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Stations de ski: Le Valais inquiet de l'arrivée de Vail Resorts

Les stations valaisannes sentent le géant Vail Resorts rôder pour racheter les domaines skiables.
Téléverbier va-t-il être racheté par Vail Resorts? La rumeur enfle dans le Val de Bagnes.Image: watson

L'ombre de Vail Resorts inquiète les stations de ski en Suisse

La rumeur d'un rachat de Téléverbier du mastodonte américain inquiète dans le Val de Bagnes. Après Crans-Montana et Andermatt, Vail Resorts se montre pressant pour investir en Suisse. Un signal d'alarme?
15.02.2024, 18:4822.02.2024, 10:12
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Un courrier tourne depuis le 20 janvier à Verbier, rapporte Le Matin Dimanche, et pousse les habitants de la station à se gratter l'arrière du crâne, redoutant une vente prochaine de Téléverbier. Simple rumeur ou réalité?

Il n'y a jamais de fumée sans feu et le courrier crée des remous dans la station bagnarde. Le contenu de la lettre fait état d'un possible rachat de Téléverbier «à très court terme». La missive s'emploie également à demander une participation des résidents pour contrer un éventuel rachat à hauteur de 150 millions de francs.

Interrogé par nos confrères, Christian Burrus, propriétaire de Téléverbier, assure qu'il n'y avait «aucune discussion avec Vail Resorts pour vendre ses parts».

Quelle est la stratégie de Vail Resorts?

La holding américaine continue à empiler les achats, comme en atteste sa récente acquisition du domaine de Crans-Montana pour 118,5 millions. Le groupe américain a englouti 84% des parts de la société des remontées mécaniques de Crans-Montana Aminona SA. Mais pas seulement, puisque Vail Resorts a déjà fait main basse sur Andermatt-Sedrun, la première pierre à l'édifice du géant américain.

Laurent Vanat, spécialiste du tourisme hivernal, explique que Téléverbier est une cible idéale pour Vail Resorts. La première crainte, selon l'expert, «c'est l'instauration de prix de carte journalière qui tendent à l'extorsion».

Cette stratégie à l'américaine consiste à verrouiller les skieurs avec un abonnement saisonnier vendu à un prix raisonnable, tout en affichant des prix exorbitants pour un forfait journalier – le coût d'une journée de ski à Vail varie entre 264 et 284 dollars et le forfait saison s'élève à 949 dollars.

Une entreprise toujours plus grosse

Laurent Vanat explique que Vail Resorts va poursuivre son expansion et pointe l'empreinte du géant du Colorado en Australie, le premier pays où la société s'est implantée à l'étranger. «C'est un marché beaucoup plus petit, avec une vingtaine de stations, mais ils en ont racheté trois des plus importantes pour avoir une certaine place dans le pays».

L'Australie se pose en premier baromètre des opérations américaines. Et Laurent Vanat a pu entendre «certains échos» concernant l'arrivée de l'entreprise du Colorado.

«L'an dernier, j'ai pu me rendre en Australie et les exploitants de station n'apprécient pas forcément les manières de Vail Resorts. Ils ont un peu empoissonné le marché du ski»
Laurent Vanat

Le consultant en stations de ski poursuit: «Vail Resorts injecte un certain professionnalisme, mais apporte également un côté requin de la finance qui prime sur la satisfaction de la clientèle».

Cette course au rachat est motivée par la mise en place de leur abonnement Epic Pass (donnant accès à toutes les stations du groupe et au prix de 1025 dollars), amenant un maximum de skieurs sur leurs domaines. Une méthode que Suisse Tourisme, par l'intermédiaire de sa porte-parole Véronique Kanel, voit d'un bon oeil, rappelant que la mission de son organisation est de «valoriser l’offre existante et d’inciter de nouveaux hôtes à venir» en Suisse.

«Dans cette optique, l’arrivée de Vail Resorts en Suisse peut avoir un effet positif, grâce à leur proposition phare qu’est l’Epic Pass.»
Véronique Kanel, porte-parole de Suisse Tourisme

Mais cette offre, selon Véronique Kanel, ne dopera pas la fréquentation, qui restera «très modeste par rapport à la clientèle habituelle des domaines skiables».

Vail Resorts fonctionne aussi de manière à avoir une emprise large et étend ses activités des restaurants aux écoles de ski en passant par les magasins. Le numéro un de l'industrie du ski s'implémente partout dans l'écosystème du domaine.

Des stations qui ne sont plus rentables?

A Verbier, l'âme de la station est en jeu et s'en emparer ne sera pas chose aisée. «A Verbier, il y a une série d'actionnaires, des locaux, et une partie en Bourse. Vail Resorts ne peut pas acheter le capital comme ça», clarifie Laurent Vanat.

Cette arrivée de plus en plus pressante du géant américain reflète-t-il un manque de rentabilité pour le stations? Selon l'expert, «les grosses stations telles que Verbier ou Zermatt sont rentables, ils ont un équilibre très bien fondé. Ce n'est par exemple pas le cas d'une station comme Crans-Montana, avec les problèmes de gestion qu'on connaît».

Villars-Gryon-Les Diablerets ou Les Portes du Soleil dans le viseur?

Pour la plupart des stations, petites et moyennes, le business du ski n'est pas très rentable. Et cette saison ne devrait pas rassurer, en considérant le cruel manque de neige dans les stations de moyenne altitude.

Des domaines tels que Villars-Gryon-Les Diablerets ou Les Portes du Soleil verront-ils l'ogre américain toquer à leur porte? «Villars-Gryon-Les Diablerets pourrait intégrer la shopping list de Vail Resorts». Laurent Vanat dresse le même constat pour une station comme Les Portes du Soleil, «mais c'est purement spéculatif», souligne-t-il.

Contacté, Enrique Caballero, président du Conseil d'administration de Portes du Soleil Suisse SA, assure que le groupe américain n'a jamais contacté la société qui gère le versant suisse du domaine skiable.

Cette arrivée en force du géant américain va avant tout cibler les gros poissons qui sont possibles à ferrer, appuie Laurent Vanat, soulignant qu'«ils ne vont pas s'arrêter à deux stations».

Ça bouchonne sur les pistes autrichiennes
Video: watson
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