financée par la société de sex-toys Womanizer.

Les chercheurs ont interrogé un échantillon représentatif de 1178 femmes âgées de 40 à 65 ans, en périménopause et ménopause. Celles ayant constaté des changements dans leurs règles tout en ayant eu au moins une menstruation durant l'année précédente ont été classées comme périménopausées, tandis que celles n'ayant plus eu de règles depuis un an ou plus ont été classées comme ménopausées.

Environ quatre femmes sur cinq ont déjà pratiqué la masturbation. Parmi elles, environ 20% ont déclaré qu'elle soulageait leurs symptômes dans une certaine mesure. Chez les femmes en périménopause, les symptômes les plus atténués concernaient les troubles du sommeil et l'irritabilité. Chez un petit nombre de femmes ménopausées, la masturbation semblait surtout aider à réduire les inconforts sexuels, les ballonnements et les mictions douloureuses.

Ces résultats rejoignent ceux d'études antérieures montrant que la masturbation jusqu'à l'orgasme peut aider à réduire l'anxiété et la détresse psychologique, améliorer le sommeil et réduire les inconforts sexuels. Toutefois, les recherches portant sur les bienfaits de la masturbation - sur la santé, la vie sociale, les relations ou le soulagement des symptômes de la ménopause - restent rares.

Nous ne savons donc pas précisément par quels mécanismes la masturbation pourrait améliorer ces symptômes. Les chercheurs avancent néanmoins que les effets relaxants de l'orgasme et la libération d'endorphines peuvent améliorer l'humeur, favoriser le sommeil et réduire les irritations et les douleurs lors des rapports sexuels.

L'afflux sanguin induit par la masturbation au niveau de la zone génitale serait en effet de nature à améliorer les symptômes, à redonner de l'élasticité aux tissus et à réduire la sécheresse vaginale.

Un petit nombre de femmes ont toutefois indiqué que la masturbation avait aggravé leurs symptômes, sans que les raisons ne soient claires.

La masturbation reste stigmatisée

La masturbation n'est généralement plus considérée comme un péché ou un acte dangereux. Mais elle demeure stigmatisée. Les femmes, en particulier, l'associent souvent à quelque chose de honteux et ont tendance à en parler peu. La stigmatisation et l'invisibilité qui l'entourent expliquent qu'elle soit rarement étudiée dans des recherches cliniques.

Il en découle un manque de preuves concernant son efficacité pour soulager les symptômes de la ménopause, surtout en comparaison avec d'autres interventions non médicales, telles que l'activité physique ou la réduction du stress.

L'étude états-unienne montre d'ailleurs que les femmes s'appuient beaucoup plus volontiers sur des stratégies validées scientifiquement - activité physique, alimentation, gestion du stress, que sur la masturbation, même si beaucoup n'avaient probablement jamais envisagé cette dernière comme une option.

La masturbation ne convient pas à tout le monde

La masturbation est gratuite, relativement simple et, pour la plupart des femmes, agréable. Il n'y a donc aucune raison de ne pas la promouvoir comme une stratégie accessible pouvant soulager les symptômes chez certaines femmes. Mais la réalité est plus complexe: certaines rencontrent des obstacles.

Toutes les femmes ne se masturbent pas et ne trouvent pas forcément la pratique plaisante. Près d'une femme sur cinq interrogée dans l'étude américaine n'avait jamais pratiqué la masturbation. Ce chiffre, plus élevé chez les femmes plus âgées et ménopausées, reflète peut-être un changement générationnel dans les attitudes. Certaines participantes évoquaient des réticences morales ou religieuses.

D'autres études ont également montré qu'un nombre significatif de femmes ne se masturbent pas. Il peut y avoir de nombreuses raisons à cela, allant du manque de désir à un manque d'intimité ou de «temps pour soi». Les femmes plus âgées peuvent rencontrer des obstacles physiques complexes: baisse de libido, mobilité réduite, douleur, etc.

Le silence et la stigmatisation entourant la masturbation rendent également difficile pour les professionnels de santé d'aborder ce sujet. L'étude américaine révèle ainsi que presque toutes les participantes n'avaient jamais parlé de masturbation avec un médecin.

Pourtant, beaucoup se sont montrées ouvertes à l'idée: environ 56% des femmes en périménopause seraient prêtes à inclure la masturbation à leur routine bien-être si le médecin le leur conseillait.

La masturbation comme nouvelle stratégie

Même s'il n'existe aucune garantie que la masturbation soulagera les symptômes de la ménopause chez toutes les femmes, la proposer comme piste ne présente pas de risque: il s'agit de la pratique sexuelle la plus sûre qui soit.

Nous parlons peu de la masturbation, surtout chez les femmes d'un certain âge. En montrant que la majorité d'entre elles s'y adonnent et que cela peut offrir des effets bénéfiques sur la santé, cette étude représente une contribution. Importante et novatrice.

Cet article a été publié initialement sur The Conversation. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original

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