Près de 200 pisteurs étaient en grève le 27 décembre dernier, un phénomène assez rare pour être souligné dans une branche où les travailleurs restent habituellement à leur place.
Les conditions de travail étant plutôt acceptables, le grand air et la neige pour mettre du baume au coeur, les débordements et la colère restent silencieux.
Si les retours des stations de Crans-Montana (VS) et d'Andermatt-Sedrun (UR) sont excellents, les personnes rencontrées louant la qualité des pistes du domaine, aux Etats-Unis, c'est une période de turbulences pour la société Vail Resorts. Dans un article paru dans The Atlantic, une ancienne employée explique que «même si les conditions de piste étaient excellentes, les conditions de travail étaient mauvaises».
Si les souvenirs de l'auteure du papier remontent à l'hiver 2016, en 2025, l'ambiance semble s'être dégradée dans la station huppée de Park City, située dans l'Utah. Les patrouilleurs ont stoppé net leur activité pour exiger des salaires plus élevés et un meilleur traitement.
Il y a quatre jours, les grévistes ont eu gain de cause. Une augmentation de quatre dollars de l'heure du salaire moyen des patrouilleurs a été entérinée, ainsi qu'une meilleure politique de congés.
Mais derrière ce ras-le-bol, il y a une phrase qui ressort de l'article de The Atlantic:
Vail Resorts est un mastodonte, qui étend ses activités des restaurants aux écoles de ski en passant par les magasins. Le numéro un de l'industrie du ski s'implémente partout dans l'écosystème du domaine pour imposer son image. Les grévistes ont, par exemple, demandé aux clients de faire corps avec eux, en ne dépensant plus le moindre kopeck, dans un post Instagram: «N’utilisez pas les magasins de location ou de vente au détail appartenant à Vail. Ne séjournez pas dans les hôtels appartenant à Vail.»
Puis il y a les forfaits qui sont affreusement chers.The Atlantic expose l'augmentation des tarifs de la station de Park City: il y a 25 ans, vous pouviez obtenir un forfait de trois jours pour 308 dollars. Aujourd'hui, vous en payez 850.
Selon une étude de l’Université de l’Utah, réalisée en 2023, seulement 12% de la main-d’œuvre des saisonniers vivent à Park City. Cette crise du logement est l’un des principaux facteurs déclencheurs de la grève, sachant qu'à Park City, le loyer mensuel médian est de 3 500 dollars.
En février 2024, Laurent Vanatt, spécialiste du tourisme hivernal, nous confiait qu'en Australie, «les exploitants de station n'appréciaient pas forcément les manières de Vail Resorts».
Le groupe américain a racheté trois des plus importants domaines pour avoir une certaine place dans le pays, sur la vingtaine de domaines en Australie. Notre expert usait même du qualificatif de «requin de la finance», qui se traduit par la Shareolder (ou Stockholder) value de Vail Resorts. La société est cotée en Bourse.
«L'offre aux skieurs est régie par la logique malheureuse des montagnes et des monopoles», clame The Atlantic. Et Vail Resorts en profite de cette absence de concurrence pour pouvoir imposer sa politique à ses multiples collaborateurs et collaboratrices. (svp)